L'invité Spécial au Synode, Rabbin David Rosen à l'Assemblée des Évêques: aujourd’hui,
les rapports entre l’Eglise catholique et le peuple juif connaissent une heureuse
transformation
INTERVENTION DE L’INVITE SPECIAL, RABBIN DAVID ROSEN, CONSEILLER DU GRAND RABBINAT
D'ISRAEL, DIRECTEUR DU DEPARTEMENT POUR LES AFFAIRES INTERRELIGIEUSES DE L'"AMERICAN
JEWISH COMMITTEE" ET DE L'INSTITUT HEILBRUNN POUR L'ACCORD INTERNATIONAL INTERRELIGIEUX
(ISRAEL)
Nous publions, ci-dessous, la traduction en français du texte intégral
de l'intervention.
Aujourd’hui, les rapports entre l’Église catholique et le
peuple juif connaissent une heureuse transformation qui a lieu à notre époque et qui
n’a sans doute pas d’égal dans l’histoire.
Dans son discours à la grande synagogue,
ici à Rome, en janvier dernier, S.S. le Pape Benoît XVI a parlé de l’enseignement
du Concile Oecuménique Vatican II comme d’ “un point de référence vers lequel se tourner
constamment dans l’attitude et dans les rapports avec le peuple juif, marquant une
étape nouvelle et décisive”. Naturellement, cette transformation frappante dans
la façon dont le peuple juif est vu et présenté, a dû et doit encore affronter l’influence
de siècles, voire de millénaires d’”enseignement du mépris” à l’égard des juifs et
du Judaïsme, qui ne peut être éliminé, bien évidemment, du jour au lendemain, ni même
en quarante-cinq ans. Inévitablement, les effets de cette transformation sur les relations
catholiques-juives varient considérablement d’un contexte à l’autre, étant influencées
par des facteurs sociologiques, éducatifs et même politiques. L’intériorisation la
plus évidente a sans doute eu lieu aux États-Unis d’Amérique où les juifs et les chrétiens
vivent dans une société ouverte, côte à côte, en minorités vibrantes, sûres d’elles
et engagées sur le plan civil. Par conséquent, leurs relations ont progressé de manière
exceptionnelle, impliquant la coopération et les échanges entre les communautés et
leurs institutions éducatives; et aujourd’hui les États-Unis se vantent d’avoir littéralement
des dizaines d’institutions académiques pour les études et les relations catholiques-juives,
alors que dans le reste du monde il n’y en a peut-être que trois. En effet, au sein
des communautés juives des États-Unis, l’Église catholique est largement perçue comme
une amie authentique ayant des valeurs profondes et des intérêts communs. C’est pour
moi un privilège d’être à la tête de la représentation internationale inter-confessionnelle
de l’American Jew Commitee, qui a été et qui continue d’être l’organisation juive
la plus importante de cette transformation historique remarquable. Il existe toutefois
de nombreux pays où ces facteurs sociaux et démographiques ne sont pas présents. Dans
la plupart des pays où le Catholicisme est la force sociale dominante, les communautés
juives sont peu nombreuses, quand elles sont présentes, et on fait peu d’attention
aux relations entre l’Église et le Judaïsme. J’avoue avoir été surpris de découvrir
que le clergé catholique et parfois même la hiérarchie de certains pays ignorent tout
non seulement du Judaïsme contemporain, mais aussi de Nostra Aetate, des documents
du Vatican y découlant et, par conséquent, des enseignements du Magisterium concernant
les juifs et le Judaïsme. Si, comme il a été indiqué, l’expérience juive aux États-Unis
a fait beaucoup pour atténuer les impressions négatives du passé tragique, l’ignorance
sur le Christianisme est encore très répandu dans le monde juif, surtout là où les
contacts avec les chrétiens modernes sont rares ou inexistants. Dans le seul espace
politique du monde où les juifs représentent une majorité, l’État d’Israël, ce problème
est aggravé par le contexte politique et sociologique. Au Moyen-Orient, comme dans
la plupart des régions du monde, les communautés ont tendance à vivre dans leurs milieux
linguistique, culturel et confessionnel, et Israël ne fait pas exception. Qui plus
est, les chrétiens arabes en Israël représentent une minorité au sein d’une minorité:
environ 120 000 sur une population arabe d’environ 1 million et demi d’habitants,
presque exclusivement musulmane et constituant près de vingt pour cent de l’ensemble
des citoyens israéliens (environ sept millions et demi).
Il est vrai que les
Israéliens arabes chrétiens représentent une minorité religieuse particulièrement
prospère sous différents aspects; leurs niveaux socio-économique et éducatif sont
bien au-dessus de la moyenne - leurs écoles reçoivent les meilleures notes lors des
examens annuels d’inscription à l’université - et beaucoup d’entre eux ont joué un
rôle de premier plan dans la politique et ont vraiment su tirer parti du système démocratique
dont ils font partie intégrante. Cependant, pour la très grande majorité d’Arabes
et de Juifs, la vie au quotidien se déroule dans leurs contextes respectifs. Il s’ensuit
que la plupart des Israéliens juifs ne rencontrent pas les chrétiens contemporains;
et même quand ils voyagent à l’étranger, ils ont tendance à rencontrer les non-juifs
en tant que tels, et non pas en tant que chrétiens modernes. Par conséquent, jusqu’à
ces derniers temps, une grande partie de la société israélienne ignoraient les changements
profonds qui ont eu lieu dans les relations catholiques-juives. Or, la situation a
commencé à changer considérablement ces dix dernières années pour diverses raisons,
dont deux en particulier méritent d’être mentionnées. La première, ce sont les
effets de la visite de feu Jean-Paul II en l’an 2000, à la suite de l’établissement
des relations bilatérales à part entière entre Israël et le Saint-Siège six ans plus
tôt. Si ce dernier fait avait déjà été perçu en Israël, ce fut le pouvoir des images
visuelles, dont Jean-Paul II avait si bien compris l’importance, qui révéla clairement
à la majorité de la société israélienne la transformation qui s’était produite dans
les attitudes et dans les enseignements chrétiens à l’égard du peuple juif, avec
qui le Pape lui-même avait maintenu et renforcé l’amitié et le respect réciproque.
Pour les Israéliens, voir le Pape devant le Mur occidental, vestige du Second Temple,
se tenir là en signe de respect pour la tradition juive et y placer le texte qu’il
avait composé pour une liturgie de pardon, qui avait eu lieu deux semaines plus tôt
ici à Saint-Pierre et où il demandait le pardon divin pour les péchés commis contre
les juifs au cours des siècles, a eu des effets stupéfiants et très touchants. Il
reste un long chemin à faire avant que la communauté juive d’Israël surmonte son passé
négatif, mais il n’y a pas de doute que les attitudes ont changé depuis cette visite
historique. Elle a conduit en plus à une nouvelle grande possibilité de dialogue,
de compréhension et de collaboration sous la forme d’une commission bilatérale du
Grand Rabbinat d’Israël et de la Commission du Saint-Siège pour les relations religieuses
avec la communauté juive, créée sur l’initiative de Jean-Paul II et largement louée
par le Pape Benoît XVI au cours de son pèlerinage en Terre Sainte l’année dernière,
ainsi que dans son discours à la grande synagogue, ici à Rome, au début de l’année. L’autre
facteur important, c’est l’afflux de nouveaux chrétiens qui ont doublé la composition
démographique du christianisme en Israël. Je fais référence tout d’abord aux quelques
cinquante mille chrétiens pratiquants qui ont fait partie intégrante de l’immigration
vers Israël de ces dernières vingt années provenant de l’ancienne Union soviétique.
Étant en même temps liés à la société juive par des liens familiaux et culturels,
on peut affirmer qu’ils représentent la première minorité chrétienne se considérant
comme partie intégrante de la majorité juive depuis la toute première communauté chrétienne. Ces
chrétiens, comme les communautés arabo-chrétiennes, sont des citoyens israéliens qui
jouissent à plein titre du droit de citoyenneté et d’égalité devant la loi. Il existe
cependant une troisième population chrétienne en Israël dont la position légale est
parfois problématique. Il s’agit de plusieurs milliers de chrétiens pratiquants
parmi les près de 250 000 travailleurs immigrés, venant des Philippines, d’Europe
de l’Est, d’Amérique latine et d’Afrique sub-saharienne. La plupart d’entre eux résident
dans le pays de manière légale et temporaire, mais près de la moitié sont entrés ou
résident illégalement et leur position est précaire sur le plan légal.
Néanmoins,
la présence chrétienne consistante parmi cette population assure une vie religieuse
vibrante et constitue une troisième dimension importante pour la réalité chrétienne
en Israël aujourd’hui. Ces facteurs ont contribué, parmi d’autres, à faire connaître
de plus en plus en Israël le christianisme contemporain. De plus, alors qu’il existe
environ deux cent organisations israéliennes visant à promouvoir la compréhension
et la coopération entre Arabes et Juifs d’une manière générale , il existe aussi littéralement
des dizaines d’organismes visant à promouvoir la rencontre interreligieuse, le dialogue
et les études, où la présence chrétienne est exorbitante et très significative. Cela
est dû, évidemment, essentiellement à la présence d’institutions chrétiennes et de
leur clergé, de spécialistes, de représentants internationaux des Églises, et ainsi
de suite, qui contribuent de manière disproportionnée par rapport à leur nombre à
ces efforts, notamment dans le domaine du savoir. De surcroît, le fait que dans l’État
d’Israël les chrétiens, comme les musulmans, représentent une minorité ayant besoin
d’être acceptée et comprise par la majorité juive concourt à donner l’élan vers un
engagement inter-confessionnel (contrairement à ce qui se passe souvent ailleurs). Les
chrétiens en Israël sont évidemment dans une situation très différente par rapport
à leurs communautés soeurs en Terre Sainte, qui font partie intégrante d’une société
palestinienne luttant pour son indépendance et qui sont inévitablement prises tous
les jours dans le conflit israélo-palestinien. En effet, certaines de ces communautés
étant placées dans l’intersection entre la juridiction israélienne et celle palestinienne,
elles sont souvent les plus touchées par les mesures de sécurité que l’État juif se
voit dans l’obligation de maintenir afin de protéger ses propres citoyens contre la
violence continue venant des territoires palestiniens. Il est tout à fait juste et
opportun que ces chrétiens palestiniens expriment leur détresse et leurs espoirs vis-à-vis
de cette situation, mais il faut noter avec regret que ces expressions ne sont pas
toujours en accord avec la lettre et l’esprit du Magisterium concernant les relations
avec les juifs et le Judaïsme. C’est ce qui semble se refléter dans un contexte géographique
plus vaste où l’impact du conflit arabo-israélien a bien trop souvent entraîné un
sentiment de gêne chez de nombreux chrétiens face à la redécouverte de l’Église de
ses racines juives et, dans certains cas, une préférence pour le préjugé historique. Néanmoins
la détresse des Palestiniens en général, et des Chrétiens palestiniens en particulier, devrait
constituer une préoccupation profonde pour les Juifs, tant d’Israël que de la Diaspora.
D’abord, le Judaïsme a fait connaître au monde que chaque personne humaine a été créée
à l’image de Dieu; et que par conséquent, comme les sages du Talmud l’enseignent,
tout manque de respect à l’égard d’une autre personne, est un acte de non respect
envers le Créateur lui-même; nous avons une responsabilité spéciale tout particulièrement
pour nos voisins qui souffrent. Cette responsabilité est encore plus grande quand
la souffrance provient d’un conflit dans lequel nous avons une part et, paradoxalement,
précisément là où nous avons le devoir moral et religieux de nous protéger et de nous
défendre. Pour moi, personnellement, en tant qu’Israélien de Jérusalem, la situation
douloureuse en Terre Sainte et la souffrance de tant de personnes des différents côtés
du fossé politique, est une source de grande douleur; même si je réalise pleinement
qu’il a été usé et abusé pour accentuer les diverses tensions qui ont débordé le contexte
géographique du conflit lui-même. Pourtant, je remercie Dieu pour le nombre remarquable
d’organisations qui, dans notre société, oeuvrent pour soulager le plus de souffrances
possibles dans ce très difficile contexte. Je suis fier d’être un fondateur d’une
de ces organisations, Rabbins pour les Droits de l’Homme, dont le directeur et les
membres, précisément en tant que loyaux citoyens israéliens, continuent de lutter
pour préserver et promouvoir la dignité humaine de tous, et spécialement des plus
vulnérables. Je suis bien sûr tout à fait conscient du carnage, tout récemment, dans
les rues de nos villes et des continuelles menaces toujours présentes dans le but,
bien évident, de détruire et d’exterminer Israël. Néanmoins, nous devons nous efforcer
de faire tout ce que nous pouvons pour alléger les épreuves liées à cette situation
et spécialement celles qui concernent les communautés chrétiennes à Jérusalem et alentour. En
effet, au cours de ces récents mois, les conditions se sont nettement améliorées,
par exemple, en ce qui concerne la liberté de mouvement du clergé, et l’on a pu constater
récemment une plus grande compréhension des besoins des communautés chrétiennes locales
de la part des autorités, en dépit des défis liés à la sécurité. Nous continuons à
faire pression en ce sens, étant convaincus qu’en définitive c’est dans l’intérêt
de tous. Effectivement, la responsabilité juive pour s’assurer que les communautés
chrétiennes s’épanouissent parmi nous, en respectant la réalité que la Terre Sainte
est la terre de la naissance du Christianisme et des lieux saints, est renforcée par
notre fraternité de plus en plus redécouverte.
Pourtant, en dehors de notre
relation particulière, les chrétiens en tant que minorité tant en contexte juif que
musulman, tiennent un rôle spécial dans nos sociétés en général. La situation des
minorités est toujours le reflet profond de la condition sociale et morale d’une société
dans son ensemble. Le bien-être des communautés chrétiennes au Moyen-Orient n’est
rien d’autre qu’une sorte de baromètre de la condition morale de nos pays. Le degré
auquel les Chrétiens jouissent des droits civils et religieux et des libertés témoigne
de la bonne santé ou non des sociétés respectives au Moyen-Orient. De plus, comme
je l’ai déjà indiqué, les chrétiens jouent un rôle disproportionné pour la promotion
de la compréhension et de la coopération interreligieuses dans le pays. En effet,
je me permettrais de suggérer que ceci est précisément le métier du chrétien, contribuer
à surmonter le préjudice et l’incompréhension qui apportent la confusion en Terre
Sainte et qui, naturellement, sont fortement renforcés dans la région en général.
Bien qu’il ne soit pas juste de s’attendre à ce que les petites communautés chrétiennes
locales soient en mesure de supporter seules une telle responsabilité, nous devrions
peut-être espérer qu’elles soient soutenues en ce sens par leur Église universelle
et ses autorités centrales, elles pourraient devenir effectivement des pacificatrices
privilégiées dans la ville, dont le nom veut dire paix et qui possède cette signification
pour nos communautés. Déjà quelques premiers signes en ce sens se sont fait sentir
dans le rôle local de leadership catholique, comme la création au cours de ces récentes
années du Conseil des Institutions religieuses de Terre Sainte, qui réunit ensemble
le Grand Rabbinat d’Israël, les Tribunaux de la Sharia et le Ministère des Affaires
religieuses de l’Autorité Palestinienne, ainsi que le leadership chrétien officiel
en Terre Sainte. Ce Conseil non seulement facilite la communication entre les diverses
autorités religieuses, mais il se consacre aussi à oeuvrer pour combattre les malentendus,
l’intolérance et la provocation, et cherche aussi à être une force pour la réconciliation
et la paix de sorte que deux nations et trois religions puissent vivre sur la même
terre en toute dignité, liberté et tranquillité. Le Document de travail de l’Assemblée
Spéciale pour le Moyen-Orient cite le Pape Benoit XVI dans son interview avec l’Osservatore
Romano en route pour la Terre Sainte comme ci-après: “Il est important d’avoir, d’une
part, un dialogue bilatéral - avec les juifs et avec les musulmans - et, d’autre part,
un dialogue trilatéral” (sect. 96). En effet, l’année dernière, et pour la première
fois, le Conseil pontifical pour le dialogue interreligieux et la Commission pontificale
pour les Relations religieuses avec le Judaïsme, recevaient ensemble avec le Comité
juif international de Consultations interreligieuses (IJCIC) et la Fondation des Trois
cultures à Séville, en Espagne, notre premier dialogue trilatéral. J’ai éprouvé une
joie toute particulière du fait qu’il avait été proposé durant ma présidence du IJCIC,
et que j’espère ardemment qu’il ne s’agit que du début d’un dialogue trilatéral beaucoup
plus étendu, pour surmonter la méfiance, les préjudices et les incompréhensions, afin
que nous puissions mettre en lumière les valeurs partagées dans la famille d’Abraham
pour le bien-être de toute l’humanité. Selon moi, il semble que la commission bilatérale
mentionnée précédemment avec le Grand Rabbinat d’Israël et le Conseil des Institutions
religieuses de Terre Sainte offrent ensemble même une plus grande opportunité et défi
à cet égard.
Le Document de travail fournit aussi des éléments importants
sur la nature des relations des Chrétiens avec, à la fois, les Musulmans et les Juifs.
Il reprend les paroles du Pape Benoit XVI à Cologne, en août 2005, quand il décrivait
les relations avec l’Islam comme “une nécessité vitale... dont dépend en grande partie
notre avenir” (sect. 95). En effet, au Moyen-Orient, ceci est une évidence. Si l’on
comprend le concept de dar el Islam dans un contexte seulement géographique/culturel
ou bien dans un contexte théologique, la demande critique pour l’avenir de nos communautés
respectives est de savoir si ou non nos frères musulmans peuvent considérer la présence
des chrétiens et des juifs comme faisant pleinement partie, légitimement et intégralement,
de la région dans l’ensemble. Vraiment le besoin d’aborder cette question est non
moins qu’ “une nécessité vitale... dont... dépend notre avenir”. Effectivement,
elle se relie à la vraie question qui est celle des “racines” du conflit israélo-arabe.
Ceux qui déclarent que l’“occupation” est “à la base” du conflit sont complètement
dans l’erreur. Ce conflit s’est poursuivi pendant des décennies bien avant la Guerre
des Six Jours en 1967 ayant comme résultat la mise sous contrôle israélien de la Cisjordanie
et de Gaza. “L’occupation”, en fait, c’est précisément une conséquence du conflit,
et la vraie raison qui en est à la base est celle de savoir si le monde arabe peut
tolérer une politique souveraine non-arabe en son sein. Cependant, le Document
de travail commentant la Dei Verbum décrit le dialogue de l’Église “avec ses frères
aînés” non pas comme une juste nécessité, mais comme “essentielle” (sect. 87). En
effet, lors de sa visite à la grande synagogue dans cette ville, cette année, le Pape
Benoit XVI citait le Catéchisme de l’Église catholique (sect. 839). “C’est en méditant
sur son propre mystère que l’Église, le Peuple de Dieu de la Nouvelle Alliance, découvre
son lien profond avec les Juifs, qui ont été choisis par le Seigneur avant tous les
autres pour revoir Sa parole”, et il ajoutait que “la foi juive, contrairement aux
autres religions non-chrétiennes, est déjà une réponse à la révélation de Dieu”. Ces
paroles font écho à celles du feu Pape Jean-Paul II qui, au cours de sa visite historique
à ce même lieu de culte juif dans cette ville, en 1986, déclarait que “la religion
juive ne nous est pas extrinsèque mais est, dans un certain sens, intrinsèque à notre
propre religion. Nous avons donc, avec le Judaïsme, une relation que nous n’avons
avec aucune autre religion”. En outre, dans son Exhortation Apostolique du 28 juin
2003, il décrivait “le dialogue et la coopération avec les croyants de la religion
juive” comme étant “fondamentalement importants pour la connaissance de soi des Chrétiens”
en conformité avec l’appel du Synode “pour la connaissance des racines communes liant
le Christianisme et le peuple Juif, qui sont appelés par Dieu à une alliance qui reste
irrévocable”. Comme je l’ai fait remarquer, les réalités politiques du Moyen-Orient
ne facilitent pas toujours la connaissance de ces exhortations de la part des chrétiens
de cette région. Toutefois, je prie pour que le miracle auquel se référait Jean-Paul
II comme “la floraison d’un nouveau printemps dans les relations mutuelles” devienne
de plus en plus évident au Moyen-Orient comme partout dans le monde. Enfin, consacrons-nous,
avec encore plus de dévotion, à la fois par la prière et le travail, pour la paix
et la dignité pour tous. Prions avec les paroles du Pape Jean-Paul II au Mur occidental
de Jérusalem, celles avec lesquelles le Pape Benoit XVI concluait sa présentation
à la grande synagogue de Rome. “Envoie ta paix sur cette Terre Sainte, sur le Moyen-Orient,
sur la famille humaine toute entière; éveille le coeur de tous ceux qui invoquent
ton nom, afin qu’ils marchent humblement sur le chemin de la justice et de la compassion”. Et
permettez-moi, comme quelqu’un qui vient à vous de la ville qui est sainte et aimée
de nous tous, pour conclure avec les mots du Psalmiste “Que Yahvé te bénisse de Sion!
Puisses-tu voir Jérusalem dans le bonheur tous les jours de ta vie” (Ps 128,5).