Après la pause, la parole a été donnée au cardinal
Peter Kodwo Appiah Turkson, archevêque de Cape Coast au Ghana et rapporteur général
du synode pour la réflexion avant la discussion qu’il a divisée en trois parties. Si
la première a été consacrée à une présentation de l’Afrique et de l’Eglise en Afrique
depuis la première assemblée synodale à celle-ci, dans la deuxième partie, il a expliqué
à travers les textes bibliques ce que veulent dire réconciliation, justice et paix
et enfin comment de témoins du Christ devenir sel de la terre et lumière du monde. Evoquant
les années 1990 où a été célébré le premier synode pour l’Afrique l’archevêque de
Cape Coast a affirmé que « la situation du continent était tout aussi largement ambivalente
que paradoxale et la rapide succession d’évènements, tels que la chute de l’apartheid
et la triste explosion du génocide rwandais, avaient bien caractérisé ce paradoxe ».
Dans le cadre de ce mélange paradoxal, au sein duquel le mal et la détresse semblaient
prévaloir sur le bien et la rectitude, la célébration du synode relança l’espérance
en Afrique et dans l’Eglise pour sa mission évangélisatrice, grâce au nouveau paradigme
qu’est l’Eglise famille de Dieu et un ensemble de priorités pastorales telles que
l’évangélisation comme Annonce, l’évangélisation comme inculturation, comme dialogue,
comme justice et paix et comme communication pour guider la réalisation de la mission
de l’Eglise en terre africaine. Cet élan né du premier synode continue au cœur
d’une Afrique en pleine mutation et « cette nouvelle réalité requiert une étude minutieuse
en vue d’efforts d’évangélisation renouvelées qui demandent une analyse plus approfondie
de thèmes spécifiques, importants pour le présent et l’avenir de l’Eglise catholique
sur le continent », a dit le card. Turkson. L’Eglise en Afrique doit être ancrée dans
le synode précédent pour regarder et analyser les défis actuels. Dans sa présentation,
l’archevêque de Cape Coast a illustré à travers des exemples concrets la croissance
exceptionnelle de l’Eglise en Afrique au cours de ces dernières décennies. Il s’agit
par exemple de la croissance visible des structures et des institutions ecclésiales,
la recherche de l’indépendance économique de la part des Eglises locales. Parmi
les défis, il y a la question de la fidélité et l’engagement de certains ecclésiastiques
et religieux à leur vocation, la nécessité d’évangéliser. Sur le plan social, il
existe des indices clairs d’une Afrique en marche et qui veut prendre son destin en
main. Mais malheureusement les conflits liés à la question des ethnies subsistent,
la migration, la dépendance des Etats africains de l’aide et des prêts même pour leur
budget national de fonctionnement et la trop grande dépendance des prix des matières
premières. Il a été question aussi de la perte de certaines valeurs africaines liées
à la famille et au mariage, le trafic de drogue et des armes, les questions environnementaux
et climatiques. Dans son rapport, le card. Turkson a souligné que même si le continent
et l’Eglise sur le continent africain ne sont pas encore sortis de leurs peines, ils
peuvent déjà se réjouir pudiquement de leurs réalisations et des performances positives,
et commencer à démentir les généralisations stéréotypées concernant les conflits,
la famine, la corruption et le mauvais gouvernement. Des quarante-huit pays
africains au sud du Sahara, seuls 4 sont en conflit : la Somalie, le Soudan, le Niger
et la République démocratique du Congo et deux sont en guerre du fait d’ingérences
étrangères : la RDC et le Soudan. Il y a moins de guerre en Afrique qu’en Asie a fait
noté le Card. Turkson. Il a déploré l’image que les médias donnent de l’Afrique
et a rappelé que l’Afrique est cependant le 2° marché émergeant après la Chine et
un continent d’opportunités. Dans la deuxième partie de sa présentation, l’Arch.
de Cap Coast a donc présenté à travers les textes bibliques les notions de justice,
réconciliation et paix avant de conclure en disant que « Jésus Christ, après s’être
révélé à travers les Écritures en tant que notre réconciliation, notre justice et
notre paix, appelle maintenant ses disciples en Afrique et ses îles, et les charge
de se déployer comme sel et lumière, afin de bâtir l’Église en Afrique comme une véritable
famille de Dieu, à travers les ministères de la réconciliation, de la justice et
de la paix, exercés dans l’amour, tout comme leur maître ». Un père synodal a fait
un bref commentaire sur la présentation du card. Turkson, avant la pause déjeuner.