2009-10-20 17:09:38

Intervention de Mgr Fortunato BALDELLI, Archevêque titulaire de Bevagna, Pénitencier Majeur


S. Exc. Mgr Fortunato BALDELLI, Archevêque titulaire de Bevagna, Pénitencier Majeur (CITÉ DU VATICAN)
L'intervention a été remise par écrit, mais elle n’a pas été prononcée en Salle.

Je remercie Dieu pour l’expérience de l’Église que nous sommes en train de vivre ces jours-ci au Synode, convoqué de façon providentielle par le Saint-Père, en réponse à une demande de la part de l’épiscopat africain.
Dans l’assemblée synodale se reflètent les anxiétés et les espérances, les problèmes et les attentes des peuples de l’Afrique et, d’une certaine façon, des peuples de la Terre. C’est la première fois que j’ai l’honneur de participer à une rencontre ecclésiale de si grande haleine.
Même dans la grande diversité des situations et des contextes sociaux, politiques et économiques, l’Église de Dieu qui est en Afrique est en train de se montrer toujours plus consciente de son identité particulière et de sa vocation, dans ce moment historique délicat pour la planète. Comme le suggère le thème conducteur du Synode, l’Église africaine, dans ses articulations les plus variées, est en train de prendre parfaitement conscience de son rôle irremplaçable dans la promotion de la réconciliation, de la justice et de la paix. La difficile situation internationale, les difficultés internes du Continent, les conflits raciaux, religieux et politiques, les urgences sanitaires et alimentaires, dans leur situation tragique, interpellent l’Église en première personne et demandent aux chrétiens du courage et de l’engagement, un témoignage et un partage.
L’itinéraire de la réconciliation, de la justice et de la paix est long et délicat: il requiert de la patience, de la sagesse et de la clairvoyance, mais surtout il requiert que l’on se base sur la roche de la foi, que l’on mette les ailes de l’espérance et que l’on se laisse emporter par l’énergie secrète de la charité. La paix sera le fruit de la justice, et la justice s’accomplit en soutenant les raisons des derniers et des pauvres. Il n’y aura pas de réconciliation véritable et durable si les racines des conflits et des injustices, parfois vieilles de siècles, ne seront pas guéries, si les relations entre les groupes et les ethnies ne seront pas soignées, si les cœurs des personnes ne seront pas régénérés. L’Église en Afrique est appelée à manifester sa nature de communauté réconciliée et réconciliante pour “contribuer à panser les blessures des sociétés déchirées par des expériences de violences, de conflits et de guerres” (Instrumentum laboris n.86).
Dans l’Instrumentum laboris sont indiqués, de façon tout à fait opportune, les moyens surnaturels que le Seigneur offre à ses fils dans ce chemin fatiguant, mais exaltant: l’espérance vivifiante du Christ, la Parole de Dieu et les sacrements. Je voudrais souligner ce qui est écrit au n.86 sur le sacrement de la Réconciliation: “ Fidèle à son ministère de la réconciliation de l’homme avec Dieu et des hommes entre eux, l’Église assure à ses fils et filles le service du sacrement de pénitence, de réconciliation et de pardon. Par la pratique habituelle de ce sacrement, les chrétiens témoignent qu’ils apprennent à regarder en face leur vie pour confesser l’expérience de la miséricorde et de la bonté de Dieu face à leur misère, leur péché, leurs manques d’amour”.
Le devoir des Pasteurs est d’aider les fidèles à pénétrer et à vivre la réalité profonde du sacrement de la Réconciliation comme moment significatif de leur chemin de conversion et comme expression personnelle de la mission réconciliante de l’Église. L’œuvre de réconciliation passe toujours à travers le cœur de l’homme, de chaque homme, car la paix est un don de Dieu confié à la responsabilité des hommes et seule la grâce apaisante du Christ - à travers le ministère de l’Église - peut régénérer le cœur des fidèles et les rendre de nouvelles créatures, artisans de la paix, témoins de la justice. Les fidèles doivent être éduqués à regarder avec sincérité leur vie à la lumière de la vérité, à s’ouvrir avec confiance aux prêtres, à célébrer souvent le sacrement de la réconciliation, à porter les fruits de la conversion par leur vie réconciliée. Il sera également important de faire attention à ne pas semer le désordre au sein des consciences des fidèles avec des enseignements et des opinions divergentes, dans la théologie, la prédication, la catéchèse et la direction spirituelle, concernant des questions graves et délicates de la vie chrétienne.
Le soin de l’aspect célébratif, en donnant une importance adéquate à la Parole de Dieu proclamée et expliquée et en adaptant de façon opportune le rituel à la mentalité et à la culture des différentes populations africaines, contribuera à vivifier la pratique du sacrement et à empêcher qu’elle ne déchoie en un geste formel et coupé de la vie et de l’engagement quotidien du chrétien.
À ce propos, comme le suggère l’Instrumentum laboris, avoir des célébrations communautaires du sacrement de la Réconciliation, au cours de circonstances particulières, pourrait porter ses fruits du point de vue catéchétique et pastoral. La célébration communautaire de la Réconciliation, selon ce qui est écrit dans l’Exhortation post-synodale Reconciliatio et Pœnitentia, “précisément par son caractère communautaire et la façon dont elle se déroule, met en relief quelques aspects de grande importance: la Parole de Dieu, écoutée en commun, a un autre effet que la lecture faite individuellement, et elle souligne mieux le caractère ecclésial de la conversion et de la réconciliation” (Reconciliatio et Pœnitentia, n.32). La célébration communautaire du sacrement de la réconciliation, selon les normes établies par l’Église, doit pourtant trouver son sommet dans la confession et l’absolution individuelles des pénitents, et ne peut en aucune façon assombrir la célébration individuelle du sacrement comme moment de rencontre personnelle avec la grâce de la conversion. La réconciliation de chaque pénitent constitue, en effet, “ l’unique manière normale et ordinaire de célébrer ce sacrement” (ibid.).
Les prêtes, en particulier, devront être préparés depuis les premières années de leur formation à célébrer personnellement et fréquemment le sacrement de la réconciliation et ils devront être disponibles, malgré les nombreuses tâches pastorales, à accueillir les fidèles désireux de rencontrer sacramentellement la miséricorde de Dieu. Dans la formations des prêtres, tout comme dans celle des religieux et des religieuses, il faudra donc prêter un soin particulier à la transmission aux jeunes de la doctrine catholique concernant le sacrement de la pénitence, en montrant les racines bibliques et patristiques de cette dernière, et il faudra également veiller à ce que, dans les séminaires et dans les maisons de formation, des confesseurs prudents et emplis de ferveur soient disponibles.
Nous croyons que, afin d’aider l’Église d’Afrique dans les responsabilités qui l’attendent à l’avenir, il serait fortement utile de proposer à nouveau aux fidèles la saine doctrine catholique de la réconciliation comme un événement de grâce qui émane de la réconciliation avec Dieu, qui mène à la réconciliation avec soi-même, qui ouvre de nouveaux chemins de communion avec les frères et sœurs, quiconque soient-ils, et qui s’étend à embrasser toute la création avec une harmonie renouvelée.
 







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