Dernière étape pour le Pape en Angleterre : la béatification de Newman
Benoît XVI a "touché le coeur" des Britanniques
"Un voyage très positif"
commentait le père Federico Lombardi, porte parole du Pape, alors que s'achevait le
17e voyage apostolique de Benoît XVI. Outre l'oecuménisme, la place de la religion
dans la société actuelle, le Pape a également évoqué à plusieurs reprises, au cours
de ce déplacement, le dossier très douloureux des abus sexuels sur des mineurs au
sein de l’Église. Benoît XVI a parlé de la honte de l’Église face à ces crimes innommables.
Il a également rencontré un groupe de cinq victimes vendredi et encouragé un groupe
de professionnels œuvrant bénévolement pour la protection des enfants dans l’environnement
catholique. Des mots et des gestes qui ont "touché le cœur des Britanniques" selon
le père Lombardi Le Père Lombardi
revenait également sur les propos du pape aux anglais. Benoît
XVI achève sa visite d'État au Royaume-Uni en pèlerin de paix
Le pape
est de retour à Rome. Son avion a atterri hier soir à l'aéroport de Ciampino après
quatre jours de visite d’état au Royaume-Uni, invité par la Reine et son gouvernement.
Ce 17e voyage apostolique a conduit le pape en Écosse, à Londres et Birmingham, sur
les traces de Jean-Paul II, 28 ans après les premiers pas d’un pape sur le sol britannique
depuis cinq siècles et la rupture entre Londres et le Saint-Siège. Cependant, Benoît
XVI restera le premier Pape à être entré dans l’abbaye anglicane de Westminster et
à Westminster Hall, siège du parlement britannique. Dans ces lieux jamais visités
par un pape, Benoît XVI s’est fait pèlerin de réconciliation et de paix et ardent
défenseur de la place de la religion dans la société actuelle. Depuis Londres,
Marie Duhamel dresse un premier bilan de ce voyage
David Cameron
: la visite du Pape a été historique et émouvante
En prenant congé, ce
dimanche soir, au cours de la cérémonie d’adieu sur le tarmac de l’aéroport de Birmingham,
Benoît XVI s’est dit reconnaissant d’avoir pu, durant ces jours-ci, rencontrer la
Reine Elisabeth, l’Archevêque de Canterbury ainsi que les responsables politiques,
et d’avoir ainsi pu discuter de sujets qui intéressent autant la Grande-Bretagne que
les autres pays. Il s’est dit particulièrement honoré d’avoir été invité à parler
aux deux Chambres du Parlement dans l’enceinte historique de Westminster Hall. J’espère
sincèrement - a ajouté le Pape - que ces occasions contribueront à confirmer et à
renforcer les excellentes relations qui existent entre le Saint-Siège et le Royaume-Uni.
Benoît XVI a mentionné, en particulier, les efforts de coopération au développement
international, la protection de l’environnement et l’engagement à édifier une société
civile renouvelée dans sa conscience des valeurs partagées. La grande diversité de
la Grande-Bretagne moderne est, selon le Pape, un défi pour son gouvernement et pour
son peuple, mais elle représente aussi une réelle opportunité pour poursuivre le dialogue
interculturel et interreligieux dans l’intérêt de la communauté toute entière.
Venu saluer le Pape à son départ, le Premier ministre britannique David Cameron
a affirmé que sa visite avait été historique et émouvante. La foi fait partie de la
structure de notre pays - a ajouté le chef du gouvernement britannique en soulignant
que Benoît XVI avait d’évidence mis tout le pays au défi de s’arrêter et de prendre
le temps de la réflexion. Çela ne peut être que bénéfique. Le Pape
rapelle aux évêques anglais l'urgence de la proclamation de l'Évangile
La
rencontre ente le Pape et l’épiscopat d’Angleterre, du Pays de Galles et d’Écosse,
s’est déroulé ce dimanche après-midi dans la chapelle du séminaire de l’archidiocèse
de Birmingham, le collège Oscott. Il s’agit d’un des hauts lieux du catholicisme au
Royaume-Uni, car c’est cette chapelle que s’est tenu le premier synode de la hiérarchie
catholique après sa restauration en 1850. C’est là également que le désormais bienheureux
John Henry Newman prononça sa célèbre homélie : le second printemps, en 1852. Dans
son discours aux évêques, le Pape est revenu sur les grands thèmes de son voyage,
la proclamation de l’Évangile dans la culture actuelle, l’importance de l’œcuménisme
et la blessure des abus honteux contre des enfants et des jeunes dans l’Église. Hélène
Destombes nous livre les points forts de cette exhortation.
Dans son discours
aux évêques, le pape a également fait allusion aux conséquences de la crise financière
et des pratiques hasardeuses d’investissements, appelant les chrétiens à se montrer
généreux et solidaires de ceux qui sont en situation de précarité ou dans le besoin.
S’inspirant une fois encore de Newman et de son appel à la voix prophétique des chrétiens,
il faut, a-t-il ajouté, encourager «les personnes à aspirer à des valeurs morales
élevées dans tous les domaines de leur vie, ce qui contraste avec un contexte qui
considère avec un cynisme grandissant la simple éventualité de pouvoir mener une vie
vertueuse». Le cardinal Newman, premier bienheureux béatifié par
Benoît XVI
Le Royaume-uni a depuis ce dimanche matin son premier bienheureux
catholique non-martyr. Le cardinal John Henry Newman, prêtre anglican converti au
milieu de sa vie au catholicisme, a été béatifié par le Pape à Cofton Park, à 13 kilomètres
au sud de Birmingham, la deuxième ville du pays. Cette béatification, point culminant
de la visite d’État du Saint-Père, est la première qu’il a présidée en personne, signe
évident de son attachement pour John Henri Newman, dont l’itinéraire spirituel est
aujourd’hui couronné. Le reportage de notre envoyée spéciale en Grande-Bretagne,
Marie Duhamel.
Malgré le
froid et la pluie, 60 000 fidèles venus de tout le pays mais également d’Irlande,
ont participé à la célébration de béatification de celui qui est aujourd’hui considéré
comme l’un des précurseurs de l’œcuménisme.
Le rite de la béatification a
eu lieu dès le début de la célébration. Sitôt la prière dite par le Pape, un des portraits
les plus connus du cardinal Newman a été déployé derrière l’autel. Dans la foulée
de cette reconnaissance, des reliques du nouveau bienheureux ont aussi été déposées
sur ce podium, face à la foule. L’Évangile a ensuite été lu par Jack Sullivan, le
diacre américain dont la guérison a été authentifiée par l'Église comme un miracle
attribué au bienheureux.
S’il y a 20 ans, pour les 100 ans de la naissance
au ciel de John Henry Newman, le cardinal Ratzinger évoquait sa découverte, encore
étudiant, des contributions du théologien britannique, Benoît XVI n’a pas choisi
ce dimanche, dans homélie, de revenir sur l’évolution du dogme ou sur la primauté
de la conscience. Il a préféré monter l’importance de la conception de l’éducation
proposée par le Cardinal Newman. Cette pensée a eu une postérité forte dans les écoles
catholiques comme dans la formation d’un laïcat intelligent. Benoît XVI a largement
cité le nouveau bienheureux à cette occasion : «Je désire un laïcat qui ne soit pas
arrogant, ni âpre dans son langage, ni prompt à la dispute, mais des personnes qui
connaissent leur religion, qui pénètrent en ses profondeurs, qui savent précisément
où ils sont, qui savent ce qu’ils ont et ce qu’ils n’ont pas, qui connaissent si bien
leur foi qu’ils peuvent en rendre compte, qui connaissent assez leur histoire pour
pouvoir la défendre» écrivait John Henry Newman.
Autre sujet abordé par le
Pape sur l’apport du cardinal à l’Angleterre victorienne et au monde d’aujourd’hui
: le désir du cœur à cœur avec Dieu par la prière. Il s’agit en effet de l’un des
aspects marquants de la vie sacerdotale de John Henri Newman. «Si des anges avaient
été vos prêtres, ils n’auraient pu souffrir avec vous (…) se montrer indulgents comme
nous » écrivait le cardinal anglais.
A ce propos, le Pape n’a pas oublié
de rappeler l’histoire du pays où il se trouvait. La nation britannique célébrait
aujourd’hui même un moment significatif de sa vie : les 70 ans de la bataille d’Angleterre,
quand l’armée allemande tenta d’envahir le Royaume-Uni en anéantissant son aviation.
«Pour moi, qui ai vécu et subi les souffrances liées aux jours sombres du régime nazi
en Allemagne, il est très émouvant», confiait le pape, «de me trouver ici parmi vous
et de faire mémoire de vos si nombreux concitoyens qui ont sacrifié leur vie, pour
résister courageusement contre les forces de cette terrible idéologie».
Au
terme de la célébration, Benoît XVI s’est rendu l’oratoire de st Philippe Neri, fondé
par John Henry Newman, à Birmingham, où il a vécu de sa conversion jusqu’à sa mort
en 1890. Le Pape a prié dans la chapelle avant de visiter la chambre du nouveau bienheureux
qui a été transformée en musée.
Benoît XVI à Hyde Park : "La fidélité à
l'Évangile entraîne souvent d'être exclus ou ridiculisés"
L’avant-dernière
journée du voyage du Pape au Royaume-Uni s'est achevée par une veillée de prières
au célèbre Hyde Park, de Londres, point culminant de cette journée, en présence de
plusieurs dizaines de milliers de personnes, des jeunes en particulier, en prélude
à la béatification du cardinal Newman. Les organisateurs de la visite pontificale
avaient dû demander une autorisation particulière, car, habituellement, il n’est pas
permis dans ce parc public d'aborder les thèmes religieux. Le pape dans son discours
est revenu longuement sur les aspects principaux de la vie de Newman. Thomas Chabolle.
Marie Duhamel,
notre envoyée spéciale, était sur place. Écoutez les témoignages qu'elle a recueillis.