2009-10-12 16:48:09

Intervention de Mgr Gianfranco RAVASI, Archevêque titulaire de Villamagna di Proconsolare, Président du Conseil Pontifical pour la Culture


S. Exc. Mgr Gianfranco RAVASI, Archevêque titulaire de Villamagna di Proconsolare, Président du Conseil Pontifical pour la Culture (CITÉ DU VATICAN)



Ma voix est celle d’un européen qui, avec admiration et respect, s’adresse à ses frères évêques africains pour leur proposer une intervention, très simple et générale, sur un thème qui s’est retrouvé dans de nombreuses pages de l’Instrumentum laboris et dans les interventions déjà entendues en salle. Même si la couleur noire est le symbole traditionnel du continent, l’Afrique se présente, en réalité, comme un arc-en-ciel chromatique, multiculturel et multireligieux. Seulement pour donner un exemple, l’UNESCO au Cameroun a recensé au moins 250 idiomes différents, tandis que les langues bantoues sont tellement idéologiquement sophistiquées qu’elles utilisent jusqu’à 24 classifications grammaticales des différentes qualités des diverses réalités.

Devant un tel écrin de trésors culturels et spirituels, fait de traditions populaires et familiales, de symboles et rites religieux, de savoir, mémoire, folklore, je voudrais faire seulement trois observations essentielles.

La première contient le souhait que le Synode stimule l’Afrique, sous de nombreuses formes, à conserver sa propre identité culturelle et spirituelle, en empêchant qu’elle se dissolve sous le vent de la sécularisation et de la mondialisation qui souffle avec force également sur les 53 nations africaines. L’Afrique doit, cependant, respirer aussi les valeurs positives de la moderne communion universelle et, par conséquent, doit savoir combattre le nationalisme, les intégralismes ethniques, les particolarismes tribaux et les fondamentalismes religieux.

La deuxième considération propose, au contraire, que le Synode puisse s’adresser également à l’Occident et au Nord du monde, pour que s’instaure ce dialogue que Mgr Monsegwo Pasinya a, dans sa relation, appelé d’une manière suggestive le partenariat, non seulement des matières premières, mais aussi des matières grises, c’est-à-dire des valeurs, créant des espaces de compréhension et de communion, et non pas de colonisation ou au contraire de rejet réciproque. C’est ce qui s’était passé durant les premiers siècles chrétiens, avec le don inestimable fait à l’Église et à la culture occidentale par Antoine, Pacôme, Tertullien, Cipryen, Clément d’Alexandrie, Origène, Athanase et le très grand Augustin.

La troisième réflexion voudrait proposer de nouveau l’approfondissement méthodologique et thématique de la question délicate, mais toujours nécessaire, de l’inculturation du message chrétien. L’inculturation - comme Jean-Paul II le suggérait aux évêques du Kenya en 1980 - “sera réellement un reflet de l’Incarnation du Verbe, lorsqu’une culture, transformée et régénérée par l’Évangile, produit à partir de sa propre tradition des expressions originales de vie, de célébration, de pensée chrétienne”. Dans cette ligne, une fonction significative pourrait être accomplie par le réseau des Centres culturels catholiques qui s’étend dans toute l’Afrique et qui présente des typologies très variées, parfois de niveau académique-universitaire, d’autres fois de nature populaire et paroissiale.








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