2010-02-26 14:57:29

Commentaire de l’Évangile du deuxième dimanche de carême


Le père About commente l’Évangile selon saint Luc (9, 28-36) du deuxième dimanche du carême. RealAudioMP3


Texte intégral du commentaire


     En ce deuxième dimanche de carême, Jésus nous invite à vivre sa transfiguration. Cet épisode se situe huit jours après la confession de foi de Pierre et les disciples, bien qu’ayant reçu déjà l’annonce de passion, restent dans une dynamique messianique triomphante. Ils ont cet espoir que le Règne de Dieu est là et qu’ils vont y participer. D’ailleurs ils sont dans la pleine période de la fête de soukkôt, primitivement la fête de la récolte, devenue la fête des tentes, ayant valeur de mémorial. En effet, elle remémorait le fait que, durant l’exode, les israélites campaient sous la tente et que Dieu lui-même résidait dans la tente de réunion au milieu de son peuple.

     Jésus prie, et le voilà transfiguré alors même que ses compagnons « accablés de sommeil », s’endorment. Pendant qu’il prie, « son visage apparu tout autre, ses vêtements devinrent “brillants comme un éclair” ». Le premier événement est cette illumination, mais venant, non de l’extérieur, mais de l’intérieur. Alors que pour Moïse c’est la fréquentation de la présence de Dieu qui le rend rayonnant aux yeux du peuple, ici Jésus est illuminé intérieurement. Et cela est tel que ses vêtements sont d’une blancheur éclatante. Cette gloire illumine tout l’être de Jésus, en sa nature divine et humaine, mais aussi elle va illuminer les deux personnages apparus, Moïse et Élie.

     Pourquoi Moïse et Élie ? Premièrement parce qu’ils sont la figure première des prophètes de l’Ancien Testament et deuxièmement, parce qu’ils sont les deux seuls à avoir vécu une théophanie : ils ont vu Dieu passer : Moïse, lors de l’épisode du buisson ardent et sur le Sinaï, et Élie, sur la montagne, après une brise légère.

     Ils parlent, tous trois, du départ de Jésus vers Jérusalem. Mais la référence va plus loin car le terme départ est « exodon », dans le texte grec. Ainsi, Jésus poursuit l’exode jusqu’à son achèvement à Jérusalem. Il devient, ou plutôt se découvre comme le nouveau Moïse qui mènera son peuple à la nouvelle terre promise : le Royaume de Dieu.

     Se réveillant à ce moment là, les apôtres voient cette gloire que quittent les deux grands prophètes. Et Pierre désire que ce moment ne finisse pas : « Dressons trois tentes : une pour toi, une pour Moïse, une pour Élie ». « Il ne savait pas ce qu’il disait » précise Luc. Pierre croit vraiment que ce temps de la gloire est arrivé. Et donc plus rien d’autre n’existe ; il oublie l’annonce de la passion et reste fermé à cette éventualité. La venue de la nuée, la frayeur et la voix lui donne le sens de ce qu’il va vivre : « Celui-ci est mon Fils, celui que j’ai choisi, écoutez-le ». Puis Jésus et eux seuls. Écoutez-le ! Voilà le sens de notre carême, un sens éclairé par cette transfiguration :

     La prière redoublée illumine notre cœur de l’intérieur ; tout notre être, notre personne, notre corps sera revêtu de cette gloire que Jésus nous offre par son sacrifice; notre vie, comme l’histoire, n’est pas décousue : le Christ en fait l’unité si nous le laissons l’accompagner ; Dieu n’est jamais loin : même dans les frayeurs de la vie il se fait entendre et nous en donne le sens, écoutez-le ! Le silence, la solitude et la prière sont les instruments de la conversion : après la béatitude de la montagne, il faut accueillir la réalité du quotidien avec confiance. Enfin, la Résurrection passe par la Passion : le don s’accompagne nécessairement d’une dépossession, dans la souffrance, mais dont l’horizon est la joie de Dieu.







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