Intervention de Mgr Martin MUNYANYI, Évêque de Gweru (ZIMBABWE)
S. Exc. Mgr Martin MUNYANYI, Évêque de Gweru (ZIMBABWE)
L’Église du
Zimbabwe apprécie énormément le fait que l’Instrumentum laboris s’occupe de problèmes
très inquiétants dans notre pays, tels que la pauvreté, la violence, le manque de
reconnaissance des femmes, des enfants et des groupes minoritaires, tout comme des
problèmes d’injustice au sein de l’Église, tels que les conditions de travail des
employés travaillant au sein de l’Église.
Le Zimbabwe a enduré des expériences
socio-politiques inhumaines – qui remontent aussi bien à la période pré-coloniale
et coloniale, qu’à l’époque post-coloniale – dont on doit s’occuper avec urgence.
Ce serait une erreur, parce que nous sommes en quête d’une réconciliation permanente,
que de simplement demander aux gens d’oublier le passé.
Il faut une réconciliation
aussi bien au niveau national qu’au niveau de l’Église, car nous voyons que la tension
couve au sein de certaines de nos paroisses en raison de différences ethniques et
linguistiques.
En Afrique, lorsque nous parlons de justice, nous nous référons
certainement aux parties concernées, y compris à leurs familles. Les communautés ont
besoin de s’asseoir ensemble et de discuter de leurs problèmes sous un “arbre à palabres”.
Et il faudrait réussir à établir une justice qui punisse et répare les torts subis
avant la mort de chaque partie. Les problèmes de justice au sein de l’Église sont
évidents et consistent à ne pas payer assez nos employés, à ne pas leur verser de
salaire juste, et dans le mauvais emploi des ressources de l’Église par les prêtres
au détriment des communautés. Les pratiques de certaines Églises tendent à avoir des
préjugés sur les enfants de sexe féminin. Par exemple, les filles sont punies quand
les garçons ne le sont pas.
En tant qu’Église locale, nous avons mis en place
des structures telles que la Commission Justice et Paix afin d’aborder les aspects
historiques négatifs de notre expérience.
Toute cette entreprise devrait avoir
un début, à savoir la famille, selon ce qu’a justement déclaré le Pape Benoît XVI:
“La famille est la première et irremplaçable éducatrice à la paix (...) parce qu’elle
permet de faire des expériences déterminantes de paix”.
Les paroles du Pape
Jean-Paul II devraient être également prises au sérieux lorsqu’il dit “Il n’y a pas
de paix sans justice, il n’y a pas de justice sans pardon”. Il s’agit là du royaume
de la justice préconisé dans l’Instrumentum laboris qui résume le message de réconciliation,
de justice et de paix de l’Évangile