Les chrétiens d'Irak, sommés de quitter le pays. Le témoignage d'un dominicain
Les chrétiens de Bagdad en deuil enterraient ce mardi des dizaines de fidèles, dont
beaucoup de femmes et d’enfants, tués dans l’attaque de la cathédrale syriaque catholique,
revendiquée par la branche irakienne d’Al-Qaïda. L’église chaldéenne Saint-Joseph,
située au centre de Bagdad qui accueillait la cérémonie, était bondée. "Nous n'avons
pas peur de la mort et des menaces", a lancé le cardinal Emmanuel III Delly, chef
de l'Eglise chaldéenne, alors que de nombreux chrétiens ont confié depuis dimanche
vouloir quitter le pays. "Nous sommes les fils de ce pays et resterons en Irak main
dans la main avec nos frères musulmans pour glorifier le nom de l’Irak", a-t-il ajouté.
Les prières, destinées à l'ensemble des victimes de cette attaque, étaient couvertes
par les gémissements et les pleurs des proches en deuil. Ce massacre, l’un des
plus meurtriers contre les chrétiens en Irak, a soulevé une vague d’indignation et
de condamnations dans le monde. Selon des rescapés, un commando lourdement armé a
pris d'assaut dimanche en fin d'après-midi la cathédrale Notre-Dame du Perpétuel secours,
où la messe venait de commencer. Cette nouvelle action risque fort d’accentuer la
précarité et l’exode des chrétiens, une question qui était au cœur du tout récent
synode des éveques sur le Moyen Orient réuni à Rome. En juin dernier, le frère
Nageeb Mekhail, supérieur de la communauté dominicaine de Mossoul, n’hésitait pas
à utiliser le mot "génocide" pour décrire la situation des chrétiens. Charles-François
Brejon l'a joint par téléphone