Quelle place pour le religieux dans l'espace public ?
Le gouvernement français a adopté ce mercredi un projet de loi sur l'interdiction
du voile islamique intégral dans l'espace public. Le texte doit passer au Parlement
en juillet, avec un vote final attendu en septembre. Nicolas Sarkozy a justifié cette
décision en affirmant que le voile, qui dissimule totalement le visage, porte atteinte
à des valeurs fondamentales pour la nation française, en particulier le respect de
la dignité de la femme. Selon les juristes, la loi s'expose à une censure du Conseil
constitutionnel et à une condamnation de la France par la Cour européenne des droits
de l'Homme pour qui chacun peut mener sa vie selon ses convictions dès lors que cela
ne porte pas atteinte à autrui. En France, le port du voile concerne moins de 2000
femmes et de nombreux musulmans se disent exaspérés par la surmédiatisation de pratiques
marginales mises à la une du débat public par le gouvernement. Au-delà, on constate
que la religion sur la place publique suscite de plus en plus de crispations en Occident.
Nous vous proposons, dans ce cadre, un entretien avec une chercheuse québécoise, Solange
Lefebvre, titulaire de la chaire « religion, culture et société » de l’université
de Montréal. Solange Lefebvre était, la semaine dernière, de passage à Rome où elle
a participé à un séminaire organisé par l’ambassade du Canada près le Saint-Siège
dans le cadre des célébrations du 40° anniversaire de l’établissement des relations
diplomatiques entre le Canada et le Saint-Siège. Solange Lefebvre répond aux questions
de Romilda Ferrauto