2010-11-10 15:28:20

Mme Romilda Ferrauto promue chevalier de l'Ordre National du Mérite


Ce mardi soir, à 18h30, la rédaction française de Radio Vatican était présente au complet à l’Ambassade de France près le Saint-Siège pour la remise des insignes de Chevalier de l’Ordre National du Mérite à Mme Romilda Ferrauto, rédactrice en chef de la section de langue française de Radio Vatican. C’est Mr Stanislas de Laboulaye, l’Ambassadeur de France près le Saint-Siège, qui lui a remis cette médaille, en présence du cardinal Poupard, ainsi que du père Lombardi, directeur général de Radio Vatican, et su père Andrzej Koprowski, directeur des programmes de la radio.

Écoutez une partie de cette cérémonie. RealAudioMP3

Nous publions ci-dessous les discours de l’Ambassadeur et de Mme Ferrauto.
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Discours de Mr Stanislas de Laboulaye, Ambassadeur de France près le Saint-Siège :

Madame,

Dans cette Ambassade habituée à saluer de leurs titres les prélats et les Ambassadeurs, c’est un plaisir pour moi de saluer tout simplement ce soir, chère Romilda Ferrauto, une femme et une laïque. Car, Madame Ferrauto, vous êtes une femme d’exception : première femme à accompagner le pape Jean-Paul II dans ses déplacements officiels à l’étranger, vous êtes également l’une des rares femmes, responsable de section, à Radio Vatican.

La présence parmi nous ce soir du Cardinal Poupard, que je salue chaleureusement, et du Père Lombardi, ainsi que de l’ensemble de vos collaborateurs de la section française de Radio Vatican témoigne, si besoin était, de l’estime dont vous jouissez dans votre travail. Je suis également heureux d’accueillir des membres de votre famille et plusieurs de vos amis.

Vous me pardonnerez, j’espère, de mettre à mal votre modestie et de retracer devant eux les grandes étapes de votre carrière.

Vous êtes née le 8 septembre 1954 à Tunis où vous passerez toutes vos jeunes années, avant d’obtenir en 1971 votre baccalauréat au Lycée Carnot de Tunis. Vous partez alors pour Rome, pour entreprendre des études de médecine. Mais la vie est parfois l’occasion de profonds retournements. Vous auriez pu devenir médecin mais ce sera finalement le journalisme qui vous retiendra. Vous entrez en 1981 comme rédactrice à Radio Vatican, dans la section française. Vous vous faites peu à peu remarquer et l’on vous confie des responsabilités de plus en plus importantes. Journaliste, vous devenez en 1991 responsable des journaux d’actualité internationale diffusés en français sur Radio Vatican par de nombreuses radios diocésaines, tant en France qu’à travers le monde. Enfin, depuis 2005, vous êtes responsable de la Rédaction française de Radio Vatican, cumulant la lourde charge des journaux quotidiens et hebdomadaires en langue françaises ainsi que celle des différents magazines francophones.

Votre voix, votre nom sont ainsi connus sur les ondes. On apprécie vos reportages. On apprécie la justesse de vos analyses. On apprécie l’équilibre et le professionnalisme dont vous faites preuve. Mais de vous, l’on ne sait pas plus. Et vous m’avez confié, ce que de nombreux autres journalistes de radio m’avaient déjà indiqué, que le fait de demeurer cachée, inconnue du grand public, permettait d’avoir une parole beaucoup plus libre et plus engagée. Permettez-moi cependant de mettre entre parenthèse, quelques instants au moins, cette discrétion qui vous caractérise.

Je voudrais, en effet, saluer en vous une grande professionnelle de la radio. Avec des moyens qui ne sont pas ceux des agences de presse internationales, vous parvenez à produire des journaux et des magazines de grande qualité. Et le diplomate que je suis écoute toujours avec un vif intérêt les informations qui sont diffusées par vous. Rigueur, précision, concision, fidélité sont vos maîtres-mots. A juste titre, vous estimez que le fait d’être la Radio du Pape s’accompagne d’exigences de professionnalisme. En vous écoutant jours après jours, je puis témoigner de la mesure et de l’équilibre dont vous faites preuve dans les dossiers les plus compliqués, et parfois les plus polémiques, témoignant d’une double fidélité au Magistère et au métier de journaliste.

Vos responsabilités vous placent à un poste privilégié d’observation de la vie de l’Eglise et de la vie du monde. Vous suivez l’actualité et le développement des crises à travers le monde. Vous rendez compte des grandes orientations de l’Eglise et je pense en particulier au travail remarquable que vous avez accompli lors du Synode des Évêques pour le Moyen-Orient. Vos fonctions vous donnent également l’occasion de rencontrer et de dialoguer avec d’éminentes personnalités. Me viennent notamment en mémoire les interviews que vous avez faites de plusieurs personnalités comme le Cardinal Ratzinger, le Secrétaire général des Nations-Unies, M. Boutros Boutros-Ghali ou bien encore le Président Nicolas Sarkozy lors de sa visite au Vatican en 2007.

Vous n’en oubliez pas pour autant les informations plus discrètes, ces drames lointains oubliés par le monde occidental. Il est frappant pour moi de voir combien le statut de Radio du Pape, indépendante des grands groupes de presse, vous donne cette liberté de pouvoir interpeller la conscience de nos contemporains sur des situations et des drames que, sans vous, nous aurions tendance à oublier ou à méconnaître.

Même si le journalisme est votre premier métier, vos fonctions sont cependant plus vastes. Je voudrais, en particulier, saluer le formidable travail d’équipe que vous parvenez à faire. Vous avez une équipe jeune, dynamique, intelligente, curieuse du monde et de l’Eglise. Je suis heureux de la voir réunie autour de vous. Sa présence témoigne, si besoin était, de l’esprit que vous avez été capable de leur insuffler et de l’estime qu’elle a pour vous. Je sais, pour en avoir parlé avec plusieurs des membres de votre équipe, combien leur expérience à Radio Vatican est formatrice. Elle sera, pour leur carrière à venir, déterminante.

Madame,

A travers ses 47 langues, ses 200 journalistes répartis dans 61 pays, ses 42.000 heures de production radiophonique par an, Radio Vatican est un monde en miniature. Comme Ambassadeur de France, je suis heureux de voir la place que la langue française y occupe. Nous le devons, pour une large part, à votre action déterminée et à la qualité des programmes produits par votre équipe. Vous avez, en effet, un rôle déterminant à jouer en faveur de la francophonie et de la diversité culturelle.

Dans ce monde multiculturel voire universel de Radio Vatican, vous témoignez avec brio d’une certaine idée de la France dont vous illustrez, par votre action et votre comportement, les hautes vertus de générosité et d’intelligence.

C’est sa profonde reconnaissance que la République tient à vous témoigner par mon intermédiaire. Voilà pourquoi je suis heureux de remettre en présence des personnalités réunies autours de vous, de votre famille, de vos collègues journalistes et de la rédaction française de Radio Vatican dont vous avez la charge, les insignes de l’Ordre national du Mérite.

Romilda Ferrauto, au nom du Président de la République, nous vous faisons Chevalier de l’Ordre National du Mérite.

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Discours de Mme Romilda Ferrauto, chevalier de l’Ordre National du Mérite :

Je voudrais vous dire tout d’abord combien je suis heureuse de vous voir tous ici rassemblés ce soir. Votre présence me touche profondément et m’honore.

Je voudrais vous remercier, monsieur l’Ambassadeur, des aimables paroles que vous m’avez adressées, et vous avouer que je suis très émue, un peu intimidée aussi, mais très fière, d’autant que cette cérémonie se déroule quarante ans après la mort, le 9 novembre 1970, du général de Gaulle, qui a institué l’Ordre du Mérite. J’y vois une heureuse coïncidence,


Les journalistes ont l’habitude d’analyser les événements, de tenter de les décrypter. Je n’ai donc pas pu m’empêcher d’essayer de comprendre pourquoi je reçois une telle décoration, alors que je n’ai accompli aucun geste héroïque, aucune mission périlleuse, alors que je n’ai rien publié, que je ne parcours pas le monde pour donner des cours ou des conférences, etc….

Alors, si vous me demandez ce que j’ai bien pu faire pour mériter une telle décoration, je vous répondrai : « pas grand-chose, mais longtemps ». Cette formule, je l’ai empruntée à un comédien bien connu car elle convient tout à fait à mon parcours. Un parcours atypique.

En effet, cela fait plus de 30 ans que tous les jours, ou presque, je franchis le seuil du Palazzo Pio, le siège de Radio Vatican, que je le fais souvent avec plaisir, et que je repars avec un sentiment de plénitude, le sentiment d’avoir appris quelque chose, d’être plus riche, plus sage en quelque sorte. Pour les raisons que voici :

Sans renier mes origines italiennes, je tiens à souligner que la langue et la culture françaises, qui m’ont façonnée, la culture dans son sens le plus large, occupent une place importante, vitale presque, dans ma vie, dans mes gouts, dans mes choix… Si les circonstances de la vie m’ont amenée à m’installer à Rome, ma vie professionnelle m’a permis non seulement de ne pas être amputée de cette composante essentielle, mais aussi de l’entretenir, de la développer et surtout de contribuer modestement à la promotion et au rayonnement de cette langue et de cette culture qui me sont si chères.
C’est donc en premier lieu à ce titre, si vous le permettez, que je souhaite accueillir l’honneur qui m’est fait ce soir


30 ans à Radio Vatican : Je profite de cette occasion pour expliquer pourquoi (j’allais dire pour « me justifier »). Il arrive souvent, à ceux qui « restent » à Radio Vatican, de croiser, à l’extérieur de nos murs, des regards incrédules, compatissants, ironiques.
A Radio Vatican nous travaillons, tous les jours, sur des textes exigeants, comme les discours du Pape, notamment, sur des sujets complexes d’actualité internationale et religieuse.
D’autres, ailleurs, le font aussi, c’est vrai. Mais chez nous il s’agit de porter un regard autre, différent, sur les événements ; il nous est demandé de choisir en fonction de critères qui ne sont pas forcément ceux des autres médias ; d’avoir le courage d’aller à contre-courant, au risque de ne pas être entendus, de nous émanciper, de nous démarquer même, des idées dominantes, de la pensée unique.
Ce n’est pas simple, mais on y acquiert, je vous assure, une liberté intellectuelle enviable, qu’il est peut-être plus difficile de garder dans d’autres milieux.
On y acquiert aussi la sérénité de ceux qui travaillent un peu dans l’ombre, « en marge ». Car les retours sont rares, nous avons parfois l’impression de naviguer à vue, de parler dans le vide. C’est très formateur.
C’est donc en 2° lieu au nom de Radio Vatican que je souhaite, si vous le permettez, accueillir cette décoration.


Enfin. Le 3° point. Je pense que la Direction de Radio Vatican a fait preuve d’audace quand elle m’a nommé au poste que j’occupe actuellement.
La rédaction française (ou francophone) de Radio Vatican a toujours joui d’un prestige qui dépasse largement le cadre de sa production radiophonique quotidienne. Il y un coté institutionnel parfois lourd à assumer pour de simples journalistes.
Car si la France est connue dans le monde pour son modèle de laïcité, elle reste, malgré tout, la fille ainée de l’Eglise.
Parmi les chrétiens dans le monde, bien des regards, des espoirs, des attentes, continuent de se tourner vers la France. Nous l’avons encore constaté récemment au Synode des évêques pour le Moyen-Orient, et ces jours-ci après l’attaque contre une église à Bagdad.
Par ailleurs je ne pense pas me tromper en affirmant que le Saint-Siège entretient avec la France des rapports privilégiés.
Alors, confier la responsabilité d’une telle rédaction à une femme, au Vatican : il fallait le faire ! Car il n’est pas toujours facile d’être une femme au Vatican. Il leur arrive, parfois, souvent, d’avoir la désagréable impression d’être transparentes, insignifiantes, lorsque les regards les effleurent et s’échappent promptement avec embarras ou irritation.
Mais les choses sont entrain de changer et j’en suis un exemple parmi d’autres. Quelques autres peu nombreux.
C’est donc enfin au nom du génie féminin que je souhaite, si vous le permettez, accueillir cette décoration, le génie féminin qui se fraye un chemin dans des lieux où il a, je crois, une contribution importante à offrir.


Voilà ce que je souhaitais dire. Je veux encore remercier ceux qui m’ont fait confiance. Il y en a quelques uns ici. Je ne les citerai pas mais ils se reconnaitront.









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