Kenya : Le Conseil national des Églises salue la décision de la Cour pénale internationale
Le Conseil national des Églises du Kenya (NCCK) a salué la publication, par la Cour
pénale internationale (CPI), de la liste des personnalités suspectées d’avoir joué
un rôle dans les violences post-électorales. Elles avaient suivi l’élection présidentielle
du 27 décembre 2007 au Kenya, faisant plus de 1200 morts. Luis Moreno-Ocampo, procureur
de la CPI, a révélé mercredi 15 décembre, les noms de six suspects, dont Uhuru Muigai
Kenyatta (vice-Premier ministre et ministre des finances) et William Ruto (ministre
suspendu de l’Éducation), soupçonnés d’être des instigateurs de crimes contre l’humanité,
commis lors des violences post-électorales au Kenya fin 2007-début 2008.
Dans
son communiqué "Mener à bien la lutte contre l’impunité" du 16 décembre, le Conseil
national des Églises du Kenya (NCCK) a rappelé que son Comité exécutif a fait signer
une pétition réclamant à la CPI "d’enquêter sur les violences post-électorales au
Kenya et de poursuivre les cerveaux" de ces troubles. Plus de cinq cent mille signatures
accompagnaient la pétition. "Nous apprécions le fait que le procureur de la CPI a
pris la pétition au sérieux et mené des enquêtes", a souligné le NCCK. "C’est une
étape décisive dans la lutte contre l’impunité au Kenya", a-t-il poursuivi. La
déclaration – signée du révérend Charles Kibicho (président du NCCK) et du révérend
Peter Karanja (secrétaire général) – a rendu hommage aux Kenyans pour avoir accueilli
dans le calme la décision de la CPI.
"Le plus important pour le peuple kenyan
est de laisser le processus de droit se poursuivre jusqu’à son terme, puisque conformément
à la justice universelle, les suspects sont considérés comme innocents jusqu’à preuve
du contraire", a rappelé le Conseil national des Eglises, invitant les suspects désignés
à coopérer pleinement avec la CPI. Le NCCK a exhorté "le gouvernement à donner suite
à la promesse de créer un tribunal local compétent pour enquêter et poursuivre les
suspects". La publication de la liste des suspects est déjà une consolation pour les
victimes des violences post-électorales de décembre 2007-janvier 2008.
Le NCCK
espère qu’un nouveau chapitre s’ouvre avec la CPI, qui rendra la vraie justice aux
victimes de violences ethniques ou politiques. Cependant, il reste conscient que,
malgré cette avancée notoire, de nombreux obstacles subsistent pour que tous les suspects
soient convoqués à la CPI.
Dans cette recherche d’une "justice complète", le
Conseil national des Églises a demandé à Kofi Annan, ancien secrétaire général de
l’ONU et dont la médiation dans la crise a permis de trouver une solution, de révéler
publiquement le contenu de l’enveloppe dite "Commission Waki", qui se trouve aux mains
de la Commission d’enquête sur la violence post-électorale. Elle contiendrait une
liste de personnes impliquées dans le déclenchement des troubles. Cette publication
aiderait à clore ce chapitre et à libérer la population. Le NCCK a conclu, en affirmant
que "l’impunité et la corruption sont les deux maux qui ont ravagé le Kenya pendant
des années, causant des souffrances indicibles".
1200 personnes ont été tuées
et plus de 300.000 déplacées lors des violences politico-ethniques qui avaient accompagné
la réélection contestée du président Mwai Kibaki face à son adversaire Raila Odinga,
aujourd’hui Premier ministre d’un gouvernement de coalition. (Source : Apic)