La bibliothèque du Palais apostolique a été le théâtre, ce samedi, d’un événement
extraordinaire : Cristina Fernández de Kirchner, présidente de l’Argentine et Michelle
Bachelet, présidente du Chili, ont été reçues au Vatican, vingt-cinq ans après la
signature d’un traité de paix et d’amitié entre les deux pays. Ce traité fut conclu
grâce à l’inlassable médiation menée par les conférences épiscopales respectives et
l’intervention courageuse de Jean-Paul II. Les tensions, qui avaient surgi en 1978
à propos d’un vieux différend territorial sur le canal de Beagle, avaient failli provoquer
une guerre ouverte. Alors que la confrontation armée semblait imminente, Jean-Paul
II, infatigable artisan de paix, à peine élu, prit l’initiative d’envoyer un émissaire
dans les deux capitales, le cardinal Samoré. Benoît XVI a rendu un hommage appuyé
à son prédécesseur. « Le traité obtenu après cinq ans de tractations intenses, – a-t-il
relevé –, est un exemple parlant de la force de l’esprit humain et de la volonté de
paix contre la barbarie et le caractère irrationnel de la violence et de la guerre
pour résoudre les divergences ». Le Pape a voulu citer cette célèbre phrase de Pie
XII : « Rien n’est perdu avec la paix. Tout peut l’être avec la guerre ». Mais la
cause de la paix – a-t-il précisé – passe par la lutte contre la pauvreté, la corruption
et l’exploitation, par l’éducation pour tous, le renforcement de la démocratie, sans
oublier la défense de la vie et la protection de la famille. Les deux présidentes,
qui ont voulu cette célébration commune, ont d’abord été reçues séparément par Benoît
XVI, puis ensemble, accompagnées de leurs délégations. Le programme prévoyait ensuite
une visite au tombeau de Jean-Paul II dans la crypte de la basilique Saint-Pierre,
et une rencontre officielle avec le cardinal Bertone, Secrétaire d’État du Saint-Siège. Le
compte rendu de Xavier Sartre.