Recueillement et appels à la paix à Nagasaki, 65 ans après la bombe
Comme chaque année, l’Église catholique japonaise s’est associée ce lundi 9 août aux
commémorations de l’anniversaire de l’explosion atomique de Nagasaki. Des messes ont
été célébrées dans la cathédrale catholique de la ville. Une rencontre interreligieuse
de prière s’est déroulée devant le Mémorial des victimes, quelque 74.000 morts, dans
le Parc de la paix. Dans la soirée une procession a été présidée par l’archevêque,
Mgr Joseph Mituaki Takami. Mgr Takami qui se bat sans relâche pour l’élimination totale
des armes nucléaires et la construction d'un monde sans guerre. Mgr Takami est
un survivant. Lorsque Fat Boy, la bombe atomique américaine, a explosé sur Nagasaki,
sa mère était enceinte de lui. Au moment du bombardement, Nagasaki abritait la plus
grande communauté chrétienne du Japon. La cathédrale, une des plus grandes d’Asie,
a été rasée au sol par la déflagration, les vitraux et les murs ont été pulvérisés,
l’autel a brûlé, la cloche a fondu. Mais le buste d’une statue en bois de la Vierge
Marie a été retrouvé sous les décombres. Pour Mgr Takami, comme pour beaucoup de chrétiens
japonais, cette statue mutilée, défigurée, est devenue un symbole de paix, un avertissement
contre les horreurs de la guerre. Cette année, elle a été portée en pèlerinage en
Europe et aux États-Unis. L’étape la plus émouvante a été celle de Guernica, la ville
basque elle-même sauvagement bombardée pendant la guerre civile Espagnole. Autre étape
hautement symbolique : New York où se tenait au mois de mai la conférence de révision
du Traité de non prolifération nucléaire. La Vierge bombardée a été exposée dans la
cathédrale saint Patrick au cours d’une messe à laquelle ont assisté de nombreux jeunes.
A Rome, le 22 avril, la statue a été bénie par le Pape à la fin de l’audience générale
sur la place Saint-Pierre. Pour l’archevêque de Nagasaki, la simple possession d’armes
nucléaires est un péché. Il compte sur le pouvoir de la Vierge atomisée pour toucher
les consciences, pour que les responsables des nations fassent un pas courageux.