Nouvelles violences contre des chrétiens au Pakistan
Deux frères chrétiens accusés de blasphème contre l'islam ont été abattus devant un
tribunal dans l’est du Pakistan. Selon la police locale, citée par l’AFP, une jeune
inconnu a tué par balles Rashid Emmanuel, 32 ans, et son frère Sajjad, et grièvement
blessé le policier qui les escortait alors qu'ils quittaient un tribunal à Faisalabad.
Les deux frères avaient été arrêtés le 2 juillet, à la suite d'accusations montées
de toute pièce selon leurs partisans, sans preuves ni témoins. Près de 400 manifestants
avaient brûlé des pneus et manifesté dans le quartier pauvre de Pura à Faisalabad,
un bidonville habité par près de 100.000 chrétiens, demandant la peine de mort pour
les deux accusés. Une grande partie de la communauté chrétienne de Waris Pura, terrorisée,
s'est réfugiée chez des proches dans les villes et les villages voisins. En 2009,
des attaques de villages et de quartiers chrétiens par des musulmans, également au
nom de la loi anti-blasphème, avaient fait, toujours au Pendjab, de nombreux morts.
La
loi pakistanaise sur le blasphème prévoit jusqu'à la peine de mort. L’Eglise catholique,
tout comme les militants des droits de l'Homme réclament l'abrogation de ce texte
qui est exploité selon eux à des fins personnelles et encourage l'extrémisme islamiste.
Plus d’un millier de personnes en ont déjà été victimes. Le Secrétaire général de
la Commission épiscopale pakistanaise Justice et paix, Peter Jacob, a récemment expliqué
à l’organisation "Aide à l’Eglise en Détresse" les raisons du statu quo actuel : «
D’une part il y a la lutte contre le terrorisme, qui impose de maintenir l’état d’urgence
dans le pays et, par conséquent, de ne rien faire. De l’autre, il y a la question
de l’identité pakistanaise : bien qu’ayant une constitution et des lois laïques, les
politiques partisanes font pression pour maintenir la situation telle qu’elle est,
au nom de l’islam. Le gouvernement pakistanais doit se réveiller et assumer ses responsabilités,
au niveau législatif et politique ». Interrogé par l’Agence Fides, Mgr Max John Rodrigues,
Evêque de Hyderabad, souligne quant à lui que de nombreux parlementaires ont peur
: ils sont intimidés car ils sont un objectif possible d’attaques des extrémistes.
Les hommes publics ont peur pour leur vie et la situation ne se débloque pas.