Libye : un massacre épouvantable. Les religieux ne quitteront pas le pays.
Le régime libyen poursuit sa répression impitoyable alors que l’ONU ne parvient pas
à s’entendre sur une résolution. L’Osservatore romano déplore, en première page, ce
jeudi, l’inertie de la communauté internationale qui s'en tient à des appels de principe.
Si les nouvelles qui nous parviennent de Libye sont confirmées, relève le quotidien
du Vatican, nous sommes face à un massacre épouvantable. L’Osservatore se dit par
ailleurs préoccupé par les risques d’infiltration de terroristes d’Al Qaeda au Maghreb
islamique dans les rangs de la révolution libyenne Pendant ce temps, les religieuses
catholiques présentes en Libye ont décidé de ne pas partir. Elles sont déterminées
à rester pour aider la population. Le Nonce apostolique pour Malte et la Libye, Mgr
Tommaso Caputo a indiqué que les seize communautés religieuses des deux Vicariats
apostoliques de Tripoli et de Benghazi, restaient entièrement au service de la population
et des fidèles. Ces communautés sont essentiellement composées de religieuses provenant
de divers pays. Elles travaillent surtout dans le secteur médical et ont donc intensifié
leurs activités ces jours-ci. De la même façon, les deux évêques et les prêtres entendent
continuer leur mission. Malgré la gravité de la situation – a indiqué Mgr Caputo –
ils s’efforcent d’encourager la communauté catholique et la population tout entière.
Leur présence et leur service sont appréciés. Le Nonce apostolique a fait état de
gestes de solidarité et de protection venant de la population en faveur des religieux
chrétiens présents dans le pays. Mgr Martinelli, Vicaire apostolique de Tripoli,
a lui aussi indiqué que, jusqu’ici, la communauté catholique n’avait pas été inquiétée.
Les églises de Tripoli et Benghazi n’ont fait l’objet d’aucune attaque. Les religieuses
soignent les blessés dans les hôpitaux, notamment à Benghazi et Tobrouk. A Tripoli,
les sœurs de Mère Teresa sont actives dans des centres sociaux. Les églises constituent
des points de repères pour les immigrés, surtout ceux qui proviennent d’Érythrée et
d’Afrique sub-saharienne. Mgr Martinelli lance un appel à la communauté internationale
pour que cesse ce bain de sang.
Les personnes ayant réussi à fuir le pays
évoquent des massacres. A Tripoli, les hommes de Kadhafi tirent dans tous les sens,
arrêtent, braquent, violent, selon des tunisiens à peine rentrés dans leur pays. Une
violence dont nous parle Souhayr Belhassen, présidente de la Fédération internationale
des Ligues de Droit de l’Homme. Des propos recueillis
par Bernard Decottignies.
Selon l'agence Reuters, les forces fidèles au numéro
un Mouammar Kadhafi ont lancé une contre-offensive jeudi dans l'ouest de la Libye,
où plusieurs villes, comme Misrata, échappent semble-t-il désormais au contrôle du
régime. Emboîtant le pas aux Etats-Unis, les autorités françaises ont haussé le ton
jeudi contre le régime libyen pour réclamer l'envoi d'une mission des Nations unies
afin d'y enquêter sur d'éventuels crimes contre l'humanité.