2009-10-06 11:40:59

La clinique juridique de Kinshasa


Faire connaître ses droits à la population, l’aider à comprendre le langage et les outils juridiques à sa disposition, pour qu’elle s’en serve et réclame justice quand elle est victime. C’est l’ambition affichée à l’entrée de la clinique juridique, ouverte en 2003 à Ngaba, quartier populaire à la périphérie de Kinshasa, en République Démocratique du Congo. Anne-Marie Mukwayanzo Mpundu est membre de l’ONG Femmes Chrétiennes pour le Développement et la Démocratie, à l’origine du projet. RealAudioMP3

Propos recueillis par Lisa Azorin.


Retranscription

C’était un besoin, qui venait vraiment de la population elle-même. Maintenant, là où il y a eu des problèmes pour essayer de gagner la confiance des gens, c’est au niveau des viols. Parce que chez nous, en Afrique, il y a des problèmes liés à l’impunité sexuelle. Ce sont vraiment des problèmes tabous, qu’on n’expose pas vraiment sur la place publique. Ce qui fait que, même quand une fille se fait violer, que ce soit par des personnes extérieures ou même par des personnes internes à la famille – parce qu’il y a aussi beaucoup de cas de viols dont on a connaissance et qui sont commis dans la maison même – ces cas-là, souvent, on n’aime pas les dénoncer. On ne voudrait pas que la fille soit stigmatisée, alors on préfère le cacher et arranger cela dans le secret de la famille. C’est à ce niveau-là, pour faire sortir ces faits et commencer à habituer les gens à les dénoncer comme des méfaits que le processus a nécessité beaucoup de tactique, de méthode et d’animation, pour que les gens en comprennent le bien-fondé.

Est-ce que le recours à la justice est plus spontané ?

Ça dépend des cas. Si ce sont des cas tels que les gens qui se disputent pour de l’argent ou des terres, là ils vont facilement en justice parce qu’ils ont un intérêt direct. Ils veulent recouvrer leur argent, ils veulent recouvrer leur parcelle. Là les gens vont facilement en justice. Mais si ce sont des cas comme ceux que nous venons de citer, des cas de viols par exemple, ils ne trouvent pas cela grave. Ils ne perçoivent pas la gravité et l’ampleur du problème. Alors cela réduit cette spontanéité pour que les gens se présentent en justice. Et il y a aussi un problème d’argent. L’accès à la justice n’est pas donné à tout le monde, parce que si vous n’avez pas suffisamment de moyens pour pouvoir commencer un dossier et le poursuivre jusqu’au bout, vous n’arriverez à aucun résultat. Parfois aussi les gens sont découragés d’aller se présenter à la justice spontanément parce qu’ils se disent « je n’ai pas d’argent à perdre, je préfère arranger cela à l’amiable » ou « je préfère aller voir à l’église le pasteur pour qu’il nous aide ». Il y a donc les deux situations. Mais c’est plutôt notre justice qui n’est pas encore une justice objective ou fiable. Il y a encore beaucoup de lacunes au niveau de notre justice qui découragent les gens d’y avoir recours.








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