Benoît XVI et Rowan Williams resserrent les rangs face aux défis actuels
Pour la première fois ce vendredi, un Pape a été accueilli au palais londonien de
Lambeth, la résidence du chef spirituel de l’Église d’Angleterre, Rowan Williams.
Une visite placée sous le signe de la fraternité, près de cinq siècles après la rupture
de 1533. En 1982, la rencontre entre Jean-Paul II et le docteur Robert Runcie s’était
déroulée dans la cathédrale de Canterbury. Avec douceur et franchise, Benoît XVI a
clairement laissé entendre, dans son discours, qu’il n’était pas venu pour évoquer
les difficultés passées et actuelles, mais au contraire pour renforcer l’amitié réciproque,
car la culture ambiante exige que les chrétiens unissent leurs forces. Un avis largement
partagé par le chef spirituel des anglicans. Thomas Chabolle.
Regard sur l'évènement
avec Marie Duhamel, notre envoyée spéciale sur place
Le palais
de Lambeth, résidence officielle des archevêques de Canterbury, s’élève sur la rive
Sud de la Tamise, vis-à-vis de Westminster. Benoît XVI a été le premier Pape à franchir
ses portes. Sa rencontre avec Rowan Williams, en présence de plusieurs évêques anglicans
et catholiques et d’un groupe de conseillers œcuméniques, s’est déroulée dans la très
ancienne bibliothèque qui contient l’essentiel des archives de l’Église d’Angleterre.
Les deux hommes s’étaient déjà rencontrés à deux reprises en 2006 et en 2009. Ce vendredi,
ils ont prié ensemble pour le don de l’unité entre les disciples du Christ. Tout en
reconnaissant que des obstacles subsistent sur le chemin de la pleine unité, ils ont
montré leur totale convergence sur la nécessité d’unir leurs forces face aux défis
de la société actuelle. Car le monde semble souvent au bord de l’éclatement, comme
l’a rappelé Benoît XVI. Selon le Pape, la culture ambiante s’éloigne toujours davantage
de ses racines chrétiennes, en dépit d’une faim profonde de nourriture spirituelle,
tandis que Rowan Williams déplorait, sur le même ton, un environnement culturel qui
tend à présenter la foi chrétienne comme un obstacle à la liberté et comme un scandale
pour l’intelligence. Tout en encourageant les contacts avec les autres religions dans
une société qui devient chaque jour davantage multiculturelle, le Pape a tenu à préciser
que les chrétiens ne devaient jamais hésiter à proclamer leur foi dans l’unique salut
qui vient du Christ. L’Eglise, a-t-il dit, est appelée à être compréhensive, jamais
toutefois au détriment de la vérité chrétienne.
Marie Duhamel a recueilli,
à Londres, la réaction de l'évêque anglican de Guildford, le révérend Christopher
Hill. Il revient sur le symbole fort de cette rencontre entre catholiques et anglicans.
Voici le communiqué
commun concernant la rencontre entre le Saint-Père et l’archevêque de Cantorbéry:
Vendredi
17 septembre, le palais de Lambeth
Cinquante ans après la première rencontre
de l’histoire moderne entre un Pape et un archevêque de Cantorbéry - celle du Pape
Jean XXIII et de l’archevêque Geoffrey Fisher, en décembre 1960 - le pape Benoît XVI
a accompli une visite fraternelle à l’archevêque Rowan Williams.
Lors
de la première partie de cette rencontre, ils se sont tous les deux adressés aux évêques
anglicans et catholiques des diocèses d’Angleterre, d’Ecosse et du Pays de Galles,
dans le Grand Hall de la bibliothèque de l’archevêché, avant de se déplacer pour une
rencontre privée.
Lors de leur conversation privée, ils ont évoqué
plusieurs des sujets d’intérêt commun pour les Anglicans et les Catholiques romains.
Ils ont affirmé le besoin de proclamer le message de l’évangile de salvation en Jésus-Christ,
à la fois de manière raisonnée et convaincante dans le contexte contemporain de profonde
transformation culturelle et sociale, et par le biais de vies de sainteté et de transparence
à dieu. Ils sont tombés d’accord sur l’importance d’améliorer les relations œcuméniques
et de poursuivre le dialogue théologique face aux nouveaux défis pour l’unité au sein
de la communauté chrétienne et au-delà d’elle.
Le Saint-Père et l’archevêque
ont réaffirmé l’importance de poursuivre le dialogue théologique sur la notion d’Eglise
comme communion locale et universelle. Ils ont rappelé également l’importance des
implications de ce concept pour le discernement de l’enseignement éthique.
Ils
ont réfléchi ensemble sur la situation sérieuse et difficile des Chrétiens au Moyen-Orient.
Ils ont aussi appelé tous les Chrétiens à prier pour leurs frères et sœurs et à soutenir
leurs témoignages continus de paix en Terre sainte. A la lumière de leurs récentes
interventions publiques, ils ont aussi parlé du besoin de promouvoir un engagement
courageux et généreux dans les domaines de la justice et de la paix, en particulier
dans celui des besoins des pauvres, tout en exhortant la communauté internationale
à combattre la faim et la maladie.
A la fin de leur rencontre ils ont
fait ensemble le déplacement au palais de Westminster. Ils présideront ce soir la
célébration œcuménique à l’Abbaye de Westminster.