2009-10-20 17:10:47

Intervention de Mgr Alfred Leonhard MALUMA, Évêque de Njombe (TANZANIE)


S. Exc. Mgr Alfred Leonhard MALUMA, Évêque de Njombe (TANZANIE)
L'intervention a été remise par écrit, mais elle n’a pas été prononcée en Salle.

Les efforts visant à créer une richesse qui réduise la pauvreté et la misère et améliore la vie des populations en Afrique représentent une partie et une parcelle de l’engagement encourageant visant à proclamer l’Évangile, prêt à apporter la réconciliation, la justice et la paix. Ceci implique la création et la gestion d’entreprises publiques et privées régies par des entrepreneurs qui soient soutenus par des valeurs éthiques adéquates. De tels efforts contribueront à transformer le monde, en améliorant les conditions de travail des plus faibles.
Alors que l’Église en Afrique s’est engagée de façon active dans la promotion de l’aide sanitaire et dans l’éducation, qui sont des parties intégrantes de sa mission évangélisatrice, peu de choses ont par contre été faites concernant une planification systématique en termes de renforcement de sa soutenabilité économique et financière. Par conséquent, un grand nombre de programmes pastoraux de l’Église africaine dépend encore beaucoup des donateurs. La continuité de cette tendance perpétue les risques de sacrifier l’autonomie et la propriété dans les programmes, les projets et les structures, au détriment de l’Église et de ses bénéficiaires (IL 23).
Parmi les conditions qui donnent de la crédibilité au témoignage de l’Église dans les domaines de la réconciliation, de la justice et de la paix, nous pouvons citer la fondation d’institutions et d’entreprises financières et économiques qui pourraient soutenir les activités pastorales de l’Église. Afin de revendiquer pleinement son rôle prophétique, le paiement d’un salaire juste pour les travailleurs doit être vu comme un synonyme de justice et de rectitude. C’est pour cette raison, que je demande à l’Église en Afrique de prendre au sérieux l’aspect de la viabilité financière. En accord avec la “Populorum Progressio”, qui encourage le développement intégral, l’Église doit être présente dans la lutte contre tous les types de pauvreté humaine.
Si l’Église ne se fait pas innovatrice dans les instruments et dans les moyens de renforcer les bases, les efforts visant à établir la réconciliation, la justice et la paix resteront insuffisants. En accord avec la Doctrine sociale de l’Église, l’Église en Afrique a besoin du courage qui lui donne la possibilité de créer les conditions sociales qui permettent aux populations de rejoindre la plénitude donnée par Dieu.
Selon la tradition de la Doctrine sociale de l’Église pour laquelle le bien commun est la somme de toutes les conditions sociales permettant aux populations, aussi bien en tant que groupes qu’en tant qu’individus, d’atteindre leur épanouissement plus pleinement et plus facilement pour obtenir la réconciliation, la justice et la paix, nous devons créer les justes conditions sociales pour les individus et pour les sociétés. Une base financière soutenable en Afrique ouvrira la voie à la réalisation humaine, non pas en termes de gains majeurs afin de satisfaire les désirs et les besoins, mais en termes de conduire une vie humaine qui soit plus pleine et plus significative, selon la mission de Jésus qui est venu afin que nous puissions avoir la vie et l’avoir surabondante (cf. Jn 10,10).
Je voudrais souligner les points suivants:
1. L’engagement des laïcs dans la planification, l’amélioration et la distribution des produits qui dérivent des entreprises économiques soutenables est crucial. Une véritable appartenance et le soutien de la famille de Dieu (l’Église) signifie aussi puiser dans la créativité des laïcs et leur offrir la possibilité d’assumer efficacement leur propre rôle aux différents niveaux des activités de l’Église en son sein, y compris l’aspect du bien-être matériel.
2. Vigilance: la soutenabilité économique doit rester un moyen pour une fin, un instrument au service de l’évangélisation. Jésus nous met en garde, parce qu’il est difficile pour un riche d’entrer dans le Royaume de Dieu (cf. Mc 10,23). En même temps, il faut abandonner la mentalité qui vise à rendre populaire cette pauvreté abjecte qui pourrait être une entrave à la vie éternelle. Nous devons éviter les deux extrêmes. Ici, les Écritures nous servent de guide: “Yahvé éloigne de moi fausseté et paroles mensongères, ne me donne ni pauvreté ni richesse, de crainte que je ne vole” (cf. Pr 30, 8-9). Les entreprises économiques doivent être conduites et modérées par des valeurs humaines et spirituelles qui aient une dimension pastorale.
3. Une soutenabilité véritable de nos entreprises économiques dépendra enfin de l’efficacité et de la bonne gouvernance selon la modalité du bon administrateur. En vérité, il faut que l’Église insiste sur la gestion professionnelle, mais le secret du succès réside dans le fait de mettre l’accent et de cultiver une spiritualité solide ainsi que d’authentiques valeurs humaines. La solution est de construire une soutenabilité qui soit fondée sur les solides bases de la foi.
4. Écoutons ce que le Saint-Père, le Pape Benoît XVI, nous a dit dans le n.36 de la “Caritas in veritate”.







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