Intervention de Mgr Georges BACOUNI, Archevêque de Tyr des Grecs-Melkites (LIBAN)
Il est vrai que les parents sont les premiers catéchistes des fidèles, avec le soutien
des écoles et des paroisses. Mais à la suite de Vatican II, une nouvelle initiative
de catéchisme a vu le jour à partir des Nouveaux Mouvements Ecclésiaux avec la bénédiction
et l’encouragement des Papes Paul VI, Jean-Paul II et Benoit XVI. Il est important
que les Églises d’Orient d’aujourd’hui retirent un enseignement de leur succès et
bénéficient de leur initiative. La plupart de ces mouvements ecclésiaux suivent
une certaine approche du catéchisme, et je vais faire référence à l’une d’entre elles
- les communautés Épée de l’Esprit dans le cadre du mouvement Renouveau dans l’Esprit
Saint - pour expliquer leur pédagogie. Cette communauté est modelée sur la propre
pédagogie catéchétique du Seigneur avec les disciples sur la route d’Emmaüs, comme
nous le lisons au 24ème chapitre de l’Évangile de Luc. Elle n’a pas seulement
pour objectif l’éducation de l’esprit, mais bien plutôt de conduire les fidèles à
une relation personnelle avec Jésus, une découverte de leur appel et mission, et à
une plus profonde communion avec l’Église. C’est une pédagogie dirigée vers ces Chrétiens
qui - comme les disciples d’Emmaüs - avaient été élevés dans la foi chrétienne mais
qui avaient perdu l’espérance et “leurs yeux étaient empêchés de reconnaître” le
Seigneur (Lc 24,16). Vu que plusieurs de ces chrétiens ne viennent plus à l’Église,
des membres de ce mouvement partent et marchent avec eux sur la route comme l’a fait
le Seigneur (v.15), les écoutent (v.17), les re-évangélisent (vv.25-27) et les mènent
à la communion avec le Seigneur (v.30) et au désir d’une communauté (v.29). Puis,
une fois que leur yeux sont ouverts, ils décident de rester - ou revenir - dans leur
pays et leur église afin de devenir des nouveaux missionnaires (v.35). Mais, afin
que cette conversion perdure, ils sont invités à une vie en communauté (vv.33, 36-43)
où ils continuent de recevoir un enseignement et une compagnie (vv. 44-47), afin de
devenir des témoins et mêmes des martyrs, par la force de l’Esprit-Saint et par une
vie d’adoration et de prière (vv. 52,53). Ce que nous pouvons attester et voir
au milieu des ces nouveaux mouvements est non seulement une nouvelle vitalité pour
la prière et la vie évangélique, mais bien d’avantage une capacité d’inspiration pour
de nombreux hommes et femmes, jeunes et vieux, à rester dans leurs pays comme des
missionnaires et servir leurs églises locales avec zèle et obéissance. Par conséquent,
il est crucial - voire vital - pour les évêques et le clergé de réaliser que ces nouveaux
mouvements ecclésiaux travaillent dans et pour l’Église, et que leur contribution
n’est pas une menace, mais un enrichissement aux efforts de l’Église de catéchiser
les fidèles et de préserver une présence chrétienne au Moyen-Orient. Dès lors, les
évêques en particulier doivent encourager et promouvoir de telles initiatives et,
comme il est requis, fournir à ces nouveaux mouvements ecclésiaux une aide théologique
et spirituelle dont ils manquent. Les disciples d’Emmaüs s’en revinrent avec espérance,
une espérance sur laquelle l’Église fut fondée. Puissions-nous tous revenir chez nous,
dans nos situations locales, également remplis d’espérance en cette saison où l’Esprit
Saint est à l’oeuvre d’une nouvelle façon, dans le sens d’un renouvellement de l’Église
- comme cela a été décrit il y a douze ans par notre cher Pape Benoît XVI dans sa
réflexion “Mouvements ecclésiaux dans l’Église”- et dans sa convocation prophétique
de ce Synode spécial. Le Christ est le même hier, aujourd’hui et toujours!