2010-10-18 17:33:23

Intervention de Mme Huda MUSHER, Directeur de "Caritas" (JORDANIE), auditrice


Je suis remplie, à la fois, d’un sentiment de frayeur qui m’envahit à cause du lieu et de la présence, et d’humilité en tant que participante à cette importante rencontre historique. Je rappelle à ceux qui, parmi vous, en sont conscients, ce qu’une dame de l’Orient et de Soufanieh à Damas nous a transmis, concernant les paroles que la Sainte Vierge lui a adressées, l’invitant à agir “pour l’unité de l’Église et l’importance de sauvegarder la présence chrétienne en Orient”.
Permettez-moi, d’abord, de me présenter à vous; je suis une grand-mère chrétienne de l’Orient, Jordanienne, de nationalité arabe; j’aime ma foi chrétienne de toute ma volonté et de tout mon être, et je respecte toute personne qui aime sa religion et lui obéit, car vous nous avez enseignés que “nous sommes tous frères dans le Christ”.
Je peux seulement, et avec la simplicité d’une grand-mère, participer avec vous avec une sincérité absolue: ce que l’on espère de ce Synode va au-delà du discours sur le passé et sur la situation réelle du christianisme en Orient, pour arriver à une vision claire et un programme précis pour relever les défis de cette réalité et identifier les moyens de les surmonter. Commençons par reconnaître la spécificité de l’identité chrétienne orientale et l’importance de la définir, car le chrétien oriental appartient à la nationalité de sa patrie, il a contribué, et ne cesse de le faire, à construire la civilisation arabe et islamique, et il est en même temps le descendant des premiers chrétiens sur cette terre. La spécificité du chrétien oriental suppose que le dialogue des religions commence entre les fils du même peuple, avant ou simultanément avec les dialogues des chefs de la pensée elle-même, pour que disparaisse l’ignorance du chrétien vis-à-vis de la religion de son frère musulman et, de la même manière, celle du musulman vis-à-vis de son frère chrétien.
Le chrétien oriental est un laïc qui ne comprend pas la laïcité comme étant un éloignement de la religion, mais bien plutôt comme le refus de l’instauration de l’État s’appuyant sur des bases religieuses, qu’elles soient chrétiennes, islamiques ou judaïques.
La spécificité du chrétien oriental implique aussi que les chrétiens célèbrent leurs fêtes ensemble, comme c’est le cas en Jordanie où les chrétiens célèbrent la fête de Noël selon le calendrier occidental et la fête de Pâques selon le calendrier oriental, ce qui fait que les chrétiens partagent ainsi leurs joies et à leurs tristesses; de cette manière, ils deviennent “un seul coeur et une unité solidaire”. Un très fort sentiment m’envahit en pensant combien le Christ sera heureux lorsque tous les chrétiens célébreront leurs fêtes ensemble.
Enfin, le chrétien oriental se considère le plus capable, du point de vue intellectuel, pour traiter intellectuellement avec l’Occident: il est, en s’inspirant de sa conviction, à l’avant-garde pour défendre les causes de sa nation, et il assume la responsabilité de transmettre la conception d’un Islam modéré au monde entier. Il n’y voit pas une contradiction avec sa religion ou sa foi. En Jordanie, le chrétien s’appuie sur “le Message d’Amman”, lancé par la Jordanie en 2003, comme base pour la conception d’un Islam moyen modéré.

[00164-03.07] [UD024] [Texte original: arabe]







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