2009-10-06 18:28:09

Intervention de Mgr Maroun Elias LAHHAM, Évêque de Tunis (TUNISIE)


S. Exc. Mgr Maroun Elias LAHHAM, Évêque de Tunis (TUNISIE)

Mon intervention est au sujet des relations avec l'Islam en Afrique. Le premier point à noter est que l'Instrumentum laboris parle de l'Islam dans un seul paragraphe (102), en des termes génériques et qui touchent l'Islam en Afrique subsaharienne. Or, la très grande majorité des musulmans africains vit en Afrique du Nord, zone géographique totalement absente dans l’Instrumentum laboris. Un autre point est que près de 80% des 350 millions d'arabes musulmans vivent dans les pays de l'Afrique du nord.
Ceci pour dire que les rapports islamo chrétiens en Afrique du Nord sont différents de ceux de l'Europe et de l'Afrique subsaharienne, et même des pays arabes du Moyen Orient. Ce survol des Églises de l'Afrique du Nord lorsqu'on parle de l'Afrique, et surtout de l'Islam nous surprend; nous l'avons fait savoir aux instances compétentes.
La spécificité des relations islamo chrétiennes dans les Églises de l'Afrique du Nord peut enrichir les expériences de dialogue vécues ailleurs (en Europe ou en Afrique subsaharienne) et désamorcer les réactions de peur et de refus de l'Islam qu'on commence à ressentir dans certains pays. Nous savons tous que la peur est une mauvaise conseillère.
En quoi consiste la spécificité de l'expérience des Églises de l'Afrique du Nord?
C'est une Église de la rencontre. Même si elle n'a pas toute la liberté qu'elle souhaiterait, elle n'est pas persécutée.
C'est une Église qui vit dans des pays musulmans à presque 100%, et où l'écrasante majorité de ses fidèles est composée d'étrangers qui ne restent, pour la plupart, que quelques années.
- C'est une Église qui, depuis l'indépendance des pays de l'Afrique du Nord, s'est fortement engagée dans le service humain, social, culturel et éducatif des pays qui l'accueillent.
- C'est une Église qui jouit d'une marge assez large de liberté pour l'exercice du culte chrétien pour les milliers de ses fidèles, en Tunisie par exemple.
C'est une Église qui vit dans des pays musulmans où il y a un début de mouvement de pensée critique à l'égard d'un Islam rigoriste et fanatique. Il y a même une école “maghrébine” d'étude rationnelle des textes et des traditions musulmanes.
- La collaboration de l'Église est souvent sollicitée dans cette nouvelle manière de penser et de vivre l'Islam. Cette sollicitation est demandée à des prêtres ou des évêques qui ont passé plusieurs années dans les pays du Maghreb, et elle s'est accrue depuis la nomination d'évêques arabes dans certains sièges épiscopaux.
Deux propositions :
- Que le synode pour le Moyen Orient prévu pour octobre 2010 comprenne aussi les diocèses de l'Afrique du Nord, surtout en ce qui concerne les minorités chrétiennes et les rapports et le dialogue avec l'Islam.
- Un colloque sur l'Islam en Afrique et qui tienne compte de la variété des expériences africaines, allant de Tunis jusqu'à Johannesburg.
 







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