Ce lundi matin, en ouvrant les travaux de l’assemblée spéciale du synode sur le Moyen-Orient,
le pape Benoît XVI a mis en garde contre « les fausses divinités », en citant très
précisément les « idéologies terroristes » qui se réclament de Dieu.
Dans ce
discours improvisé, en ouverture des travaux synodaux, le pape a affirmé : « C’est
apparemment au nom de Dieu que se réalise cette violence, mais il ne s’agit pas de
Dieu, plutôt de fausses divinités qui doivent être démasquées, qui n’ont rien à voir
avec Dieu ». Le Saint-Père a également fait une référence au « capital anonyme
» qui réduit en esclavage les personnes.
Ecoutez le reportage de notre envoyé
spécial, Olivier Tosseri.
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Le
Moyen-Orient était bel et bien présent ce matin en salle du synode. Barbes fleuries
ou impeccablement taillées, habits liturgiques orientaux, sourires et arabe comme
langue vernaculaire. Une langue dans laquelle s’est également exprimé Monseigneur
Eterovic, Secrétaire général du Synode. L’assemblée était visiblement heureuse d’être
réunie autour de Benoît XVI et de commencer les travaux. Un des objectifs du synode
semblait déjà acquis, en tout cas symboliquement ce matin. Celui de la communion entre
les différentes Églises catholiques du Moyen-Orient.
Un discours d’abord fort.
Ce Moyen-Orient est le berceau du christianisme, là où il est né, s’est structuré,
développé mais aussi divisé. C'est là qu’eurent lieu sept des premiers conciles œcuméniques
qui ont défini le Credo et au cours desquels des débats sur la nature du Christ ont
eu lieu. Ils furent à l’origine de la naissance de ces différentes Églises orientales.
Le Pape a alors immédiatement fait référence à la Vierge Marie, à qui il a confié
les travaux, et à la figure du Christ, vrai homme et vrai Dieu, parlant de sa souffrance
et de sa passion. Un discours qui a touché les Églises orientales car ce qui fut facteur
de division est aujourd’hui symbole d’unité et de leur situation. C’est ensuite à
une méditation que s’est livré le Pape, fustigeant le capitalisme anonyme qui réduit
l’homme en esclavage, la drogue, les modes de vie actuelles et le terrorisme, toutes
ces fausses divinités contre lesquelles il faut lutter avec une foi solide. C'est
de cette dernière qu'ont besoin les chrétiens d’Orient pour faire face à la situation
difficile qu’ils vivent.
La fierté est ce qui ressort du discours du Patriarche
copte d’Alexandrie, sa béatitude Antonios Naguib, rapporteur général du Synode : Fierté
de ces chrétiens d’être nés et de vivre sur ces terres berceau du christianisme, fierté
également d’être pleinement citoyens de ces pays dans lesquels ils souffrent mais
qui n’en restent pas moins leur patrie, fierté surtout de leur utilité pour le Bien
Commun, à travers leur implication dans les œuvres sociales, éducatives sanitaires.
Pas de victimisation donc mais pas d’angélisme non plus. Le patriarche d’Alexandrie
n’a pas caché les difficultés, le poids des situations politiques et sociales, l’émigration
qui frappe ces communautés, les entraves nombreuses à la liberté religieuse et de
conscience. Mais là encore, il a appelé à un vrai témoignage de vie chrétienne, à
ne pas s’enfermer dans des ghettos, à participer à l’édification d’une laïcité positive
en faveur de plus de démocratie, à plus de dialogue avec juifs et musulmans. Il souhaite
que ce synode donne l’occasion d’une sérieuse révision de vie, plus spirituelle en
vue d’une conversion effective. Plus qu’un état des lieux des chrétiens du Moyen-Orient,
C'est le programme de travail qui sera développé au cours des deux prochaines semaines.