Commentaire de l’Évangile du troisième dimanche de l’Avent
Le père About commente l’Évangile selon saint Luc (3, 10-18) du troisième dimanche
de l’Avent.
Texte
intégral du commentaire
« Que devons-nous faire ? » telle est la question
que les foules vont poser à Jean en ce troisième dimanche de l’Avent. Et cette question
reste pour tout homme une interrogation sempiternelle jusque dans sa foi. Chacun cherche
à agir, à remplir son temps par des actions pour lui-même ou pour d’autres. Car l’action
que nous accomplissons participe au sens de notre vie ; elle exprime ce que nous sommes
et ce que nous désirons être. Et lorsque la foi est choisie pour parachever le sens
de notre vie alors s’exprime encore plus crucialement le « Que devons-nous faire » ?
car il implique non seulement notre sphère personnelle ou notre rapport avec les autres
mais interroge la volonté de Dieu-même. « Que devons-nous faire » pour te répondre
Et
la où l’homme peut raisonnablement et naturellement répondre, la foi y rajoute une
dimension surnaturelle qui évoque dans les cœurs un surcroît de dépassement pour répondre
à Dieu. Et cela mène souvent à l’erreur humaine de surcharger nos actions ou de les
multiplier, pensant que par ce dépassement nous correspondrons à une image idéale
de l’homme ou au désir réel de Dieu.
Mais écoutons ce que répond Jean-le-Baptiste :
« Celui qui a deux vêtements, qu’il partage, (...) celui qui a de quoi manger, qu’il
fasse de même ». En d’autres termes, là où il y a la surabondance, établissez la justice
de Dieu qui prend soin de tous et de chacun, pour qu’il puisse vivre car il est appelé
au salut comme chacun d’entre vous.
« N’exiger rien de plus que ce
qui vous est fixé » répond-il aux publicains. En d’autres termes, entre ce qui est
nécessaire (la part à prélever pour les romains au niveau des impôts ) et ce que je
m’autorise (pour satisfaire mes désirs et mon enrichissement personnel), j’institutionnalise
souvent une fausse justice dont la pratique devient modèle alors qu’elle est viscéralement
à l’opposé de la droiture de Dieu dont je prétends faire la référence de ma vie.
« Ne
faites ni violence ni tort à personne et contentez-vous de votre solde » répond-il
aux soldats. En d’autres termes, n’abusez pas de votre puissance au-delà de votre
fonction. Ne dévoyez pas votre charge pour mépriser l’homme et abuser de lui
En
ces exemples, il est flagrant de constater que l’homme veut tordre et plier la réalité
pour qu’elle lui corresponde et Jean-Baptiste rétablit et annonce la réalité de Dieu :
en l’amour de Dieu, l’homme doit se plier à la réalité pour qu’avec Dieu, il la transfigure.
Ainsi, il n’est pas nécessaire de vouloir un dépassement ou de rejoindre un idéal
pour correspondre à la volonté de Dieu mais bien d’accepter la réalité en étant porteur
de l’amour de Dieu et en s’y confiant constamment. Dieu s’incarne, il prend chair,
pour qu’en la chair elle-même, il y demeure et la sauve.
C’est à cette
dimension-là qu’exhorte Jean-Baptiste, et ses propos sur l’Esprit et le feu, qui vont
suivre dans l’Évangile, montre son émerveillement sur ce qui va s’opérer par le Christ.
Au « que devons-nous faire ? » ses réponses ne sont que pour crier il vient, il est
là et il s’en réjouit.
Oui, réjouissez-vous de ce qui se passe : « Gaudete »,
soyez dans la joie et préparez vos cœurs à la joie. Dans ce que vous vivez, Dieu inscrit
sa joie ; il inscrit sa joie en ce monde, il l’inscrit en vous : le Christ !