Lettre circulaire de la Congrégation pour le Clergé
« L'identité missionnaire du prêtre dans l'Église, comme dimension intrinsèque
de l'exercice des tria munera »
Introduction
Ecclesia peregrinans
natura sua missionaria est. « Par nature l'Église, durant son pèlerinage sur terre,
est missionnaire, puisqu'elle-même tire son origine de la mission du Fils et de la
mission du Saint-Esprit, selon le dessein de Dieu le Père » .
Le Concile oecuménique Vatican II, sur la vague de la Tradition ininterrompue, est
on ne peut plus explicite pour affirmer le caractère missionnaire intrinsèque de l'Église.
L'Église n'existe pas d’elle-même et pour elle-même : elle tire son origine des missions
du Fils et de l'Esprit ; l'Église est appelée, par nature, à sortir d’elle-même dans
un mouvement vers le monde, pour être signe de l'Emmanuel, du Verbe qui s'est fait
chair, du Dieu-avec-Nous. Le caractère missionnaire, du point de vue théologique,
est inclus en chacune des notes de l'Église et est particulièrement représenté soit
par la catholicité soit par l'apostolicité. Comment s'acquitter fidèlement de la tâche
que constitue le fait d'être apôtres, témoins fidèles du Seigneur, annonciateurs de
la Parole et administrateurs humbles et certains de la grâce, si ce n’est à travers
la mission, comprise comme un véritable facteur constitutif de l'être Église ? La
mission de l'Église, en outre, est la mission qu'elle a reçue de Jésus-Christ avec
le don du Saint-Esprit. Elle est unique, et elle est confiée à tous les membres du
peuple de Dieu, rendus participants du sacerdoce du Christ au moyen des sacrements
de l'initiation, pour offrir à Dieu un sacrifice spirituel et témoigner du Christ
devant les hommes. Cette mission s'étend à tous les hommes, à toutes les cultures,
à tous les lieux et à tous les temps. À une unique mission correspond un unique sacerdoce
: celui du Christ, dont sont participants tous les membres du peuple de Dieu, même
si c’est selon une modalité différente et non seulement à un degré différent.
Dans cette mission, certainement, les prêtres, en tant qu’ils sont les plus précieux
collaborateurs des Évêques successeurs des Apôtres, détiennent un rôle central et
absolument irremplaçable, qui leur est confié par la providence de Dieu.
1.
Conscience ecclésiale de la nécessité d’un engagement missionnaire renouvelé
Le
caractère missionnaire intrinsèque de l'Église se fonde dynamiquement sur les missions
trinitaires elles-mêmes. L'Église est appelée, par nature, à annoncer la personne
de Jésus-Christ mort et ressuscité, à s'adresser à l'humanité entière, selon le mandat
reçu du Seigneur lui-même: « Allez dans le monde entier et proclamez l'Évangile à
toute créature » (Mc 16,15) ; « Comme le Père m'a envoyé, moi aussi je vous envoie
» (Jn 20,21). Dans la vocation même de saint Paul, il y a un envoi : « Va, parce que
je t'enverrai au loin, aux nations » (Ac 22,21). Pour réaliser cette mission, l'Église
reçoit le Saint-Esprit, envoyé par le Père et le Fils dans la Pentecôte. L'Esprit
descendu sur les Apôtres est l'Esprit de Jésus : il fait répéter les actes de Jésus,
il fait annoncer la parole de Jésus (cf. Ac 4,30), il fait redire la prière de Jésus
(cf. Ac 7,59s ; Lc 23,34.46), il fait perpétuer, dans la fraction du pain, l’action
de grâce et le sacrifice de Jésus et il conserve l'unité parmi les frères (cf. Ac
2,42 ; 4,32). Le Saint Esprit confirme et manifeste la communion des disciples comme
nouvelle création, comme communauté de salut eschatologique, et il envoie en mission
: « Vous serez mes témoins […] jusqu'aux extrémités de la terre » (Ac 1,8). Le Saint
Esprit pousse l'Église naissante à la mission dans le monde entier, en démontrant
de la sorte qu'il est répandu sur « chaque chair » (cf. Ac 2,17). Aujourd'hui,
face aux nouvelles circonstances de la présence et de l'activité de l'Église, dans
le panorama mondial, l'urgence missionnaire se représente, non seulement ad gentes,
mais au sein même du troupeau déjà constitué de l'Église. Au cours
des dernières décennies le magistère de Pierre a exprimé de façon autorisée, avec
des tons toujours plus forts et décidés, l'urgence d’un engagement missionnaire renouvelé.
Il suffit de penser à Evangelii nuntiandi de Paul VI ou à Redemptoris missio et Novo
millenio ineunte de Jean-Paul II , jusqu'aux nombreuses interventions de Benoît XVI
. La préoccupation du Pape Benoît XVI pour la mission Ad gentes n’est
pas moindre, comme le montre sa constante sollicitude. Encore aujourd'hui, il faut
souligner et encourager, toujours davantage, la présence de nombreux missionnaires
envoyés ad gentes. Évidemment ils ne suffisent pas. En outre, un phénomène nouveau
se profile : des missionnaires africains et asiatiques qui aident l'Église, par exemple,
en Europe. Il faut aussi se réjouir et remercier Dieu pour tant de nouveaux Mouvements
et Communautés ecclésiaux, y compris de laïcs, qui vivent la dimension missionnaire,
soit dans leur propre région – au milieu des catholiques qui, pour différents motifs,
ne vivent pas l'appartenance à la communauté ecclésiale – soit ad gentes.
2.
Aspects théologiques et spirituels du caractère missionnaire des prêtres
Nous ne pouvons pas considérer l'aspect missionnaire de la théologie et de la
spiritualité sacerdotale, sans expliciter la relation avec le mystère du Christ. Comme
on l’a déjà remarqué au n. 1, l'Église trouve son fondement dans les missions du Christ
et du Saint-Esprit : ainsi chaque « mission », et la dimension missionnaire de l'Église
elle-même, intrinsèque à sa nature, se fondent sur la participation à la mission divine.
Le Seigneur Jésus est, par antonomase, l'envoyé du Père. Avec une intensité plus ou
moins grande, tous les écrits du Nouveau Testament rendent ce témoignage.
Dans l'Évangile de Luc Jésus se présente lui-même comme celui qui, consacré par l'onction
de l'Esprit, a été envoyé pour annoncer aux pauvres la Bonne Nouvelle (cf. Lc 4,18
; Is 61,1-2). Dans les trois Évangiles synoptiques, Jésus s’identifie avec le fils
bien-aimé qui, dans la parabole des vignerons homicides, est finalement envoyé par
le maître de la vigne, après les serviteurs (cf. Mc 12,1-12 ; Mt 21,33-46 ; Lc 20,9-19)
; en d’autres lieux il parle de sa condition d'envoyé (cf. Mt 15,24). Même en Saint
Paul on retrouve l'idée de la mission du Christ de la part de Dieu le Père (cf. Ga
4,4 ; Rm 8,3). C’est pourtant surtout dans les textes johanniques
qu’apparaît le plus fréquemment la « mission » divine de Jésus. Être « l'envoyé du
Père » appartient certainement à l'identité de Jésus : Il est celui que le Père a
consacré et envoyé dans le monde, et ce fait est l’expression de son unique filiation
divine (cf. Jn 10,36-38). Jésus a mené à son terme l'Oeuvre salvifique, toujours comme
envoyé du Père et comme celui qui accomplit les oeuvres de celui qui l'a envoyé, en
obéissance à sa volonté. Ce n’est que dans l'accomplissement de cette volonté que
Jésus a exercé son ministère de prêtre, de prophète et de roi. En même temps, ce n’est
qu’en tant qu'envoyé du Père qu’il envoie, à son tour, les disciples. La mission,
dans tous ses divers aspects, se fonde dans la mission du Fils dans le monde et dans
la mission du Saint-Esprit. Jésus est l'envoyé qui, à son tour, envoie
(cf. Jn 17.18). Le « caractère missionnaire » est avant tout une dimension de la vie
et du ministère de Jésus, et par conséquent de l'Église et de chaque chrétien, selon
les exigences de la vocation personnelle. Nous voyons comment Jésus a exercé son
ministère salvifique pour le bien des hommes, dans ces trois dimensions intimement
reliées de l’enseignement, de la sanctification et du gouvernement ; ou, en d'autres
termes plus directement bibliques, en tant que prophète et révélateur du Père, en
tant que prêtre, Seigneur, roi et pasteur. Même si Jésus, dans sa proclamation
du Règne et dans sa fonction de révélateur du Père, s'est senti spécialement envoyé
au peuple d'Israël (cf. Mt 15,24 ; 10,5), divers épisodes de sa vie découvrent l'horizon
d'universalité de son message : Jésus n'exclut pas les gentils du salut, il loue la
foi de certains d’entre eux, par exemple celle du centurion, et annonce que les païens
arriveront des extrémités du monde pour s'asseoir à table avec les patriarches d'Israël
(cf. Mt 8,10-12 ; Lc 7,9) ; il dit également à la cananéenne : « Femme, grande est
ta foi ! Qu'il t’advienne selon ton désir » (Mt 15,28 ; cf. Mc 7,29). En continuité
avec sa propre mission, Jésus ressuscité envoie ses disciples prêcher l'Évangile à
toutes les nations, une mission universelle (cf. Jn 20,21-22 ; Mt 28,19-20 ; Mc 16,15
; Ac 1,8). La révélation chrétienne est destinée à tous les hommes, sans distinctions. La
révélation de Dieu le Père que porte Jésus se fonde sur son union unique avec le Père,
dans sa conscience filiale ; ce n’est qu’à partir de celle-ci qu’il peut exercer sa
fonction de révélateur (cf. Mt 11,12-27 ; Lc 10,21-22 ; Jn 1,18 ; 14,6-9 ; 17,3.4.6).
Faire connaître le Père, avec tout ce que cette connaissance implique, est le but
dernier de tout l'enseignement de Jésus. Sa mission de révélateur est tellement enracinée
dans le mystère de sa personne que, même dans la vie éternelle, sa révélation du Père
se poursuivra : « Je leur ai fait connaître ton nom et je le ferai connaître, pour
que l'amour dont tu m'as aimé soit en eux et moi en eux » (Jn 17,26 ; cf. 17,24).
Cette expérience de la paternité divine doit pousser les disciples à l'amour vers
tous, dans lequel consistera leur « perfection » (cf. Mt 5,45-48 ; Lc 6,35-36).
Le ministère sacerdotal de Jésus ne peut pas se comprendre en-dehors de la perspective
de l'universalité. Il est clair, à partir des textes du Nouveau Testament, que Jésus
a conscience de sa mission qui le porte à donner sa vie pour tous les hommes (cf.
Mc 10,45 ; Mt 20,28). Jésus, qui n'a pas péché, se met à la place des hommes pécheurs
et, pour eux, il s'offre au Père. Les paroles de l'institution de l'Eucharistie manifestent
la même conscience et la même attitude ; Jésus offre sa vie dans le sacrifice de la
Nouvelle Alliance en faveur des hommes : « Ceci est mon sang de l'alliance, versé
pour une multitude» (Mc 14,24 ; cf. Mt 26,28 ; Lc 22,20 ; 1 Co 11,24-25).
Le sacerdoce du Christ a été surtout approfondi dans la lettre aux Hébreux, où l’on
met en relief comment il est le prêtre éternel, qui possède un sacerdoce qui ne passe
pas (cf. He 7,24), il est le prêtre parfait (cf. He 7,28). Face à la multiplicité
de prêtres et de sacrifices anciens, le Christ s’est offert lui-même, une seule fois
et une fois pour toutes, par le sacrifice parfait (cf. He 7,27 ; 9,12.28; 10,10; 1
P 3,18). Cette unicité de sa personne et de son sacrifice confère aussi au sacerdoce
du Christ son caractère unique et universel ; toute sa personne et, concrètement,
le sacrifice rédempteur qui a une valeur pour l'éternité, portent le signe de ce qui
ne passe pas et est insurpassable. Le Christ, prêtre souverain et éternel, continue
encore, dans sa condition de glorifié, d’intercéder pour nous auprès du Père (cf.
Jn 14,16 ; Rm 8,32 ; He 7,25 ; 9,24 ; 10,12; 1Jn 2,1). Jésus, envoyé
du Père, apparaît aussi comme Seigneur dans le Nouveau Testament (cf. Ac 2,36). C’est
l'événement de la résurrection qui fait reconnaître aux chrétiens la seigneurie du
Christ. Dans les premières confessions de foi ce titre fondamental apparaît en lien
avec la résurrection (cf. Rm 10,9). La référence à Dieu le Père ne manque pas dans
beaucoup des textes qui nous parlent de Jésus comme Seigneur (cf. Ph 2,11). D'autre
part, Jésus, qui a annoncé le règne de Dieu, spécialement lié à sa personne, est roi,
comme lui-même l’indique dans l'Évangile de Jean (cf. Jn 18,33-37). Et à la fin des
temps « il remettra le règne à Dieu le Père, après avoir anéanti toute Principauté,
toute Puissance et toute Force » (1Co 15,24). Naturellement, la domination du Christ
a peu de rapport avec celle des grands de ce monde (cf. Lc 22,25-27 ; Mt 20,25-27
; Mc 10,42-45) parce que, comme il le dit lui-même, son royaume n'est pas de ce monde
(cf. Jn 18,36). C’est pourquoi la domination du Christ est celle du bon pasteur, qui
connaît toutes ses brebis, qui offre sa vie pour elles et qui veut les réunir toutes
en un seul troupeau (cf. Gn 10,14-16). Même la parabole de la brebis égarée parle,
indirectement, de Jésus bon pasteur (cf. Mt 18,12-14 ; Lc 15,4-7). Jésus est en outre
le « pasteur suprême » (1P 5,4). En Jésus se réalise, de façon éminente, ce que
la tradition de l'Ancien Testament avait dit de Dieu comme pasteur du peuple d'Israël
: « Je les ferai paître en d’excellents pâturages et leur pacage sera sur les plus
hautes montagnes d'Israël […]. Moi-même je ferai paître mes brebis et je les ferai
reposer. Oracle du Seigneur Dieu. J'irai à la recherche de la brebis perdue et je
ramènerai celle qui s’était égarée, je panserai celle qui est blessée et je fortifierai
celle qui est malade, je veillerai sur celle qui est grasse et bien portante; je les
paîtrai avec justice » (Ez 34,14-16). Et aussi plus loin : « Je susciterai pour eux
un pasteur qui les fera paître, mon serviteur David. Il les mènera à pâture, il sera
leur pasteur. Moi, le Seigneur, je serai leur Dieu… » (Ez 34,23-24 ; cf. Jr 23,1-4
; Za 11,15-17 ; Ps 23,1-6). Ce n’est qu’en partant du Christ que la
réflexion traditionnelle sur les tria munera - qui configurent le ministère sacré
des prêtres - prend son sens. Nous ne pouvons pas oublier que Jésus se considère présent
dans ses envoyés : « Qui accueille celui que j'enverrai, m'accueille ; qui m'accueille,
accueille celui qui m'a envoyé » (Jn 13,20 ; cf. aussi Mt 10,40 ; Lc 10,16). Il y
a une chaîne de « missions », qui tire son origine du mystère même de Dieu Un et Trine,
qui veut que tous les hommes soient participants de sa vie. L'enracinement trinitaire,
christologique et ecclésiologique du ministère des prêtres est le fondement de l'identité
missionnaire. La volonté salvifique universelle de Dieu, l'unicité et la nécessité
de la médiation du Christ (cf. 1Tm 2,4-7 ; 4,10) ne permettent pas de mettre des frontières
à l'oeuvre d'évangélisation et de sanctification de l'Église. Toute l'économie du
salut prend son origine dans le dessein du Père de tout récapituler dans le Christ
(cf. Ep 1,3-10) et dans la réalisation de ce dessein, qui aura son accomplissement
final lors de la venue du Seigneur dans la gloire. Le Concile Vatican
II se réfère clairement à l'exercice des tria munera du Christ, de la part des prêtres,
comme collaborateurs de l'ordre épiscopal : « Participants, à leur degré de ministère,
de l'office de l’unique médiateur qui est le Christ (cf. 1Tm 2,5), ils annoncent à
tous la parole de Dieu. Ils exercent leur ministère sacré surtout dans le culte eucharistique
ou synaxe, où, agissant dans la personne du Christ et proclamant son mystère, ils
unissent les prières des fidèles au sacrifice de leur chef, et ils rendent présent
et appliquent jusqu'à la venue du Seigneur (cf. 1Co 11,26), dans le sacrifice de la
messe, l'unique sacrifice du Nouveau Testament, celui du Christ, qui s’est offert
lui-même au Père une fois pour toutes en victime immaculée (cf. He 9.11-28) […]. En
exerçant, selon leur part d'autorité, l'office du Christ pasteur et chef, ils rassemblent
la famille de Dieu comme une fraternité qui n’a qu'une âme, et par le Christ dans
l'Esprit ils la portent vers le Père. Au milieu de leur troupeau ils l'adorent en
esprit et vérité (cf. Jn 4,24) ». En vertu du sacrement
de l'Ordre, qui confère un caractère spirituel indélébile, les prêtres sont consacrés,
c'est-à-dire enlevés « du monde » et livrés « au Dieu vivant », pris « comme sa propriété,
pour que, à partir de Lui, ils puissent accomplir le service sacerdotal pour le monde
», pour prêcher l'Evangile, être les pasteurs des fidèles et célébrer le culte divin,
en vrais prêtres du Nouveau Testament (cf. He 5,1). Le
Souverain Pontife Benoît XVI, dans l'allocution adressée aux participants à l'Assemblée
Plénière de la Congrégation pour le Clergé, a affirmé que « la dimension missionnaire
du prêtre naît de sa configuration sacramentelle au Christ-Tête: elle porte en elle-même,
comme une conséquence, une adhésion cordiale et totale à ce que la tradition ecclésiale
a caractérisé comme l’apostolica vivendi forma. Celle-ci consiste dans la participation
à une `vie nouvelle' comprise spirituellement, à ce `nouveau style de vie' qui a été
inauguré par le Seigneur Jésus et que les Apôtres ont fait leur. Par l'imposition
des mains de l'Évêque et la prière consécratoire de l'Église, les candidats deviennent
des hommes nouveaux, ils deviennent `presbytres’. Dans cette lumière il est clair
que les tria munera sont d'abord un don et seulement dans un second temps un office
; d'abord la participation à une vie, et par suite une potestas ».
Le décret Presbyterorum Ordinis, sur le ministère et la vie sacerdotale, illustre
cette vérité quand il s’adresse aux prêtres ministres de la parole de Dieu, ministres
de la sanctification par les sacrements et l'Eucharistie, et guides et éducateurs
du peuple de Dieu. L'identité missionnaire du prêtre, même si elle n'a pas été l’objet
explicite de grand développement, est clairement présente dans ces textes. On souligne
expressément le devoir d'annoncer à tous l'Évangile de Dieu en suivant le mandat du
Seigneur, avec une référence expresse aux incroyants et avec le rappel à la foi et
aux sacrements, au moyen de la proclamation du message évangélique. Le prêtre, « envoyé
», qui participe de la mission du Christ envoyé du Père, se trouve impliqué dans une
dynamique missionnaire, hors de laquelle il ne peut pas vivre vraiment son identité.
Dans l'Exhortation apostolique post-synodale Pastores dabo vobis également,
on affirme que, tout en étant inséré dans une Église particulière, le prêtre, en vertu
de son ordination, a reçu un don spirituel qui le prépare à une mission universelle,
jusqu'aux extrémités de la terre, parce que « n'importe quel ministère sacerdotal
participe de la même ampleur universelle de la mission confiée par le Christ aux Apôtres
» . Donc la vie spirituelle du prêtre doit se caractériser par l’élan
et le dynamisme missionnaire ; dans le sillage du Concile Vatican II on déclare que
les prêtres doivent former la communauté qui leur a été confiée, pour en faire une
communauté authentiquement missionnaire . La fonction de pasteur demande que l'élan
missionnaire soit vécu et communiqué, parce que toute l'Église est essentiellement
missionnaire. De cette dimension de l'Église dérive de façon décisive l'identité missionnaire
du prêtre. Lorsqu’on parle de mission il faut tenir compte, nécessairement,
du fait que l'envoyé, le prêtre en ce cas, est en relation tant avec celui qui l'envoie,
qu’avec ceux à qui il est envoyé. En examinant sa relation avec le Christ, le premier
envoyé du Père, il faut souligner combien, à s’en tenir aux textes du Nouveau Testament,
c’est le Christ lui-même qui envoie et constitue, au moyen du don du Saint-Esprit
répandu dans l'ordination sacramentelle, les ministres de son Église ; ils ne peuvent
pas être considérés simplement élus ou délégués de la communauté ou du peuple sacerdotal.
L'envoi vient du Christ ; les ministres de l'Église sont des instruments vivants du
Christ unique médiateur . « Le prêtre trouve la pleine vérité de son identité dans
l'être une dérivation, une participation particulière et une continuation du Christ
lui-même, prêtre souverain et éternel de la nouvelle Alliance ; il est une image vivante
et transparente du Christ prêtre ».
En prenant comme point de départ cette
référence christologique, la dimension missionnaire de la vie du prêtre émerge clairement
: Jésus est mort et ressuscité pour tous les hommes, il veut les réunir en un seul
troupeau, il devait mourir pour rassembler dans l’unité les enfants de Dieu dispersés
(cf. Jn 11,52). Si tous meurent en Adam, tous en lui reviennent à la vie (cf. 1Co
15,20-22), en lui Dieu se réconcilie le monde (cf. 2Co 5,19) ; il a ordonné aux apôtres
de prêcher l'Évangile à toutes les nations. Tout le Nouveau Testament est pénétré
de l'idée de l'universalité de l'action salvifique du Christ et de son unique médiation.
Le prêtre, configuré au Christ prophète, prêtre et roi, ne peut pas ne pas avoir le
coeur ouvert à tous les hommes et, concrètement, surtout à ceux qui ne connaissent
pas Jésus et qui n'ont pas encore reçu la lumière de sa Bonne Nouvelle.
Du côté des hommes à qui l'Église doit annoncer l'Évangile, et à qui, par conséquent,
le prêtre est envoyé, il faut mettre en évidence comment le Concile Vatican II, plusieurs
fois, a parlé de l'unité de la famille humaine, fondée sur la création de tous à l’image
et ressemblance de Dieu, et sur la communion de destin dans le Christ : « Tous les
peuples constituent une seule communauté. Ils ont une seule origine, puisque Dieu
a fait habiter l’ensemble du genre humain sur toute la face de la terre ; ils ont
aussi une seule fin dernière, Dieu, dont la providence, les témoignages de bonté et
le dessein de salut s'étendent à tous ». Cette unité est appelée à rejoindre
son sommet dans la récapitulation universelle dans le Christ (cf. Ep 1,10).
Toute l’action pastorale de l’Eglise est tendue vers cette récapitulation finale de
tout dans le Christ, en laquelle se trouve le salut des hommes. Tous les hommes étant
appelés à l'unité dans le Christ, personne ne peut être exclu de la sollicitude du
prêtre qui Lui est configuré. Tous attendent, même d’une façon involontaire (cf. Ac
17,23-28), le salut qui ne peut venir que de Lui : ce salut qui est l'insertion dans
le Mystère Trinitaire, dans la participation à sa filiation divine. On ne peut faire
de discriminations entre les hommes, qui ont une même origine et partagent le même
destin et l'unique vocation dans le Christ. Établir des limites à la « charité pastorale
» du prêtre serait totalement contradictoire à sa vocation, marquée par sa configuration
particulière au Christ, tête et pasteur de l'Eglise et de tous les hommes.
Les tria munera, exercés par les prêtres dans leur ministère, ne peuvent être conçus
en-dehors de leur relation essentielle à la personne du Christ et au don de l'Esprit.
C’est au Christ que le prêtre est configuré au moyen du don de l'Esprit reçu dans
l'ordination. De même que les tria munera, chez le Christ, se présentent comme essentiellement
imbriqués, ne pouvant aucunement être séparés les uns des autres et recevant tous
les trois leur lumière de l'identité filiale de Jésus, l'envoyé du Père, de même chez
les prêtres nous ne pouvons davantage séparer l'exercice de ces trois fonctions .
Le prêtre est en relation à la personne du Christ, et pas seulement
à ses fonctions ; celles-ci prennent leur source et reçoivent leur plénitude de sens
de la personne même du Seigneur. Cela signifie que le prêtre trouve la spécificité
de sa vie et de sa vocation en vivant sa configuration personnelle au Christ ; il
est toujours un alter christus. Dans la conscience d'être envoyé par le Christ, comme
Celui-ci l’est par le Père, pour la salus animarum, le prêtre fera l’expérience de
la dimension universelle, et donc missionnaire, de son identité la plus profonde.
3.
Un renouveau de la praxis missionnaire des prêtres
L'urgence missionnaire
actuelle demande une praxis pastorale renouvelée. Les nouvelles conditions culturelles
et religieuses du monde, avec toutes leurs diversités, selon les diverses régions
géographiques et les différents milieux socioculturels, montrent la nécessité d'ouvrir
de nouvelles routes pour la praxis missionnaire. Benoît XVI, dans le discours déjà
cité aux Évêques allemands, déclare : « Nous devons tous ensemble essayer de trouver
de nouvelles façons pour ramener l'Évangile dans le monde actuel ». Quant
à la participation des prêtres à cette mission, rappelons l'essence missionnaire de
l’identité presbytérale elle-même, de tous et de chacun des prêtres, et rappelons
l'histoire de l'Église : elle témoigne du rôle irremplaçable des prêtres dans l'activité
missionnaire. Lorsqu’il s'agit de l'évangélisation missionnaire à l'intérieur de l'Église
déjà établie, s’adressant aux baptisés « éloignés » et à tous ceux qui, dans les paroisses
et dans les diocèses, ne savent que peu ou rien de Jésus-Christ, ce rôle irremplaçable
des prêtres apparaît de façon encore plus évidente. Dans les communautés
particulières, dans les paroisses, le ministère des prêtres manifeste l'Église comme
un événement transformant et rédempteur, qui se réalise dans le quotidien de la société.
C’est là qu’ils prêchent la Parole de Dieu, qu’ils évangélisent, catéchisent, en exposant
intégralement et fidèlement la doctrine sacrée, qu’ils aident les fidèles à lire et
à comprendre la Bible, qu’ils réunissent le peuple de Dieu pour célébrer l'Eucharistie
et les autres sacrements, qu’ils promeuvent d’autres formes de prière communautaire
et dévotionnelle ; là qu’ils reçoivent celui qui se présente à la recherche de soutien,
de consolation, de lumière, de foi, de réconciliation et de rapprochement envers Dieu,
qu’ils convoquent et président les rencontres de la communauté pour étudier, élaborer
et mettre en pratique les plans pastoraux ; là qu’ils orientent et stimulent la communauté
à exercer la charité envers les pauvres, tant spirituellement que dans la concrétude
économique, à promouvoir la justice sociale, les droits de l’homme, l'égale dignité
de tous les hommes, l'authentique liberté, la collaboration fraternelle et la paix
selon les principes de la Doctrine sociale de l’Eglise. Ce sont eux, en tant que collaborateurs
des Évêques, qui ont la responsabilité pastorale immédiate.
3.1. Le missionnaire
doit être disciple L’Évangile lui-même montre combien être missionnaire
demande d'être disciple. Le texte de Marc affirme : « Puis étant monté dans la montagne,
(Jésus) appela à Lui ceux qu’il voulait et ils vinrent à lui. Il en institua Douze
[...] pour être avec lui et pour les envoyer prêcher avec pouvoir de chasser les démons
» (Mc 3,13-15). « Il appela ceux qu’il voulait » et « pour être avec lui » : voilà
l'art d'être disciple ! Ces disciples seront envoyés prêcher et chasser les démons
: voilà les missionnaires ! Dans l'Évangile de Jean nous trouvons l'appel
(« Venez et voyez » : Jn 1,39) des premiers disciples, leur rencontre avec Jésus et
leur premier élan missionnaire, lorsqu’ils vont et appellent les autres, leur annoncent
le Messie rencontré et reconnu et les amènent à Jésus, qui les appelle encore à devenir
ses disciples (cf. Jn 1,35-51). Dans l'itinéraire du disciple, tout commence avec
l'appel du Seigneur. L'initiative est toujours sienne. Cela indique comment l'appel
est une grâce, qui doit être librement et humblement accueillie et conservée, avec
l'aide du Saint-Esprit. Dieu nous a aimés le premier. C’est le primat de la grâce.
À l'appel fait suite la rencontre avec Jésus pour écouter sa parole et faire l'expérience
de son amour pour chacun et pour toute l’humanité. Il nous aime et nous révèle le
vrai Dieu, Un et Trine, qui est amour. L'Évangile montre comment l'Esprit de Jésus
transforme au cours cette rencontre celui dont le coeur est ouvert. En effet,
celui qui rencontre Jésus expérimente combien il devient impliqué en profondeur avec
sa personne et sa mission dans le monde ; il croit en lui, il expérimente son amour,
il adhère à lui, il décide de le suivre inconditionnellement où qu’il le mène, il
investit en lui toute sa vie et, si nécessaire, il accepte de mourir pour lui. Il
sort de cette rencontre le coeur joyeux et enthousiaste, fasciné par le mystère de
Jésus, et il s’élance pour l'annoncer à tous. Ainsi le disciple devient semblable
au Maître, envoyé par lui et soutenu par le Saint-Esprit. La question d'aujourd'hui
est la même que celle de quelques Grecs, présents à Jérusalem lorsque Jésus fit son
entrée messianique dans la ville. Ils demandaient : « Nous voulons voir Jésus ! »
(Jn 12,21). Nous aussi nous posons cette question aujourd'hui. Où et comment pouvons-nous
rencontrer Jésus, après son retour au Père, aujourd'hui, dans le temps de l'Église
? Le Pape Jean-Paul II, de vénérée mémoire, a largement développé la nécessité
pour tous les chrétiens de la rencontre avec Jésus, pour qu'ils puissent repartir
de lui pour l'annoncer à l'humanité actuelle. En même temps, il a indiqué quelques
lieux privilégiés dans lesquels on peut rencontrer Jésus aujourd'hui. Le premier lieu,
disait le Pape, est « l’Écriture sainte lue à la lumière de la Tradition, des Pères
et du Magistère, approfondie dans la méditation et l'oraison », c'est-à-dire ce qu’on
appelle la lectio divina, la lecture orante de la Bible. Un deuxième lieu, disait
le Pape, est la Liturgie, ce sont les sacrements, et de façon très spéciale l'Eucharistie.
Dans le récit de l'apparition du Ressuscité aux disciples d'Emmaüs, nous trouvons
intimement reliées la Sainte Écriture et l'Eucharistie, comme les lieux de la rencontre
avec le Christ. Un troisième lieu nous est indiqué par le texte évangélique de Matthieu
sur le jugement dernier, dans lequel Jésus s'identifie avec les pauvres (cf. Mt 25,
31-46). Une autre façon fondamentale et précieuse de rencontrer Jésus-Christ
est la prière, personnelle ou communautaire, surtout devant le Très Saint Sacrement,
comme aussi dans l'oraison fidèle de la Liturgie des Heures. Et même la contemplation
de la création peut devenir un lieu de rencontre avec Dieu. Chaque chrétien doit
être conduit à Jésus-Christ pour faire cette rencontre forte, personnelle et communautaire
avec le Seigneur, et pour ensuite toujours la renouveler et l’approfondir. Le disciple
naît et renaît de cette rencontre. Du disciple naît le missionnaire. Si ceci vaut
pour chaque chrétien, combien plus cela vaut-il pour le prêtre . Le disciple et
missionnaire, d'autre part, est toujours membre d'une communauté de disciples et missionnaires,
qui est l'Église. Jésus est venu dans le monde et a donné sa vie sur la croix « pour
rassembler dans l’unité les enfants de Dieu dispersés » (Jn 11,52). Le Concile Vatican
II enseigne que « Dieu voulut sanctifier et sauver les hommes non pas individuellement
et sans aucun lien entre eux, mais il voulut faire d'eux un peuple, qui le reconnaîtrait
selon la vérité et le servirait dans la sainteté ». Jésus avec son groupe
de disciples, particulièrement avec les Douze, commence cette communauté nouvelle
qui réunit les enfants de Dieu dispersés, c'est-à-dire l'Église. Après son retour
au Père, les premiers chrétiens vivent en communauté, sous la conduite des Apôtres,
et chaque disciple participe à la vie communautaire et à la rencontre de ses frères,
d'abord dans la fraction du pain eucharistique. C’est dans l'Église, et à partir de
l'effective communion avec l'Église même, que l’on vit et que l’on se réalise comme
disciples et missionnaires.
3.2. La mission ad gentes Toute
l’Église est par nature missionnaire. Cet enseignement du Concile Vatican II se reflète
aussi sur l'identité et sur la vie des prêtres : « Le don spirituel que les prêtres
ont reçu dans l'ordination ne les prépare pas à une mission limitée et restreinte,
mais plutôt à une très vaste et universelle mission de salut, `jusqu'aux extrémités
de la terre' (Ac 1,8) [...]. Que les prêtres se rappellent donc que la sollicitude
de toutes les Églises leur incombe ». Les prêtres peuvent
participer à la mission ad gentes sous beaucoup de formes variées, même sans partir
pour les terres de mission. Cependant, le Christ peut leur concéder à eux aussi la
grâce spéciale d'être appelés par Lui et envoyés par leurs Évêques respectifs ou leurs
Supérieurs majeurs à aller en mission dans les régions du monde où Il n'a encore pas
été annoncé et où l'Église ne s'est pas encore établie, c'est-à-dire ad gentes ; ou
bien ils peuvent être envoyés là où il y a pénurie de clergé. Pensons par exemple,
dans le domaine du clergé diocésain, aux prêtres Fidei Donum. Les horizons
de la mission ad gentes s'élargissent et réclament une impulsion renouvelée dans l'activité
missionnaire. Les prêtres sont invités à écouter le souffle de l'Esprit, le vrai protagoniste
de la mission, et à partager cette sollicitude de l'Église universelle.
3.3.
L'évangélisation missionnaire Dans la première partie de ce texte,
on a déjà reconnu la nécessité et l'urgence d'une nouvelle évangélisation missionnaire
au sein du troupeau même de l'Église, c'est-à-dire parmi ceux qui sont déjà baptisés.
En effet, une grande partie de nos catholiques baptisés ne participe pas ordinairement,
ou parfois pas du tout, à la vie de nos communautés ecclésiales. Ceci non seulement
parce que d'autres modèles se présentent comme plus séduisants, ni seulement parce
qu'ils décident en connaissance de cause de refuser la foi, mais toujours plus souvent
parce qu’ils n’ont pas été suffisamment évangélisés. Ou mieux : ils n'ont rencontré
personne qui leur témoignerait de la beauté de la vie chrétienne authentique. Personne
ne les a amenés à une rencontre forte et personnelle et, ensuite, communautaire, avec
le Seigneur. Une rencontre qui marquerait leur vie et la transformerait, une rencontre
pour commencer à être de vrais disciples du Christ. Ceci révèle la nécessité de
la mission : nous devons aller chercher nos baptisés, et même tous ceux qui ne sont
pas encore baptisés, et leur annoncer, de nouveau ou pour la première fois, le kérygme,
c'est-à-dire la première annonce de la personne de Jésus-Christ, mort sur la croix
et ressuscité pour notre salut, et son Règne, et ainsi les conduire à une rencontre
personnelle avec Lui. On pourrait se demander si l'homme et la femme de la culture
postmoderne, des sociétés plus avancées, sauront encore s'ouvrir au kérygme chrétien.
La réponse doit être positive. Le kérygme peut être compris et accueilli par n'importe
quel homme, de n'importe quelle époque ou culture. Même les milieux les plus intellectuels
ou les plus simples peuvent être évangélisés. Nous devons aller jusqu’à croire que
même les prétendus postchrétiens peuvent être de nouveau touchés par la personne de
Jésus-Christ. Le futur de l'Eglise dépend aussi de notre docilité à être concrètement
missionnaires au milieu de nos baptisés eux-mêmes. L'événement salvifique du baptême
entraîne en effet le droit et le devoir des pasteurs sacrés d'évangéliser les baptisés,
comme un acte dû en justice.
Certes, chaque Église particulière de chaque
continent et de chaque nation doit trouver la route pour rejoindre, dans un engagement
décidé et efficace de mission évangélisatrice, ses propres catholiques qui pour différents
motifs, ne vivent pas l'appartenance à la communauté ecclésiale. Dans cette oeuvre
d'évangélisation missionnaire, les prêtres détiennent un rôle irremplaçable et précieux,
à cause d'abord de la mission dans le troupeau de la paroisse qui leur est confiée.
Dans la paroisse les prêtres auront besoin de convoquer les membres de la communauté,
les consacrés et les laïcs, pour les préparer adéquatement et les envoyer en mission
évangélisatrice à la rencontre de chaque personne, de chaque famille – même à travers
des visites à domicile – et à la rencontre de tous les milieux sociaux présents sur
le territoire. Le curé doit participer en première personne à la mission paroissiale. À
la suite de l'enseignement conciliaire, et conscients de l'avertissement du Seigneur
- « Qu’ils soient un [...], pour que le monde croie que tu m'as envoyé » (Jn 17, 21)
- il est de première importance pour une praxis missionnaire renouvelée que les prêtres
ravivent en eux la conscience d'être des collaborateurs des Évêques. C’est par leur
Évêque en effet qu’ils sont envoyés au service de la communauté chrétienne. C’est
pourquoi l'unité avec l'Évêque, qui sera effectivement et affectivement uni avec le
Souverain Pontife, constitue la première garantie de toute action missionnaire. Nous
pouvons chercher quelques indications concrètes, pour une praxis missionnaire renouvelée
de la part des prêtres, dans le domaine des trois munera :
Dans le domaine
du munus docendi :
1. D'abord, pour être un vrai missionnaire à l'intérieur
du troupeau même de l'Église, selon les besoins actuels, il est essentiel et indispensable
que le prêtre se décide, très consciemment et avec détermination, non seulement à
accueillir et à évangéliser ceux qui le cherchent, tant dans la paroisse qu’ailleurs,
mais « à se lever et à partir» à la recherche, avant tout, des baptisés qui pour différents
motifs ne vivent pas l'appartenance à la communauté ecclésiale, et même de tous ceux
qui ne connaissent Jésus-Christ que peu ou pas du tout. Que les prêtres
qui exercent le ministère dans les paroisses se sentent appelés d'abord à aller vers
les gens qui vivent sur leur territoire paroissial, en valorisant savamment y compris
les formes traditionnelles de rencontre, comme les bénédictions des familles à domicile,
qui ont porté tellement de fruits. Que ceux parmi les prêtres qui sont appelés à la
mission ad gentes, voient là une grâce très spéciale du Seigneur et partent joyeux
et sans crainte. Le Seigneur les accompagnera toujours.
2. Pour
une évangélisation missionnaire à l'intérieur du troupeau catholique lui-même, avant
tout dans les paroisses, il faut inviter, former et envoyer aussi les fidèles laïcs
et les religieux. Les prêtres dans la paroisse, évidemment, sont les premiers missionnaires
; ils doivent partir à la recherche des personnes dans les maisons et en tout lieu
et milieu social ; et cependant, les laïcs et les religieux sont aussi appelés par
le Seigneur, par leur Baptême et leur Confirmation, à participer à la mission, sous
la conduite du pasteur local. Culturellement parlant il faut prendre conscience
du fait que l'exercice de la « charité pastorale » envers les fidèles
impose de ne pas les laisser sans défense (c'est-à-dire privés de capacité critique)
face à l'endoctrinement qui vient souvent des lieux d'enseignement scolaire, de la
télévision, de la presse, des sites informatiques, et parfois même des chaires universitaires
et du monde du spectacle. Les prêtres, à leur tour, doivent être encouragés et
soutenus par leurs Evêques dans cette délicate oeuvre pastorale, sans jamais déléguer
totalement à d’autres la catéchèse directe, de sorte que tout le peuple chrétien soit
orienté, en ce moment multiculturel, par des critères authentiquement chrétiens. Il
faut distinguer la doctrine authentique des interprétations théologiques, et ensuite,
parmi celles-ci, celles qui correspondent au Magistère pérenne de l’Eglise.
3. L'annonce spécifiquement missionnaire de l'Évangile demande que soit donné un relief
central au kérygme. Cette première annonce kérygmatique de Jésus-Christ, mort et ressuscité
et de son Règne, ou le renouvellement de cette annonce, reçoivent sans doute une vigueur
et une onction spéciale du Saint Esprit, que l’on ne peut pas minimiser ou négliger
dans l'engagement missionnaire. Par conséquent, il faut reprendre, opportune et
importune, avec beaucoup de constance, de conviction et de joie évangélisatrice, cette
première annonce, soit dans les homélies pendant les saintes Messes ou les autres
événements évangélisateurs, soit dans la catéchèse, soit dans les visites à domicile,
sur les places publiques, dans les moyens de communication sociale, dans les rencontres
personnelles avec nos baptisés qui ne participent pas à la vie des communautés ecclésiales
; en somme, partout l'Esprit nous pousse et nous offre une occasion à ne pas gâcher.
Le kérygme joyeux et courageux identifie une prédication missionnaire, qui veut porter
l'auditeur à une rencontre personnelle et communautaire avec Jésus-Christ, début du
chemin d'un vrai disciple.
4. Il est nécessaire d'illustrer le fait
que l'Église vit de l'Eucharistie, qui en est le centre. Dans la célébration eucharistique
elle se manifeste pleinement dans son identité. Dans l’avènement et la vie de l'Église,
tout porte à l'Eucharistie et tout part de l'Eucharistie. Par conséquent, même l'évangélisation
missionnaire, la prédication du kérygme, tout l’exercice du munus docendi, doivent
tendre à l'Eucharistie et porter l'auditeur, finalement, à la table eucharistique.
La mission elle-même doit toujours partir de l'Eucharistie et aller vers le monde.
« L'Eucharistie n'est pas seulement source et sommet de la vie de l'Église ; elle
l’est aussi de sa mission : une Église authentiquement eucharistique est une Église
missionnaire ».
5. L'évangélisation des pauvres est prioritaire
sous toutes ses formes, comme le dit Jésus lui-même : « L'Esprit du Seigneur est sur
moi […] et il m'a envoyé porter la Bonne Nouvelle aux pauvres » (Lc 4,18). Dans le
texte évangélique de Matthieu sur le jugement dernier, on constate que Jésus veut
être reconnu, de façon spéciale, dans le pauvre (cf. Mt 25, 31-46). L'Église a toujours
tiré son inspiration de ces textes.
6. L'Église n’impose jamais sa
foi, mais toujours elle la propose avec amour, avec onction et courage, dans le respect
de l'authentique liberté religieuse qu’elle réclame aussi pour elle-même, et de la
liberté de conscience de l'auditeur. En outre, la méthode du vrai dialogue est toujours
plus indispensable : un dialogue qui n'exclut pas l'annonce, mais au contraire qui
la suppose et qui, en définitive, soit une voie pour évangéliser.
7. Il est nécessaire que la préparation du missionnaire se fasse à travers la formation
d’une solide spiritualité et d’une authentique vie de prière, outre une écoute constante
de la Parole de Dieu, spécialement dans la lecture des Évangiles. La méthode de la
lectio divina, c'est-à-dire de la lecture orante de la Bible, peut s’avérer d’un grand
secours. De toute façon, le prédicateur doit être enflammé par un feu nouveau, qui
s'allume et se maintient ardent dans le contact personnel avec le Seigneur, et en
vivant dans la grâce, comme nous pouvons le constater dans les Évangiles. À cette
écoute de la Parole doit s'ajouter une étude constante et approfondie de la doctrine
catholique authentique, telle qu’elle est exprimée d'abord dans le Catéchisme de l'Église
Catholique et dans la saine théologie. La fraternité sacerdotale est une partie intégrante
de la spiritualité missionnaire, et elle la soutient.
Dans le domaine du munus
sanctificandi :
1. L'exercice du munus sanctificandi est lui aussi
lié à la capacité de transmettre un vif sens du surnaturel et du sacré, qui fascine
et qui conduit à une réelle expérience de Dieu, existentiellement significative. La
proclamation de la Parole de Dieu fait partie de chaque célébration sacramentelle,
vu que le sacrement demande la foi de celui qui le reçoit. Ce fait est déjà une première
indication de ce que le ministère presbytéral dans l'administration des sacrements,
et spécialement dans la célébration de l'Eucharistie, possède une dimension missionnaire
intrinsèque, qui peut être développée comme annonce du Seigneur Jésus et de son Règne,
à ceux qui jusqu'à présent n’ont été évangélisés que peu ou pas du tout.
2. Il faut en outre souligner que l'Eucharistie est le point d'arrivée de la mission.
Le missionnaire part à la recherche des personnes et des peuples pour les porter à
la table du Seigneur, présage eschatologique du banquet de la vie éternelle auprès
de Dieu, dans le ciel, qui sera la pleine réalisation du salut, selon le dessein rédempteur
de Dieu. Il faudra, par conséquent, un accueil large, chaleureux et fraternel de ceux
qui viennent pour la première fois, ou qui reviennent à l'Eucharistie après avoir
été rejoints par les missionnaires. L'Eucharistie a, en outre, une dimension
d'envoi missionnaire. Chaque Sainte Messe, à la fin, envoie tous ses participants
travailler de façon missionnaire dans la société. L'Eucharistie, comme mémorial de
la Pâques du Seigneur, rend présent, toujours de nouveau, la mort et la résurrection
de Jésus-Christ, qui, pour l’amour du Père et de nous, a donné sa vie pour notre rédemption,
en nous aimant jusqu'à la fin. Ce sacrifice du Christ est le suprême acte d'amour
de Dieu envers les hommes. La communauté chrétienne, dans la célébration de l'Eucharistie
et dans la réception digne du sacrement du Corps et du Sang de Jésus, est profondément
unie au Seigneur et comblée de son amour sans mesure. Entre-temps, elle reçoit à chaque
fois, de nouveau, le commandement de Jésus : « Aimez-vous les uns les autres, comme
je vous ai aimés » (Jn 13,34), et elle se sent poussée par l'Esprit du Christ à aller
annoncer à toutes les créatures la Bonne Nouvelle de l'amour de Dieu et de l’espérance,
sûre de sa miséricorde salvatrice. Dans le Décret Presbyterorum Ordinis, le Concile
Vatican II déclare: « L'Eucharistie constitue, en effet, la source et le sommet de
toute l'évangélisation » (n. 5). Par conséquent la sollicitude pour sa célébration
quotidienne de la part des prêtres, même en absence de peuple, est fondamentale.
3. Les autres sacrements aussi reçoivent leur force sanctifiante de
la mort et de la résurrection du Christ et proclament ainsi la miséricorde indéfectible
de Dieu. La célébration des sacrements elle-même, belle, digne et dévote, selon toutes
les règles liturgiques, devient une évangélisation très spéciale pour les fidèles
présents. Dieu est Beauté, et la beauté de la célébration liturgique est une des
voies qui nous mènent à son mystère.
4. Il faut prier pour que
le Seigneur réveille la vocation missionnaire de la communauté ecclésiale, de ses
pasteurs et de chacun de ses membres. Jésus dit : « La moisson est abondante, mais
les ouvriers sont peu nombreux ! Priez donc le maître de la moisson, d’envoyer des
ouvriers à sa moisson ! » (Mt 9,37-38). La prière a une force très grande devant Dieu.
Jésus nous rassure quant à cette force : « Demandez et l’on vous donnera » (Mt 7,7)
; « Tout ce que vous demanderez avec foi dans la prière, vous l'obtiendrez » (Mt 21,22)
; « Tout ce que vous demanderez en mon nom, je le ferai, afin que le Père soit glorifié
dans le Fils. Si vous me demandez quelque chose en mon nom, je le ferai » (Jn 14,13-14).
5. Il est opportun de se rappeler comment le sacrement de la Réconciliation, sous
la forme de la confession individuelle, possède un profond caractère missionnaire
intrinsèque. Le prêtre est appelé, pour la fécondité de la mission qui lui est confiée
et pour sa sanctification, à se préoccuper, pour lui-même avant tout, de la célébration
régulière et fréquente de ce sacrement et, en même temps, à en être le ministre fidèle
et généreux.
6. Le ministère pastoral du prêtre est au service
de l'unité de la communauté chrétienne. Pour ce motif, la première tâche missionnaire
du prêtre est la régénération du peuple chrétien, de veiller à la dimension communautaire
de l'expérience chrétienne.
7. En conclusion, le prêtre devra mieux
comprendre la nature de la soif qui tourmente, parfois même inconsciemment, les hommes
et les femmes de notre temps : soif de Dieu, d'expérience et de doctrine de vrai salut,
d'annonce de la vérité concernant le destin ultime personnel et communautaire, soif
d'une religion chrétienne qui soit en mesure de pénétrer toute l'organisation de la
vie et de la transformer chaque jour davantage. Une soif que seul le Seigneur Jésus
pourra satisfaire en dernier ressort, en tenant toujours compte de ce que « la charité
pastorale est le principe intérieur et dynamique capable d'unifier les multiples et
différentes activités du prêtre ».
Dans le domaine du munus regendi
:
1. La préparation et l'organisation de la mission dans les communautés
ecclésiales, dans les paroisses, sont indispensables. Une bonne préparation et une
claire organisation de la mission seront déjà le gage d’une issue fructueuse. Évidemment,
on ne peut oublier le primat de la grâce, il doit plutôt être mis en évidence. Le
Saint Esprit est le premier agent missionnaire. Il faut donc l'invoquer d'une manière
insistante et avec beaucoup de confiance. Ce sera à lui d’allumer ce feu nouveau,
cette passion missionnaire nécessaire dans les coeurs des membres de la communauté.
Mais il y faut le concours de la liberté humaine. Les pasteurs de la communauté doivent
penser aussi en termes d’organisation aux modalités les plus incisives et opportunes
de la mission.
2. Il convient de chercher à suivre une bonne méthodologie
missionnaire. L'Église en a une expérience bimillénaire. Néanmoins, chaque période
de l’histoire apporte avec elle de nouvelles circonstances dont il faut tenir compte
dans la façon de réaliser la mission. Beaucoup de méthodologies ont déjà ètè élaborées
et essayées dans les praxis des Églises particulières. Les Conférences des Évêques
et les diocèses pourraient donner des indications opportunes sur ce point.
3. Il faut aller avant tout vers les pauvres des périphéries urbaines et des campagnes.
Ce sont eux, les destinataires préférés de l'Évangile. Cela veut dire que l'annonce
doit être accompagnée d'une action, efficace et affectueuse, de promotion humaine
intégrale. Jésus-Christ doit être proclamé comme une bonne nouvelle pour les pauvres.
Ceux-ci doivent pouvoir se sentir heureux et comblés d’une sûre espérance par cette
annonce.
4. Il serait opportun que la mission dans la paroisse
et dans le diocèse ne se réduise pas à une période déterminée. L'Église est missionnaire
par sa nature même. Ainsi, la mission doit faire partie des dimensions permanentes
de l'être et de la réalisation de l'Église. Par conséquent la mission doit être permanente.
Évidemment, il peut y avoir des périodes plus intenses, mais la mission ne devrait
jamais être conclue ou arrêtée. Au contraire, la dimension missionnaire doit être
solidement et tout-à-fait intégrée dans la structure même de l'activité pastorale
et de la vie de l'Église particulière et de ses communautés. Ceci pourrait porter
à un authentique renouvellement, et finirait par constituer un élément très valable
pour renforcer et rajeunir l'Église aujourd'hui. Le caractère missionnaire des prêtres
eux-mêmes est lui aussi permanent ; indépendamment de l'office qu’ils remplissent
et de leur âge légal, ils sont toujours appelés à la mission jusqu'au dernier jour
de leur existence terrestre, puisque la mission est indissolublement liée à l’ordination
même qu’ils ont reçue.
3.4. La formation missionnaire des prêtres Tous les
prêtres doivent recevoir une formation missionnaire spécifique et soignée, vu que
l'Église veut s'engager, avec une ardeur renouvelée et avec urgence, dans la mission
ad gentes et dans une évangélisation missionnaire adressée à ses propres baptisés,
particulièrement ceux qui se sont éloignés de la participation à la vie et à l'activité
de la communauté ecclésiale. Cette formation devrait commencer dès le séminaire, surtout
à travers la direction spirituelle, et aussi par une étude soignée et approfondie
du sacrement de l'Ordre, apte à souligner comment la dynamique missionnaire est intrinsèque
au sacrement lui-même. Pour les prêtres déjà ordonnés il sera très utile, et cela
peut devenir nécessaire, d’intégrer la formation missionnaire dans le programme de
formation permanente. La conscience d'une part de l'urgence missionnaire, et d'autre
part de la situation peut-être insuffisante de la formation et de la spiritualité
missionnaire du presbyterium, devra suggérer à chaque Évêque ou Supérieur majeur les
mesures à prendre pour mettre en route une préparation renouvelée à la mission, et
une spiritualité missionnaire plus profonde et stimulante chez les prêtres. Il
semble que l’on puisse faire observer qu'un des principaux aspects de la mission soit
la prise de conscience de son urgence ; cette prise de conscience inclut l'aspect
de former les candidats au ministère presbytéral à avoir une particulière attention
missionnaire. Globalement, le nombre des vocations grandit dans le monde, bien
que cela reste modeste ; c’est surtout en Occident que les effectifs suscitent quelques
appréhensions ; et cependant, ce qui est absolument déterminant pour le futur de l'Église,
c’est la formation : un prêtre qui possède clairement son identité spécifique, avec
une solide formation humaine, intellectuelle, spirituelle et pastorale, engendrera
plus facilement des nouvelles vocations, parce qu'il vivra la consécration comme une
mission et, heureux et certain de l'amour du Seigneur pour son existence sacerdotale,
il saura répandre la « bonne odeur du Christ » autour de lui et vivre chaque instant
de son ministère comme une occasion missionnaire. Il apparaît alors toujours plus
urgent de créer un « cercle vertueux » entre le temps de la formation au séminaire
et celui du ministère initial et de la formation permanente. De tels moments doivent
être réglés ensemble ; il faut absolument les harmoniser, pour que dans cette oeuvre
le clergé aussi puisse devenir toujours plus pleinement ce qu’il est : une perle précieuse
et indispensable, offerte par le Christ à l'Église et à l'humanité entière.
Conclusion
Si le caractère missionnaire est un élément constitutif de l'identité ecclésiale,
nous devons être reconnaissants envers le Seigneur qui renouvelle, à travers également
le Magistère pontifical récent, une telle conscience claire dans toute son Église,
et en particulier chez les prêtres. L'urgence missionnaire est vraiment grande
dans le monde et elle demande un renouvellement de la pastorale, au sens que la communauté
chrétienne devrait être conçue comme en « mission permanente », soit ad gentes, soit
là où l'Église est déjà établie, c'est-à-dire en allant à la recherche de ceux que
nous avons baptisés et qui ont le droit d'être évangélisés par nous. Les meilleures
énergies de l'Église et des prêtres ont toujours été employées à l'annonce du kérygme
; c’est l'essence de la mission que nous a confiée le Seigneur. Cette « tension missionnaire
» permanente ne pourra que servir aussi à l'identité du prêtre lequel, justement dans
l'exercice missionnaire des tria munera, trouve son principal chemin de sanctification
personnelle, et donc aussi de pleine réalisation humaine. Par la suite, l'implication
réelle et active dans la mission de tous les membres du corps ecclésial (Évêques,
prêtres, diacres, religieux, religieuses et laïcs), favorisera cette expérience d’unité
visible, tellement essentielle pour l'efficacité de tout témoignage chrétien. L'identité
missionnaire du prêtre, pour être telle, doit regarder sans cesse vers la Bienheureuse
Vierge Marie qui, pleine de grâce, est allée porter et présenter le Seigneur au monde
; elle continue toujours à visiter les hommes de toute époque, encore pèlerins sur
la terre, pour leur montrer le visage de Jésus de Nazareth, Seigneur et Christ, et
pour les introduire dans la communion éternelle avec Dieu.
Du Vatican, le 29
juin 2010, Solennité de Saint Pierre et de Saint Paul
Cardinal Cláudio
Hummes Archevêque émérite de São Paulo Préfet
X Mauro Piacenza Archevêque
tit. de Vittoriana Secrétaire