Le voyage de Benoît XVI est terminé : l'heure des bilans
Précédé par des controverses et des critiques virulentes, largement répercutées par
les médias, ce 17° voyage du Pape à l’étranger est perçu comme un succès, aussi bien
sur le plan politique que spirituel. Un voyage indubitablement historique, cinq siècles
après le schisme anglican. Le changement de ton était patent, souligne l’AFP, à l'heure
du bilan de la visite précédée d'un flot de critiques. Les deux chaînes d'information
en continu --BBC et Sky News-- ont consacré des dizaines d'heures de direct à l'événement.
"Qui d'autre aurait pu susciter une telle attention?" a relevé le commentateur religieux
de la BBC. La rencontre avec l’archevêque de Cantorbéry, la veillée à Hyde park, la
béatification du cardinal Newman, le profond chagrin du Pape au sujet des abus sexuels
dans l’Église, le succès populaire, ont permis de modérer les nombreuses critiques
qui visaient Benoît XVI avant son arrivée au Royaume-Uni. Les prévisions pessimistes
se sont révélées fausses. Le doux et modeste Benoît XVI, avec ses mots venus du cœur,
a charmé beaucoup de monde et convaincu quelques sceptiques. Dimanche, le directeur
du Bureau de presse du Saint-Siège, il a indiqué que le Pape était content parce que
son message a été entendu. En matière d’œcuménisme en particulier – a précisé le Père
Federico Lombardi - la visite a été très positive. Tout au long de cette visite d'État
de 4 jours, Benoît XVI a, en effet, multiplié les gestes envers les Anglicans invitant
à passer outre les différends qui subsistent, pour offrir un témoignage commun dans
une société occidentale de plus en plus hostile au christianisme. Le Pape a eu
des accents dramatiques pour décrire la société actuelle, les libertés destructrices,
l’absence de fondements éthiques, les tentatives de bâillonner les religions surtout
chrétiennes. À notre époque, a-t-il dit, le prix à payer pour la fidélité à l’Évangile
n’est plus la condamnation à mort par pendaison ou par écartèlement, mais l’exclusion
et la caricature. Et cependant, l’Église ne peut renoncer à sa tâche : proclamer le
Christ et son Évangile comme vérité salvifique. Benoît XVI a plusieurs fois insisté
sur l'importance de la religion dans la vie publique, invitant à trouver une harmonie
entre religion et raison. Il a attaqué sans détours le fondamentalisme laïc. Il a
exhorté avec courage les chrétiens à exprimer fièrement leur foi dans une société
sécularisée. Ses nombreux gestes et déclarations sur le dossier des abus sexuels ont
été très remarqués. Benoît XVI a exprimé à plusieurs reprises, y compris dans une
homélie, sa honte et son humiliation pour ces crimes innommables. Il a rencontré des
victimes et des bénévoles. Il a reconnu que l’autorité de l’Église n’avait pas été
assez vigilante. Face à une crise qui a miné la crédibilité des responsables de l’Église,
il a estimé qu’il était temps de rétablir la confiance.