2010-12-23 11:46:20

LA LIBERTE RELIGIEUSE ET LA RECHERCHE DE LA PAIX EN AFRIQUE


« Liberté religieuse, chemin vers la paix », c’est le thème que le Pape Benoît XVI a choisi pour la 44ème Journée mondiale de la paix, qui se célèbrera le premier janvier 2011. Le Pape a choisi ce thème au moment où on enregistre dans le monde différentes formes de limitation ou de négation de la liberté religieuse, de discrimination et de marginalisation basées sur la religion, allant jusqu’à la persécution et à la violence à l’encontre des minorités.
Au moment où les chrétiens sont le groupe religieux en butte au plus grand nombre de persécutions à cause de leur foi et, où on enregistre plusieurs épisodes d’intolérance religieuse surtout en Asie, en Afrique et au Moyen Orient, le Pape offre, à travers ce message, des réponses aux questions fondamentales que l’homme se pose sur les différentes dimensions de sa vie et sur son épanouissement.
Benoît XVI indique comme critère fondamental pour reconnaître une vraie liberté religieuse, la cohérence dans la recherche de la vérité et, avec la vérité, la dignité de la personne humaine. Ce critère exclut l’instrumentalisation de la religion pour des intérêts égoïstes des individus et des sociétés ; la religiosité du fondamentalisme, la manipulation culturelle de la religion, ainsi que le fanatisme tant religieux qu’anti-religieux.

Le Pape revient sur sa déclaration faite à l’ONU concernant les droits de l’homme qui, « doivent évidemment inclure le droit à la liberté religieuse, comprise comme l’expression d’une dimension à la fois individuelle et communautaire, perspective qui fait ressortir l’unité de la personne tout en distinguant clairement entre la dimension du citoyen et celle du croyant ».

Pour pouvoir jouir pleinement de ses droits, Benoît XVI souligne que la personne humaine ne doit pas renoncer à aucune composante de son être : « il n’est donc pas imaginable que des croyants doivent se priver d’une partie d’eux-mêmes, de leur foi, afin d’être des citoyens actifs. Il ne devrait jamais être nécessaire de nier Dieu pour jouir de ses droits. »

A la question : Pourquoi la liberté religieuse est un chemin vers la paix, Benoît XVI répond : L’homme ne peut pas être fragmenté, séparé de ce qu’il croit, car ce en quoi il croit a un impact sur sa vie et sur sa personne. Refuser la liberté religieuse équivaudrait donc à fragmenter l’unité de la personne, une agression à son integrité, un acte de violence.
L’importance de la religion pour l’homme en tant qu’individu et membre d’une communauté, a toujours été au centre de la vie sociale en Afrique. Les sociétés africaines sont reconnues comme société fondamentalement religieuses.
Cependant, l'année qui va bientôt se clôturer a été marquée, en Afrique, par une forme subtile de non respect de la liberté religieuse ; la religion, à l’instar de l’ethnie, y a été constamment politisée ; elle est ainsi devenue une des causes de conflits.
L’histoire de l’Afrique, avant l’arrivée du christianisme et de l’islam, était imprégnée de la religion traditionnelle africaine, plus qu’une religion, un style de vie, où il était difficile de séparer le religieux et le profane, une société où on reconnaissait en chaque chose et en chaque être une composante qui le rapprochait de Dieu ; un milieu de vie dont sont issus la majorité des adeptes africains du christianisme.
Actuellement, la carte religieuse de l'Afrique est une mosaïque où s’entremêlent appartenances ethnique et religieuse et, n'a rien à voir avec la carte politique du continent.
Les systèmes politiques de plusieurs pays du continent se réclament laïcs, mais la religion représentant la majorité de la population par force de nombre reste, selon une loi non écrite, la religion plus visible et les exemples typiques d'abus sont souvent le non-respect de la liberté d’opinion. Les chefs religieux sont ainsi empêchés d’exprimer leur opinion sur la société.
Pour ne citer que quelques pays :
La composante religieuse trouve sa place dans plusieurs conflits communautaires au Nigeria.
Au Soudan, le prochain référendum d’autodétermination du Sud du pays a son volet religieux où le Nord du pays est souvent qualifié de musulman et le Sud de chrétien et animiste.
En Egypte, on a assisté cette année à des agressions contre la minorité chrétienne.

Pour relever ce défi, le Pape Benoît XVI exhorte au dialogue pour que les individus, vivant dans un univers mondialisé et multiconfessionnel puissent, à travers le dialogue cheminer verse l’unité et la paix.

Dans ce sens, rappelons les propositions faites au Pape par la 2ème Assemblée Spéciale du Synode des Évêques pour l'Afrique.

Les Pères synodaux proposent la promotion des valeurs du dialogue pour que les croyants travaillent ensemble, dans un esprit de confiance, d'entraide et , du respect de l'autre. .

Pour ce qui concerne la relation avec les musulmans, les Pères synodaux proposent de
- Favoriser le dialogue de vie, le partenariat social et la réconciliation;
- Affronter avec honnêteté les incompréhension et les difficultés;
- Prévoir dans la formation des prêtres, des religieux et religieuses et des fidèles laïcs une meilleure connaissance de l'Islam; et
- Prendre des initiatives qui favorisent le respect, l'amitié, la collaboration et la réciprocité.

Pour ce qui concerne la religion traditionnelle africaine, les Pères synodaux soulignent combien les sages convertis deviennent pour l'Église des guides dans la connaissance toujours plus large et précise de la culture et de la religion africaine.

Ils invitent au discernement des vrais points de rupture pour rendre possible la distinction nécessaire entre le culturel et le cultuel.

Ils souhaitent également que la Religion Traditionnelle Africaine et les cultures africaines fassent l'objet d'études scientifiques approfondies, et qu’un dialogue respectueux se fasse avec les toutes les formes de la religion traditionnelle africaine.

Ces propositions ont été faites pour que les grandes religions deviennent, en Afrique, un important facteur d'unité et de paix pour la famille humaine.







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