L’arme nucléaire reste une source de préoccupation majeure
Benoît XVI a reçu ce samedi matin le nouvel Ambassadeur du Japon, monsieur Hidekazu
Yamaguchi, venu lui présenter ses Lettres de créance. Pour le Saint-Siège, l’arme
nucléaire reste une source de préoccupation majeure et le Pape s’est prononcé en faveur
d’un monde sans armes nucléaires. Il est nécessaire – a-t-il dit - de persévérer dans
les efforts en faveur de la non-prolifération des armes nucléaires et pour le désarmement. Ecoutez
le compte-rendu d'Olivier Bonnel
Ci-dessous
de larges extraits du discours du Pape à l’Ambassadeur du Japon :
Le
Saint-Siège se félicite des excellentes relations qu’il a toujours entretenues avec
votre pays depuis de leur établissement, il y a presque soixante ans. Depuis son entrée
dans l’organisation des Nations-Unies, le Japon a été un acteur important, sur la
scène régionale et internationale et a contribué de manière significative à l’expansion
de la paix, de la démocratie et des droits de l’homme en Extrême-Orient et bien au-delà,
en particulier dans les pays du monde en voie de développement. Le Saint-Siège, par
l’intermédiaire de ses missions diplomatiques présentes dans ces Etats, a noté avec
satisfaction le financement accordé par votre pays pour le développement ainsi que
d’autres formes d’assistance. Permettez-moi d’encourager votre Gouvernement à continuer
sa politique de coopération au développement, en particulier dans les domaines qui
touchent les plus pauvres et les plus faibles. Cette année marque le soixante-cinquième
anniversaire du tragique bombardement atomique sur les populations de Hiroshima et
de Nagasaki. Le souvenir de ce sombre épisode de l’histoire de l’humanité devient
chaque année plus poignant, au fur et à mesure que disparaissent ceux qui ont été
témoins d’une telle horreur. Cette tragédie nous rappelle avec insistance combien
il est nécessaire de persévérer dans les efforts en faveur de la non-prolifération
des armes nucléaires et pour le désarmement. L’arme nucléaire reste une source de
préoccupation majeure. Sa possession et le risque de son éventuel usage soulèvent
des tensions et une méfiance dans un bon nombre de régions du monde. Tout
en partageant avec le Japon ce souci d’un monde sans armes nucléaires, le Saint-Siège
encourage toutes les nations à tisser patiemment les liens économiques et politiques
de la paix qui s’élèvent, comme un rempart contre tout prétexte de recours aux armes
et qui permettent de promouvoir le développement humain intégral de tous les peuples
(cf. Audience générale, le 5 mai 2010). Une part des sommes allouées aux armes pourrait
être réaffectée à des projets de développement économique et social, d’éducation et
de santé. Cela contribuerait sans aucun doute à la stabilité intérieure des pays et
à celle entre les peuples (cf. Caritas in veritate, 29). Or, en ces temps d’instabilité
des marchés et de l’emploi, la nécessité de trouver des financements sûrs de développement
demeure une préoccupation constante. Les difficultés liées à la récession
économique mondiale actuelle n’ont épargné aucun pays. Malgré cela, la place du Japon
dans l’économie internationale reste très importante et, en raison de la mondialisation
croissante du système commercial et des mouvements de capitaux, qui est une réalité,
les décisions prises par votre Gouvernement continueront d’avoir un impact bien au-delà
de vos frontières. Puissent tous les peuples de bonne volonté voir dans la crise économique
mondiale actuelle une « occasion de discernement [qui] met en capacité d’élaborer
de nouveaux projets » (Caritas in veritate, 21), projets marqués par la charité dans
la vérité, par la solidarité et par un engagement en faveur d’une sphère économique
orientée de façon éthique (ibid, 36). Votre pays, Excellence, jouit de
la liberté de conscience et de la liberté de culte depuis de nombreuses années, et
l'Église Catholique au Japon a ainsi la possibilité de vivre en paix et dans la fraternité
avec chacun. Ses membres sont libres non seulement de s’engager dans la culture et
la société japonaises, mais de jouer un rôle vivant et actif dans le Japon contemporain,
en particulier à travers ses universités, ses écoles, ses hôpitaux et ses institutions
caritatives, qu’elle met bien volontiers au service de toute la communauté. Dernièrement,
ces institutions ont été heureuses de répondre également aux besoins des populations
migrantes venues au Japon, et dont la situation requiert certainement une prudente
attention et une aide effective de la part de toute la société. Plus encore,
je souligne que les membres de l'Église catholique au Japon sont engagés depuis longtemps
dans un dialogue ouvert et respectueux avec les autres religions, spécialement celles
qui plongent leurs racines dans votre nation. L'Église a toujours promu le respect
de la personne humaine dans son intégrité et dans sa dimension spirituelle, comme
un élément essentiel commun à toutes les cultures qui s’exprime dans la recherche
personnelle du sacré et dans la pratique religieuse. « Dieu est le garant du véritable
développement de l’homme, dans la mesure où, l’ayant créé à son image, il en fonde
aussi la dignité transcendante et alimente en lui la soif d’‘être plus’ » (ibid, 29).
Je voudrais assurer le peuple japonais de la haute considération en laquelle l'Église
catholique porte le dialogue interreligieux, l’engageant fermement afin d’encourager
la confiance mutuelle, la compréhension et l’amitié, dans l’intérêt de la famille
humaine tout entière.