Le père About commente l’Évangile selon saint Jean (17, 20-26) du septième dimanche
de Pâques, Ascencion du Seigneur.
Texte intégral
du commentaire :
Nous voici en chemin vers la Pentecôte et Jésus, dans les
récits précédents, semble avoir muni ses apôtres de toutes les instructions nécessaires
pour accomplir leur mission : Vivre de sa paix, l’aimer dans la fidélité, aimer comme
lui-même nous a aimés, découvrir son unité avec le Père, mesurer l’expression de l’amour
trinitaire et de sa vie donnée aux hommes. Et en ce jour de l’Ascension il semble
récapituler, en une dernière apparition, ce qu’il a accompli, comment les Apôtres
en seront témoins et la condition pour l’être : recevoir «la force d’en haut».
«Il fallait que s’accomplisse ce qui était annoncé par l’Écriture : les souffrances
du Messie, sa résurrection d’entre les morts le troisième jour, et la conversion proclamée,
en son nom, pour le pardon des péchés, à toutes les nations ; c’est vous qui en êtes
les témoins». Ainsi l’appel au témoignage devient pour nous un chemin spirituel.
Tout débute par la personne du Messie et ses souffrances, puis sa résurrection. Témoigner
consiste à proposer d’adhérer à l’entièreté de la personne de Jésus. Le salut ne se
réduit pas à retenir ce que l’humanité peut tirer de positif de la résurrection mais
implique de passer par là où le Christ est passé.
Ses souffrances contiennent nos souffrances et sont nécessaires
pour que la rédemption advienne. Elles participent à la résurrection tout comme elles
introduisent à la conversion et au pardon des péchés. N’éludons pas, ne cachons pas
ses souffrances comme les nôtres car elles sont chemin de salut. Le sacrifice unique
du Christ tire à lui tous nos sacrifices pour que nous devenions à son image, participants
et offrande de salut pour nos frères. C’est bien ce dont témoignent les apôtres puis
les saints par leur martyre, étymologiquement, par leur témoignage.
Et c’est en passant par là que la résurrection s’accomplit : là où l’effort d’amour
semble illusoire, là où la mort semble avoir pris le dessus, alors surgit la force
de vie qui brise les souffrances de la mort et l’amour créateur ordonne à nouveau
le cœur de l’homme, pour aimer en vérité. «Jésus, levant les mains, les bénit.
Tandis qu’ils les bénissait, il se sépara d’eux et fut emporté au ciel». Les apôtres
voient la révélation s’accomplir jusqu’au bout : le Fils ne peut plus être séparé
du Père puisqu’il est à nouveau dans sa gloire. Et devant leur yeux, il rejoint le
Père tout en ayant promis la force d’en haut. Ainsi, ils étaient et restent les témoins
oculaires de la révélation et cette grâce unique les fait témoins choisis.
Cependant le témoin principal est Dieu lui-même et son Saint-Esprit conférera
désormais à leurs paroles humaines « la force venue d’en haut ». Leur témoignage,
par cet Esprit-Saint, revêtira une authenticité véridique puisqu’il sera animé par
le Père. C’est pourquoi ils doivent attendre cet Esprit, si bien que leur mission
exigera une obéissance constante à l’Esprit. La bénédiction finale enveloppe, en leur
étant donnée, tout l’avenir de l’Église, dont l’efficacité dure à travers les temps
et régit encore toutes nos activités. Quelle joie de découvrir que nos travaux
quotidiens sont sous l’égide de cette bénédiction qui perdure dans l’Église ; que
nous sommes appelés à être témoins dans une écoute constante de l’Esprit-Saint et
que la présence du Christ ne dépend pas d’un lieu ou d’un temps, présent ou absent,
mais d’un amour partagé avec Dieu lui-même, constamment disponible. Alléluia !