2010-09-17 10:59:53

La véritable solidarité, c’est mettre un terme à la malédiction des ressources en Afrique


(Bruxelles, le 16 septembre 2010)
L’Afrique perd plus d’un trillion d’euros chaque année pour cause d’évasion fiscale ou de recettes non perçues, mais l’Union européenne peut aider à colmater les fuites pour donner à l’Afrique une chance équitable de prospérer. Evêque du Congo-Brazzaville et défenseur des droits de l’homme, Mgr Louis Portella-Mbuyu, a transmis ce message hier soir lors d’un débat au Parlement européen sur la transparence des industries extractives organisé par la CIDSE, une alliance internationale d’agences de développement catholiques. Il s’agissait d’une demande du SCEAM, le Symposium des Conférences épiscopales panafricaines, organisation partenaire de la CIDSE pour attirer l’attention sur la « malédiction des ressources » en Afrique à laquelle il faut mettre un terme si le continent africain doit sortir de la spirale de la pauvreté. Cet événement a eu lieu à la veille du sommet des Nations unies à New York qui examinera les progrès accomplis en vue de réaliser les objectifs du Millénaire pour le développement (OMD).

« Le manque de transparence tue le peuple africain » a déclaré Mgr Louis Portella-Mbuyu qui, depuis des années, défie sans crainte son gouvernement et les sociétés multinationales des industries extractives.

« Les revenus africains devraient bénéficier aux populations africaines au lieu de disparaître sur des comptes bancaires à l’étranger. Cet argent pourrait nourrir les personnes qui ont faim, construire des écoles et des hôpitaux, payer des professeurs, des infirmières et des médecins ». Une bonne part de cette évasion fiscale fait partie de ce qu’on appelle souvent la « malédiction des ressources » de l’Afrique.

Mgr Portella-Mbuyu fait partie d’une délégation du SCEAM composée d’évêques et d’experts en développement en visite en Europe pour rencontrer des représentants des gouvernements et des institutions européennes avant le sommet sur la révision des OMD la semaine prochaine.

La communauté internationale se réunira à New York du 20 au 22 septembre afin de passer en revue les objectifs du Millénaire pour le développement (OMD) à un moment où les donateurs internationaux continuent de lutter pour trouver des fonds pour financer le développement. La Commission européenne a estimé que ses Etats membres devaient encore trouver 12 milliards d’euros pour atteindre leur objectif de 0,56% du revenu national brut pour l’aide publique au développement en 2010.

Les chefs d’Etat présents à New York doivent comprendre que tant que les fuites ne seront pas colmatées, l’Afrique continuera à perdre plus d’un trillion d’euros* chaque année à cause de l’évasion fiscale ou de recettes non perçues. La législation européenne pourrait contribuer à récupérer ces recettes fiscales non perçues, qui dépassent de loin les montants de l’aide publique au développement.

La Commission européenne examine actuellement la directive européenne « transparence » (la directive TOD) sans toutefois discuter pour le moment de la question d’un système de rapport pays par pays.

« L’exigence de transparence pour les compagnies les obligeant à rendre compte de toutes leurs opérations financières dans les pays où elles opèrent pourrait être intégrée dans cette régulation » a déclaré Bernard Pinaud, Délégué général du CCFD-Terre Solidaire, lors du débat.

« Cette information permettrait aux autorités fiscales de ces pays et à leurs citoyens de tenir les compagnies et les gouvernements responsables de l’argent gagné sur leurs ressources naturelles. Les Etats-Unis ont récemment donné le bon exemple en votant une telle législation. L’Union européenne devrait en faire de même ».

Global Financial Integrity, un groupe de recherche indépendant, a estimé qu’en moyenne, les pays africains exportateurs de pétrole, perdaient des capitaux au rythme de presque 8 milliards d’euros par an, dépassant de loin les 2 milliards d’euros perdus par an par les pays exportateurs d’autres matières premières. Cet argent disparaît dans les poches des sociétés multinationales dont un bon nombre sont européennes, et celles de leurs contacts locaux, des personnes au sein du gouvernement ou des hommes d’affaires.

Le débat au Parlement européen était organisé sous l’égide des députés européens, Charles Goerens (ADLE), Eva Joly (Verts) et Sirpa Pietikäinen (PPE). José Correia Nuñes de la Commission européenne et Philomena Johnson, Secrétaire exécutive de Caritas Ghana et membre de la délégation du SCEAM en visite de plaidoyer en Europe, faisaient également partie du panel.








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