Chili : les évêques souhaitent un acte de clémence à l'occasion du bicentenaire
Au Chili, les évêques ont officiellement remis au Président Piñera et aux deux chambres
du Parlement une demande de grâce en faveur de soldats coupables de violations des
droits de l’homme sous la dictature. L’Eglise propose un acte de clémence à l’occasion
des célébrations du bicentenaire qui sera commémoré le 18 septembre. La démarche
des évêques chiliens, qui divise l'opinion publique et la classe politique, ne vise
pas à gommer le passé, un passé assombri par bien des violations que l’Eglise a elle-même
dénoncé avec force. Pas question non plus de rouvrir les vieilles blessures. L’épiscopat
invoque un geste de clémence, s’inscrivant ainsi dans la tradition millénaire du christianisme,
à la veille d’un grand événement historique. Sa proposition est assortie d’une série
de conditions et établit une claire distinction entre les différentes situations,
délicates et complexes. Les évêques font valoir que les personnes qui pourraient
graciées ont déjà purgé une grande partie de leur peine, qu’elles font partie de la
nation, que la miséricorde de Dieu ouvre des opportunités de croissance dans le bien.
Il y a parmi ces détenus, des personnes âgées, des mères de famille, des malades,
certains en phase terminale. Tous n’ont pas eu le même degré de responsabilité dans
les crimes commis sous le régime militaire, la même marge de manœuvre, le même repentir.
Les évêques souhaitent aussi une humanisation de l’univers carcéral chilien, afin
de favoriser la réhabilitation, personnelle, sociale, spirituelle des condamnés. « Nous
croyons que l'on peut faire des gestes de clémence dans le cadre de l'Etat de droit »,
a affirmé le président de la Conférence épiscopale. Des arguments qui n’ont pas
convaincu les proches des victimes et des disparus. Mercredi, des centaines de personnes
ont manifesté devant le palais présidentiel. Quant au président Piñera, sa décision
– indique son gouvernement - reposera sur des critères de vérité, de justice, d’unité
nationale, de sécurité citoyenne ainsi que sur des considérations humanitaires.