LA LIBERTE RELIGIEUSE ET LA COOPERATION ENTRE LES RELIGIONS
Les religions doivent faire partie des solutions et non pas des problèmes », telle
a été une affirmation du Prince Ghazi Bin Mohammad de la Jordanie, lors de la présentation,
en octobre dernier, de la décision de l’Assemblée générale de l’ONU de proclamer chaque
première semaine du mois de février, LA « SEMAINE MONDIALE DE L’HARMONIE INTERCONFESSIONELLE
», dont la première édition s’est tenue cette année du 1er au 7 de ce mois
de février.
Dans son message de circonstance, le secrétaire général de l’ONU
Ban Ki Moon affirme : « La première Semaine mondiale de l’harmonie interconfessionnelle
donne l’occasion d’axer l’attention du monde entier sur les efforts déployés par les
dirigeants religieux, les mouvements interconfessionnels et des particuliers à travers
le monde pour promouvoir le respect mutuel et la compréhension entre les adeptes de
différentes croyances et confessions »
A l’instar de l’ONU, toutes les grandes
traditions religieuses reconnaissent l’unité fondamentale de la famille humaine et
l’importance du dialogue entre ses différentes composantes dans le respect de la dignité
et de la diversité de chacun.
Pour les chrétiens, le dialogue se fonde plus
spécifiquement sur la révélation du Dieu un et trine. Dieu est présent en toute personne
dès le premier instant de son existence, donc bien avant qu'elle n'appartienne à une
religion.
Ensuite, sur le témoignage de l’amour que Dieu a manifesté aux hommes,
en envoyant son fils unique, Jésus Christ, fidèle et solidaire à la cause de l’homme
jusqu’à la mort sur la Croix et à travers la force de sa résurrection. La passion
du Christ et sa résurrection sont des signes forts de l’Amour de Dieu pour l’humanité
toute entière et pour chaque être humain.
Le chrétien est également conscient
que dans l’eucharistie, Christ a confié à ses disciples non seulement le sacrement
de l’unité, mais aussi une exhortation à témoigner leur unité au monde et promouvoir
l’avènement d’un monde meilleur.
Ainsi, l’ouverture et l’acceptation des dons
spirituels venant d’autres chrétiens et des croyants d’autres religions stimulent
notre capacité de percevoir la lumière et la vérité venant de l’Esprit Saint.
Les
communautés religieuses sont donc appelées a reconnaître les valeurs qu’elles ont
en commun et à mobiliser ensemble leurs efforts dans un esprit de liberté, pour rendre
possibles le vivre ensemble et la paix
En ce sens, les groupes religieux deviennent
des partenaires fiables et efficaces pour faire face à des préoccupations communes
telles que la misère, les conflits armés et les violations des droits de l’homme.
L’Eglise qui est en Afrique, consciente de sa mission, est engagée dans la
recherche de l’unité et de la coopération entre croyants pour la paix et le développement.
Sa position peut se résumer par ces extraits du message final de la 2ème
assemblée spéciale pour l’Afrique du synode des Evêques qui affirme :
« Dans
la culture religieuse traditionnelle, nous, les africains, avons un sens profond du
Dieu Créateur. Ce sens de Dieu accompagne l'Africain dans sa conversion tant au Christianisme
qu'à l'Islam. Quand cette ferveur religieuse en vient à être mal orientée par les
fanatiques ou manipulée par les politiciens, des conflits surgissent et menacent d'engloutir
tout le monde. Toutefois, quand les religions reçoivent une orientation et un leadership
appropriés, elles constituent une grande force pour le bien, spécialement pour la
paix et la réconciliation. »
« La réconciliation, la justice et la paix constituent
en général la préoccupation des communautés entières quelles que soient les croyances.
En se basant sur les nombreuses valeurs qu'ils ont en commun, chrétiens et musulmans
peuvent œuvrer ensemble pour bâtir dans nos pays le règne de la paix et de la réconciliation.
Ceci s'est déjà produit à plusieurs reprises »
« La liberté de religion inclut
aussi la liberté de partager sa foi, de la proposer et non de l'imposer, d'accepter
et d'accueillir des convertis. Les nations qui, de par la loi, interdisent à leurs
citoyens d'embrasser la foi chrétienne les privent de leur droit humain fondamental
de choisir librement leur foi…... Ce Synode prévient qu'une telle restriction des
libertés empêche le dialogue sincère et contrarie une authentique collaboration…..
»
Face aux événements en cours en Afrique du Nord, le président de la Conférence
Episcopale Régionale du Nord de l’Afrique, CERNA (réunie ces jours ci en assemblée
plénière), l’archevêque de Rabat au Maroc, Mgr Vincent Landel, indique que, en Afrique
du Nord, les chrétiens restent prudents, tout en évoquant le « devoir de réserve »
des chrétiens en terre d'islam. Nous vous proposons un extrait de cette interview
réalisée par Romilda Ferrauto :