Au Népal, la communauté chrétienne menace de faire défiler ses morts La communauté
chrétienne du Népal a menacé vendredi de faire défiler ses morts devant le parlement
en réaction à une récente interdiction d'enterrer leurs membres près d'un temple hindou
à Katmandou. Jusqu'à présent, les chrétiens de la capitale enterraient leurs morts
dans une forêt près du temple de Pahsupatinath, où des centaines de Népalais sont
brûlés rituellement chaque semaine sur les bords de la rivière sacrée Baghmati. Mais
les autorités du temple ont déclaré le mois dernier que les inhumations chrétiennes
n'étaient plus autorisées dans la forêt, au motif qu'il s'agissait d'une terre sacrée
hindoue. La communauté chrétienne dit ne plus avoir de lieu de sépulture dans la
capitale népalaise surpeuplée, ajoutant qu'elle est désormais obligée de recourir
à la crémation. "Nous demandons depuis deux ans au gouvernement de fournir un autre
lieu de sépulture aux chrétiens vivant à Katmandou, sans succès", a déclaré à l'AFP
le secrétaire général du comité des chrétiens, C.B. Gahatraj. "Nous avons une réunion
avec des représentants des principaux partis politiques dimanche. S'ils ne répondent
pas à notre demande, nous allons manifester devant l'assemblée constituante (le parlement)
avec des cadavres", a-t-il prévenu. Le nombre de chrétiens vivant au Népal, un
pays à majorité hindoue, n'est pas connu précisément. Selon une étude datant de 2007,
on compte environ 500.O00 chrétiens et près de 3.000 églises. La première église
a été construite par des missionnaires de Darjeeling (nord de l'Inde) en 1952 et le
nombre de chrétiens a rapidement augmenté après l'ouverture du pays au monde extérieur. Autrefois
victimes de persécutions et parfois jetés en prison sous le règne du roi Mahendra
-- à partir de 1960 et pendant trois décennies --, les minorités religieuses au Népal
continuent d'être victimes de discriminations depuis l'abolition de la monarchie hindoue
en 2008, selon des militants des droits de l'Homme. Le Népal est aujourd'hui une
démocratie laïque. (AFP) Le 1er octobre, l'organisation chrétienne
«Open Doors», basée au Royaume-Uni, a signalé que le groupe armé népalais «Unified
National Liberation Front» avait proféré de violentes menaces à l'encontre des dirigeants
chrétiens, qui seraient mises à exécution si ceux-ci ne cédaient pas à leurs exigences
financières. Lok Mani Dhakal, le secrétaire général de la Nepal Christian Society
(NCS), a déclaré: «Les pasteurs qui ont reçu ces menaces d'extorsion ne veulent pas
se faire connaître par crainte de représailles». De plus, au moins 1 500 responsables
gouvernementaux de 27 circonscriptions ont démissionné après avoir reçu des menaces
du groupe. Il y a quatre ans, le parlement népalais proclamait la laïcité du pays.
Cependant, l'hostilité subsiste entre l'ethnie hindoue majoritaire et les chrétiens,
qui représentent à peine 0,45 % de la population du pays. L'«Unified National Liberation
Front» s'est formé après la chute, en 2006, du gouvernement de l'ex-roi du Népal,
soutenu par l'armée. (source Parlement européen) Dans tout le pays les chrétiens
sont attaqués physiquement et verbalement à cause de leur foi, or ils n’ont aucune
aide à attendre des autorités. En effet depuis le remplacement de la royauté par un
pouvoir civil, le climat politique est instable, différents groupes paramilitaires
en profitent pour s’imposer par la terreur.