L'Église se mobilise pour la protection des femmes migrantes
La ville de Saly au Sénégal accueille à partir de mardi 30 novembre et jusqu'au jeudi
2 décembre 2010 une conférence intitulée "Le visage féminin de la migration". Organisée
par Caritas Internationalis, il s'agit avec cette rencontre de réfléchir aux conditions
de vie des migrantes et surtout d’améliorer les modalités de soutien à apporter à
ces milliers de femmes oubliées, souvent, alors qu'elles représentent la moitié des
214 millions de personnes qui vivent aujourd'hui loin de leur pays d'origine. Parties
pour rejoindre leurs familles ou un futur mari, pour chercher refuge contre les persécutions
dont elles-mêmes ou leurs familles sont victimes, pour fuir la pauvreté, par manque
de travail ou par désir de liberté, ces femmes souffrent souvent pendant leurs voyages
ou à leur arrivée, d'exploitation, de mauvais traitements, de manque de protections
sociale ou médicale, enfin encore de solitude.
Dès ce mardi, plusieurs intervenants
ont pris la parole : des experts de plusieurs organisations telles que le bureau international
catholique de l’enfance ou Mgr Vegliò, le président du Conseil pontifical les migrants
et les personnes en déplacement. Marie Duhamel
DISCOURS
EN INTEGRALITE DE MONSEIGNEUR VEGLIO A SALY, SENEGAL
“Le visage
féminin de la migration. Réflexions théologiques” Caritas Internationalis(Saly,
Sénégal, 30 novembre 2010)
S.E. MONS. ANTONIO MARIA VEGLIÒ Président
du Conseil Pontifical pour la Pastorale des Migrants et des Personnes en déplacement Introduction
Excellences,
Révérends Pères, Religieux et Religieuses, Chers amis,
Je suis heureux de participer
à cette Rencontre organisée par la Caritas Internationalis, qui a pour sujet: « Le
visage féminin de la migration » et je remercie de manière spéciale le Secrétaire
Général, Madame Lesley-Anna Knight, pour cette invitation à vous offrir quelques «
Réflexions théologiques ». Je salue cordialement tous les organisateurs et participants.
Dans notre monde globalisé, l’émigration féminine internationale est en train de
prendre pied de manière imposante. Des études récentes montrent que son effectif,
dans certains Pays, a surpassé celui des hommes. Un tel phénomène peut être lié
à des causes environnementales, économiques et sociales, politiques et religieuses,
souvent entrelacées. Les femmes migrantes sont engagées dans le secteur domestique
comme aide à domicile et « baby-sitter », mais aussi comme paysannes, serveuses, ouvrières
et employées de bas niveau ou qualifiées, professeures et infirmières. Souvent elles
sont employées dans le travail submergé, privées des droits humains les plus élémentaires
et parfois elles sont abusées dans la sphère domestique. Couramment, elles se livrent
au commerce de leur corps. En effets, le revenu annuel de la prostitution est estimé
à 12 milliards de dollars environ, la troisième activité illégale plus rentable au
monde, après le commerce d’armes et de drogues. Elles sont environ 4 million les femmes
qui se sont vendues par ans en vue de la prostitution ou de l’esclavage, près de 2
millions sont des filles mineures entre 5 et 15 ans, qui sont intégrées dans le commerce
sexuel. La majorité des femmes migrantes n’a pas l’appui d’une famille régulière.
Elles sont généralement séparées, divorcées et veuves. Il semble que beaucoup d’entre
elles cèdent avec une facilite relative à la pratique de l’avortement, ce qui explique
la grande exposition aux traumatismes psychiques. Les projets et les rêves de chaque
femme sont ceux de construire une famille et d’avoir des enfants. Malheureusement
dans la migration ceci devient aussi de plus en plus difficile à cause de la précarité
économique et les répercussions dans la maternité précoce. Les femmes vivent des situations
très difficiles, dans la solitude et dans la douleur. En dernier lieu, dans le
cadre de l’émigration féminine, on mentionne la « traite des femmes ». Les filles
sont recrutées par des individus sans scrupules avec des manigances et des fausses
promesses. Illusionnées par le « rêve migratoire », elles affrontent des voyages terribles,
le plus souvent elles sont volées et abusées. Certaines d’entre elles meurent pendant
les traversées dans les déserts, dans les mers ou dans les voies sans fin entreprises
pour poursuivre des espoirs inattendus. La première violence leur est souvent infligée
par des familles d’origine mêmes, qui les sacrifient pour l’argent, étant conscientes
du destin ingrat qui les attend quand l’illusion devient déception et dégénère dans
l’exploitation et la violence. A l’occasion de la Journée Mondiale du Migrant et
du Réfugié de 1995, Jean Paul II intervint et condamna avec vigueur « les formes de
violence sexuelle qui visent souvent les femmes » et « la diffusion de la culture
hédonistique et commerciale qui prône l’exploitation systématique de la sexualité
» . Un rappel également important sur la femme migrante nous est venu du Saint Père
Benoit XVI, dans son message de l’année 2006, pour la même Journée. Il a dénoncé les
conditions inhumaines de la femme migrante dans les Pays d’accueil, contraintes «
à être exploitées sur le champs du travail, comme des esclaves, et bien souvent dans
l’industrie du sexe » . Dans l’Instruction Erga migrantes caritas Christi il y
a des références explicites aux travailleuses migrantes, en dénonçant les situations
difficiles quelles doivent souvent affronter. On lit par exemple que « l’émigration
des cellules familiales et celle des femmes sont particulièrement marquées par la
souffrance, l’émigration des femmes étant de plus en plus importante. Souvent engagées
comme main-d’œuvre non qualifiée (aides domestiques) et employées au noir, les femmes
sont souvent privées des droits humains et syndicaux les plus élémentaires, quand
elles ne sont pas purement et simplement victimes de ce qu’on appelle le “trafic d’êtres
humains”, qui n’épargne aujourd’hui même pas les enfants. C’est un nouveau chapitre
de l’histoire de l’esclavage » (EMCC n. 5).
1. L’Ecriture Sainte
Un
des sujets qui retiennent l’attention dans le débat théologique d’aujourd’hui est
celui de la dignité de la femme et de son rôle spécifique dans l’Église et dans la
société en général. L’Ancien Testament souligne, à maintes reprises, l’influence
de l’élément féminin sur le destin du peuple élu. Par exemple, la double version du
récit de la création de l’homme et de la femme, dans le livre de la Genèse, est significative.
Les deux textes relatifs à la création de l’humanité (Gn 1,28 et 2,18-25) ont été
objet de grandes discussions, dans la tentative d’établir au moins leur cohérence.
De ces deux textes émerge, de toute façon, que l’homme et la femme sont créés à l’image
de Dieu. Ici on questionne la dignité particulière de l’homme et de la femme, qui
caractérisent l’humanité entière. Toujours dans le livre de la Genèse, la création
de la femme est présentée comme complément de celle de l’homme: deux êtres non isolés,
mais capables de communiquer, qui en raison des diversités légitimes, dans la rencontre
réciproque, s’enrichissent mutuellement et engendrent une nouvelle vie. En outre,
la présence féminine marque des événements de grande importance dans l’histoire biblique
du salut. Dans le livre de la Genèse 17,16, Sara est reconnue comme « mère de tous
les peuples » de Dieu. Puis Rébecca, laquelle donnât naissance à Jacob et Ésaü, fondement
du peuple biblique et du royaume d’Israël (Gn 25,19 -26). Ruth est une femme étrangère,
expérimentée par les malaises de l’émigration. La providence divine l’appelle à être
ancêtre de David et du Christ. Sans Ruth l’histoire biblique manquerait peut-être
d’ouverture universelle. Et il ne faut pas oublier les beaux mots prononcés par elle-même,
dans le livre de Ruth 1,16, comme acte de foi et de courage: « où tu iras, j’irai,
où tu demeureras, je demeurerai; ton peuple sera mon peuple et ton Dieu sera mon Dieu
». L’autre figure féminine de l’Ancien Testament que je voudrais porter à votre
attention est celle de la femme relatée dans le livre des Juges 19,22-25. On vous
présente l’histoire d’une femme abusée et violée, comme une anticipation des tas d’histoires
qui malheureusement font l’actualité aujourd’hui. C’est l’histoire d’une femme, victime
de la haine et de la soif du pouvoir. C’est l’histoire de beaucoup de jeunes filles
qui affrontent continuellement le voyage de l’espoir. Dans le Nouveau Testament
la femme par excellence est Marie, la mère de Jésus. Marie a été définie dans l’Erga
migrantes caritas Christi comme « icône vivante de la femme migrante » (n. 15). L’un
de ses premiers voyages, après l’annonce de l’ange, est la visite à la cousine Elisabeth
qui manifeste la disposition au service et la sensibilité généreuse typique de l’âme
féminine (Lc 1,39-45). L’accueil de la part d’Elisabeth est un accueil de caractère
féminin. Les deux femmes se parlent, elles partagent les sentiments les plus intimes.
Marie est tombée enceinte de manière extraordinaire et a tout gardé en secret. Elle
a fait la première confidence certainement à la cousine, parce qu’Elisabeth l’appelle
« Bénit », ce qui signifie que ces deux femmes partagent la même longueur d’onde.
Alors Marie lui raconte tout de soi, en lui confiant son histoire. Marie donne
naissance à son Fils loin de la maison. Puis, les évangélistes racontent son amère
expérience migratoire liée à la fuite en Egypte. Nous rappelons que le premier miracle
de Jésus aux noces de Cana, selon l’Évangile de Jean, fut sollicité par une femme
même, sa mère. Dans les évangiles nous trouvons beaucoup d’autres figures féminines,
parmi lesquelles Marie de Magdala, la Samaritaine, la belle-mère de Pierre, la femme
de Pilate et quelques femmes qui soutenaient Jésus et le groupe des Apôtres. Le
récit de Lc 10,38-42 mérite une réflexion spéciale. Le passage évangélique met en
comparaison l’action et la contemplation, mais il souligne le mystère d’accueil de
Marthe et de Marie, entendu comme service envers le pèlerin, le migrant, les sans
abri. Accueillir ne signifie pas ouvrir sa propre maison ou donner quelque chose de
soi, mais les impliquer dans l’« être », au-delà du simple « avoir ». Héberger signifie
créer d’espace à l’étranger et lui faire sentir chez soi. Etant aux pieds de Jésus,
Marie se laisse modeler par sa parole et sa sœur Marthe lui sert dans les tâches du
service. Ensuite, selon les Évangiles, c’est à Marthe, face à son frère Lazare ramené
en vie, que Jésus révèle les mystères de sa mission: « Je suis la résurrection et
la vie; qui croit en moi, même s’il meurt il vivra; quiconque vit et croit en moi,
ne mourra jamais » (Jn 11,25-26). Le mystère pascal est contenu dans ces mots adressés
à une femme. Les femmes accompagnèrent Jésus jusqu’à la croix « Or près de la croix
de Jésus se tenaient sa mère et la sœur de sa mère, Marie, femme de Clopas, et Marie
de Magdala » (Jn 19,25). Elles furent les premières personnes à accueillir l’annonce
de la Résurrection. Saint Paul, dans l’épître aux Philippiens, fait allusion à Évodie
et Syntychè, deux femmes qui ont lutté pour l’Évangile ensemble avec l’apôtre. Elles
ont exercé le même ministère que Paul, ainsi elles ont joué assurément un rôle prépondérant
dans l’organisation de la communauté (Ph 4,2-3). En ce qui concerne la figure de Phébée,
dont on parle dans la Lettre aux Romains (Rm 16,1-2), qu’on définit comme « sœur dans
la foi, diaconesse et maitresse », Paul l’associe à ses collaborateurs dans l’exercice
du ministère apostolique, en leur donnant une reconnaissance extraordinaire dans la
mentalité du temps. Alors, en disant que Phébée est « maitresse », Paul met en relief
son rôle de guide, de présidence, de prestige humain et chrétien. Finalement, l’apôtre,
dans le chapitre conclusif de la Lettre aux Romains, fait allusion à douze femmes,
parmi lesquelles Junias, en la définissant comme « une éminente femme parmi les apôtres
» (Rm 16,7; 16,15).
2. Les Pères de l’Église
En commentant les
textes des Pères de l’Eglise nous nous rendons compte du grand travail que l’Église
a réalisé en faveur de la femme dans les premiers siècles du christianisme, en lui
donnant la dignité que l’antiquité lui avait accordé avec parcimonie et lenteur. Seulement
pour dire quelques exemples, Saint Jérôme affirme qu’après la résurrection, le Seigneur
apparut aux femmes et qu’elles furent les « apôtres des apôtres ». Saint Augustin
exalte les martyres Félicité et Perpétue, en disant que plus la couronne est précieuse
plus est faible la personne qui la porte. Finalement Grégoire le Grand et Pierre Chrysologue
exaltent l’adhésion spontanée de la femme à la Bonne Nouvelle.
3. Le Magistère
Jean Paul II, dans son Magistère, a mis en relief un jalon pour la fondation
théologique à caractère féminin. Il est celui qui a mieux pris en considération de
manière systématique, dans ses interventions (discours, homélies, lettres apostoliques),
la dignité et la mission de la femme dans la société et dans l’Église. C’est surtout
dans la Redemptoris Mater, dans la Mulieris dignitatem et dans la Lettre aux femmes
que sa pensée est mise en lumière à ce but. Dans ces trois documents il dénonce aussi
les divers problèmes qui tourmentent encore les femmes dans les différentes parties
du monde et demande d’y intervenir avec urgence et des recours efficaces. Dans
la Redemptoris Mater le Pape montre comment la féminité se trouve dans une relation
singulière avec la Mère du Rédempteur, en effet « la figure de Marie de Nazareth projette
une lumière sur la femme en tant que telle du fait même que Dieu, dans l’événement
sublime de l’Incarnation de son Fils, s’en est remis au service, libre et actif, d’une
femme, par conséquent en regardant Marie la femme trouve en elle le secret pour vivre
dignement sa féminité et réaliser sa vraie promotion et continue à mettre en évidence
les qualités caractéristiques de la femme, de chaque femme, en particulier de la femme
consacrée » (RM n. 46). Dans la Mulieris dignitatem (1988) Jean Paul II parle
du « génie féminin » et de Dieu qui confie de manière spéciale l’homme à la femme,
deux expressions qui résument sa pensée et expriment toute sa confiance et son espoir
dans la femme et dans sa grande « mission dans le monde ». « Le génie féminin » dont
parle Jean Paul II est la « capacité de voir loin » et de pressentir ce qui va au-delà,
de saisir avec les yeux du cœur l’essentiel non visible facilement par les yeux du
corps. Cette capacité appartient, plus que jamais, à la femme parce que sa vocation
passe de manière spéciale à travers l’amour. Dans la Lettre aux femmes , écrite
à l’occasion de la IV Conférence mondiale « sur la femme et le développement » qui
s’est tenue à Pékin en 1995 , Jean Paul II reprend ce « Merci à Dieu » avec lequel
il avait conclu la Mulieris dignitatem et il conclut en disant: « Merci à toi, femme,
pour le seul fait d’être femme! Par la perception propre à ta féminité, tu enrichis
la compréhension du monde et tu contribues à la pleine vérité des relations humaines
» (n. 2). Dans la Conférence internationale du Pékin où l’on voit réunis pour la
première fois dans l’histoire les représentants de 189 Pays parmi lesquels le Saint-Siège,
il y eut un accord sur une déclaration solennelle: l’éducation et la santé des femmes
sont d’une importance cruciale pour le soutien et la croissance d’une Nation. On décida
donc que d’ici au 2015 tous les Gouvernements dussent établir le droit à l’accès éducatif
de toutes les femmes et à l’assistance médicale en maternité et aux services de base
de planifications familiales, et que tous les Gouvernements dussent se mobiliser pour
réduire la mortalité enfantine et maternelle. Dans l’encyclique Caritas in Veritate
, à la fin du numéro 62, le Saint-Père Benoit XVI affirme la dignité de la personne
migrante, homme et femme, en disant que « tout migrant est une personne humaine qui,
en tant que telle, possède des droits fondamentaux inaliénables qui doivent être respectés
par tous et en toute circonstance ». Dans sa visite pastorale à Malte, qui s’est
tenue du 17 au 18 avril de cette année, le Saint-Père est revenu sur le phénomène
migratoire, en renouvelant au Gouvernement Maltais et aux Pays membres de l’Union
Européenne l’exhortation à revoir les politiques migratoires, avec une attention vers
celui qui fuit des Nations en crise humanitaire et en les invitant surtout à l’accueil:
« comme Dieu et l’Église ne refusent pas un être humain souffrant, ainsi les Gouvernements
ont le devoir d’accueillir les migrants qui atteignent nos frontières, certains fuient
des situations de violence et de persécution, d’autres sont à la recherche de meilleures
conditions de vie, en leur assurant toujours le respect de leurs droits » . Ils
sont nombreux les Instituts de Vie Consacrée et les Sociétés de Vie Apostolique (soit
masculin que féminin), ainsi que les Associations laïques et les Mouvements ecclésiaux
qui s’occupent, a des niveaux différents, de l’assistance aux femmes migrantes qui,
dans leur engagement ouvrable, subissent différentes formes de violence. Nous pouvons
citer par exemple, au niveau international, la Congrégation des « Sisters of the Good
Shepherd », la Congrégation des Missionnaires Scalabriniens et celle des Sœurs Missionnaires
de Saint Charles Borromée.
Conclusion
Un regard sur l’histoire
nous fait constater que généralement la femme a été considérée, pendant longtemps,
comme étant subordonnée à l’homme. Beaucoup de chose a changé au cours des siècles.
Cependant la communauté internationale prête encore une attention insuffisante à certaines
questions fondamentales. Il n’y a pas encore des lois universellement prodiguées au
service de la maternité et qui tiennent dûment compte du fait que la femme a une manière
propre de gérer les différentes réalités. Dans ce contexte, la famille a une importance
capitale, puisqu’elle est définie comme la cellule fondamentale de la société. La
Théologie de la mobilité humaine affirme la culture du respect du migrant, l’accueil,
l’égalité et la valorisation des diversités légitimes, capables de faire voir les
femmes migrantes comme porteuses de valeurs et de ressources . Pour ces motivations,
l’Église invite les Gouvernements à revoir les politique et les règles qui compromettent
la tutelle des droits fondamentaux, comme la lutte contre les abus sur le travail
et surtout ceux qui sont sexuels, l’accès aux services sanitaires, le logement, la
nationalité, le regroupement familier et l’assistance aux jeunes mères. La Convention
Internationale sur la Protection des Droits de tous les travailleurs migrants et des
membres de leurs familles, adoptée le 18 décembre 1990 et entrée en vigueur à partir
du premier juillet 2003, a été reconnue par les 179 États qui avaient déjà souscrit
la Convention sur l’élimination de toutes les formes de Discrimination contre la Femme
de 1979, et par les 192 États signataires de la Convention de 1989 sur les Droits
de l’enfance. Elle a été ratifiée, cependant, par 42 États seulement. Il s’agit d’un
instrument juridique qui définit, au moins, le statut du travailleur migrant. Dans
le cas spécifique, on remarque que la Convention considère les hommes aussi bien que
les femmes comme travailleurs migrants, sachant que dans le passé les femmes étaient
considérées habituellement comme étant dépendantes des hommes travailleurs migrants:
c’est un progrès remarquable dans la reconnaissance de l’égalité entre hommes et femmes
travailleurs dans l’émigration. Donc, la Convention cherche, dans son ensemble, de
sauvegarder les droits des hommes et des femmes migrants engagés dans le travail. L’Église
se mobilisera pour que les législations sur la liberté religieuse soient des empreintes
d’un esprit de correction et de respect réciproque . Elle continuera, aussi, à accueillir
avec fraternité les migrants qui proviennent des Églises sœurs, à partager avec eux
la richesse de la diversité et à annoncer ensemble l’Évangile à travers la parole
et l’action. Dans la perspective d’une Église ministérielle, missionnaire et plus
attentive au laïcat, une présence adéquate et une juste ministérialité de la femme
devra être mieux approfondie, reconnue et valorisée. Il s’agit de reconnaître leur
rôle spécifique dans un projet d’Église, dans lequel homme et femme, avec des dons
et des tâches particulières et complémentaires, puissent réaliser le meilleur de soi
selon le projet de Dieu dans le Christ. Si à ce but il ne manque pas des signes
positifs de développement, cependant il reste encore de nombreuses difficultés à surmonter,
des préjugés à vaincre, des principes et des buts à réaliser, des aspects opérationnels
à approfondir et à développer. L’insuffisante possibilité concrète de participation
sociale, politique et culturelle que la société civile garantit aujourd’hui à la femme,
se répercute aussi sur nos communautés chrétiennes, appelées pourtant à valoriser
davantage les valeurs de référence, le vécu quotidien et la culture de la femme immigrée.
Il s’agit de développer quelques critères de fonds, pour tout ce qui est largement
confirmé dans le cadre théorique – comme égalité, parité, diversité-spécifique et
réciprocité-coresponsabilité – mais desquelles il est si difficile de faire une traduction
pratique, opérationnelle, cohérente, en promouvant aussi un développement plus complet
de la ministérialité féminine. Si les communautés s’auront devenir un endroit et
un espace dans lequel les hommes et les femmes sont reconnus dans toutes leurs particularités
et accueillis dans leur diversité, elles offriront un signe d’espoir concret et une
contribution d’une nouvelle humanité dans la société actuelle, où les couples, les
familles, les femmes abandonnées, les enfants et les vieillards cherchent des points
de référence authentiquement évangéliques, des vraies places d’accueil et des nouveaux
motifs pour vivre, espérer, croire et aimer. La dévotion populaire considère Marie
comme « Notre-Dame de la route » (EMCC n. 15), modèle et inspiratrice de chaque femme
migrante. Elle est femme, mère, apôtre et Reine (Lettre aux femmes n.10), associée
au zèle sacerdotal, engagé dans l’œuvre pastorale pour les femmes migrantes. Marie
est mère de l’Église et de la famille migrante. Marie est l’apôtre par excellence,
parce qu’elle a donné Jésus et continue à l’offrir au monde dans le champ de l’émigration.
Marie, Reine de l’amour, veille sur toutes les femmes, spécialement les femmes migrantes,
et guides les sur le chemin du progrès humain, de l’amour familier, de la paix entre
les peuples et de la diffusion du Royaume de Dieu.