"Lumière du monde". Le livre entretien de Benoît XVI avec un journaliste allemand,
Peter Seewald, a été officiellement présenté ce mardi matin au Vatican. L'ouvrage
est le fruit de six heures d'interviews réalisées au mois de juillet dans la résidence
de vacances pontificale de Castel Gandolfo. Benoît XVI y parle de sa vie quotidienne,
des grands thèmes d’actualité, de l’urgence de rappeler avec des mots nouveaux que
Dieu est amour. L’Eglise existe pour annoncer cette vérité malgré les scandales qui
la blessent – affirme-t-il. Une démarche sans précédent pour un Pape, un entretien
sans filet ni censure. Benoît XVI a choisi d’innover en matière de communication.
Ses réponses à plus de 90 questions sont sincères, tour à tour graves ou ironiques,
fermes et précises. Il en ressort l’image d’un Pape qui bouscule les idées reçues
et propagées par les médias. Tout le contraire d’un conservateur conformiste, d’un
monarque obscurantiste. Sur le ton de la confidence, Benoît XVI donne des indications
précieuses sur les grandes lignes de son programme pastoral. Il s’efforce de livrer
au grand public le fond de sa pensée, sa manière d’être et surtout sa manière d’exercer
l’autorité du ministère de Pierre. Il n’élude pas les sujets qui fâchent : les abus,
l’affaire Williamson, Pie XII. Il reconnait les erreurs, explique ses choix, ébauche
des projets d’avenir : une rencontre avec le Patriarche de Moscou, pourquoi pas ?
Sans diaboliser la modernité, il réaffirme que sa priorité est l’annonce de l’Evangile
dans une société imprégnée d’athéisme pratique, qui a perdu le sens du péché ; le
plus urgent est de faire en sorte que l’humanité n’oublie pas Dieu. Il n’y a par de
révolution sur le fond : le sacerdoce, la sexualité, l’homosexualité, la place des
femmes. Pas de révolution ni de revirements, mais une évolution certaine dans la
forme, une nouvelle image publique d’un pontificat trop souvent incompris. Romilda
Ferrauto