Plaidoyer du Pape en faveur de la place de la religion dans la vie publique
Le Pape s'est adressé, ce vendredi soir, à Londres, aux députés et Lords au palais
de Westminster, le Parlement britannique, devant un parterre de représentants de la
société civile, du monde académique, culturel, économique et en présence du corps
diplomatique. Son discours au peuple britannique et à ses représentants était consacré
à un thème qui lui est cher : la place légitime de la religion dans la vie politique.
En guise de préambule, Benoît XVI n’a pas hésité à évoquer le cas de saint Thomas
More, chancelier d’Henri VIII, condamné à mort en raison de son refus de reconnaître
l'autorité religieuse que le roi s'était arrogée. Thomas More préféra suivre sa conscience,
parce qu’il avait choisi de servir Dieu avant tout. Le Pape a reconnu que la Grande-Bretagne
apparait comme une démocratie pluraliste qui attache une grande valeur aux libertés
et à la primauté du droit. Et pourtant, les questions fondamentales, qui étaient en
jeu dans le procès de Thomas More, continuent à se présenter. Aujourd’hui le véritable
défi pour la démocratie c’est la fragilité des principes moraux déterminés par le
simple consensus social. La récente crise financière mondiale est un exemple des conséquences
que peut avoir l’absence de fondements éthiques solides. C’est là qu’intervient la
religion, dont le rôle n’est pas tant de fournir des normes mais d’aider à purifier
la raison. La religion - a martelé le Pape - n’est pas un problème que les législateurs
doivent résoudre ; elle est une contribution vitale au dialogue national. Benoît
XVI a alors manifesté sa préoccupation devant la marginalisation croissante de la
religion, particulièrement du christianisme, même dans des nations qui mettent fortement
l’accent sur la tolérance. Alors qu’ils prétendent abolir les discriminations, certains
- a-t-il regretté - en arrivent à soutenir, paradoxalement, que les chrétiens qui
ont des fonctions publiques devraient être obligés dans certains cas d’agir contre
leur conscience. Le Pape a mentionné les nombreux domaines où l’Église et les
autorités civiles peuvent travailler ensemble. Evoquant en particulier l’aide au développement,
il a déploré les lenteurs constatées alors que les gouvernements ont récemment prouvé
qu’ils étaient capables de trouver d’énormes ressources lorsqu’il s’agit de venir
au secours d’institutions financières retenues comme « trop importantes pour être
vouées à l’échec ».