Intervention de S. Ém. Makarios TILLYRIDIS, Métropolite de Kenya (KENYA)
En ce jour spécial, je me sens très honoré et envahi d’une très grande humilité pour
cet honneur qui m’est donné de parler devant vous. Je considère aussi comme une bénédiction
le fait de pouvoir parler en votre présence, Votre Sainteté, de cette région qui sera
toujours unique dans l’histoire du Christianisme, car c’est de là que prend origine
la création. Pour la majorité du monde, le Moyen-Orient est une région de précarité.
Mais nous, en tant que croyants en l’Évangile du Christ, nous en avons une meilleure
connaissance, parce notre croyance est fondée sur les enseignements du Prince de la
paix. Votre Sainteté, vos propres paroles pleines de perspicacité, alors que vous
vous adressiez récemment à la Société britannique, expriment cette croyance que, ‘C’est
pourquoi je suggère que le monde de la raison et le monde de la foi - le monde de
la rationalité séculière et le monde de la croyance religieuse - ont besoin l’un de
l’autre, et ils ne devraient pas craindre d’engager un dialogue approfondi et permanent
entre eux, pour le bien de notre civilisation’. Ce message est bien plus applicable
et important ici, au Moyen-Orient, où la réconciliation, l’amour et la compréhension
sont très essentiels pour une cohabitation et une coopération pacifiques. St Thomas
d’Aquin avait dit que, ‘en raison des différentes conditions dans lesquelles vivent
les êtres humains, il arrive que certains actes soient vertueux pour certains, comme
étant appropriés à eux et leur convenant, tandis que ces mêmes actes devenaient immoraux
pour d’autres, ne leur étant pas adaptés’. Ceci parle en faveur d’une situation comme
celle que nous avons ici dans cette région où un mélange de religions et de cultures
se côtoient, où la croyance de l’un n’est pas la même que celle de son voisin. Au
Moyen-Orient, la liberté de religion signifie habituellement liberté de culte et non
pas liberté de conscience, i.e., la liberté de changer sa propre religion pour croire
en une autre. La situation à laquelle nous devons faire face ici, est celle où la
religion est un choix social et même national, et non pas un choix individuel. Changer
de religion est considéré comme une trahison envers la société, fondée largement sur
une religion traditionnelle. Nous devrions, toutefois, toujours nous rappeler que
ceci n’exclue pas l’amour qui est l’élément requis pour l’unité et le travail en commun
de toutes les églises chrétiennes du Moyen-Orient. Il est très important pour nous,
en tant que Pasteurs, de cultiver l’union, avec un amour sincère, en nous rappelant
les paroles de Mère Teresa: “Si vous voulez qu’un message d’amour soit entendu, il
faut qu’il soit envoyé”. Nous sommes donc appelés à envoyer un message d’amour à tous
ceux qui sont autour de nous et qui ont, d’une manière ou d’une autre, une incidence
dans nos vies.
Concernant la communauté de nos frères et soeurs musulmans
ainsi que la communauté juive tout autour de nous, nous nous devons de respecter leurs
croyances et leurs modes de vie. Nous avons besoin de cultiver le respect et l’appréciation
de toutes les croyances au milieu desquelles nous vivons, tout en prêchant le message
d’amour et de paix dans toutes ces différentes religions. La coopération avec les
non-chrétiens est très importante pour panser les injustices du passé et promouvoir
une cohabitation pacifique. En tant que bergers dans ce grand vignoble de notre Seigneur,
je vous encourage à aller de l’avant avec humilité, amour et compréhension, en promouvant
la grande mission confiée par notre Seigneur dans Mathieu 28, 19-20. En toute humilité,
le message de notre Seigneur sera très certainement entendu au sein de toutes les
races, de toutes les croyances et toutes les cultures qui nous entourent dans cette
région. Une fois encore, laissez-moi exprimer ma sincère gratitude pour cette invitation
spéciale, et particulièrement à Votre Sainteté, Pape Benoit XVI. Je vous souhaite
toute la paix de notre Seigneur et Sauveur Jésus Christ. Qu’il nous garde unis pour
toujours dans la Foi.