2009-10-12 19:29:24

Intervention de Mme Marguerite BARANKITSE, Fondatrice de la Maison Shalom, Ruyigi (BURUNDI), Auditrice


Mme Marguerite BARANKITSE, Fondatrice de la Maison Shalom, Ruyigi (BURUNDI)

Il y a exactement 16 ans, le Burundi plongeait encore une fois dans une guerre civile qui a duré 12 ans.
Mon témoignage, que je vous livre ici, veut souligner combien ceux qui se disent chrétiens peuvent renier leur baptême quand il faut défendre leur appartenance ethnique.
C’était le 24 Octobre1993, nous étions réfugiés à l’évêché de Ruvigi, quand les assassins sont arrivés, comme ils étaient de mon ethnie je suis sortie la première pour les empêcher. Le premier assassin m’a répondu qu’il était avant tout Tutsi et qu’il devait venger ses frères et soeurs de sang. Je lui ai répondu que “Tutsi je ne l’ai pas choisi, mais mon baptême oui”.
Bien que chrétiens, ils n’ont pas eu honte de tuer devant moi. Aujourd’hui, sans demander pardon aux orphelins qu’ils ont laissés, ni à l’évêque (car ils ont brûlé son évêché), ils continuent à venir à la messe sans aucune honte au visage.
Nous avons appris à nous taire. Les pasteurs se taisent, les brebis se taisent et nous continuons nos célébrations dominicales comme des rites, mais non comme des communions fraternelles.
Ainsi, dans les régions où il y a la majorité de chrétiens, c’est là où nous trouvons beaucoup d’enfants de rue, enfants soldats, enfants “sorciers”, etc. Ne les laissons pas aux seules mains des Ong!
Oui, chers pasteurs, chers religieux et religieuses, les enfants n’ont que nous comme familles et d’ailleurs ils vous appellent “papa” et “maman”. Ayez l’audace de leur ouvrir les portes de vos évêchés, couvents, maisons, pour leur offrir l’identité, l’affection familiale.
Imitons cet évêque dans “Les misérables” de Victor Hugo qui ouvrit sa cathédrale la nuit pour y loger tous les pauvres. Oui, ayons l’audace de faire de notre Afrique un lieu où il fait bon “vivre”.







All the contents on this site are copyrighted ©.