2009-09-24 17:04:07

Les “sentiers de la paix” au Rwanda


Dix ans ont passés depuis la fin du génocide au Rwanda. Pour autant, il n’est pas inutile de continuer à sensibiliser, les nouvelles générations en particulier, au danger des amalgames, préjugés ou de la discrimination. C’est le travail que mène l’association rwandaise Umuseke dans les centres scolaires depuis 2000, avec son « sentier de la paix ». Cette exposition itinérante invite les jeunes de 10 à 14 ans à réfléchir à l’attitude qu’ils adopteraient s’ils étaient confrontés aux situations qui leur sont proposées en images. Jacqueline Uwimana, coordinatrice de l’association Umuseke, nous présente ce sentier de la paix. RealAudioMP3

Propos recueillis par Lisa Azorin.

Retranscription de l’interview :

C’est un sentier au sens de voyager à travers ces images. Mais c’est aussi un sentier dans la tête, parce que ça déclenche tout un questionnement sur notre vie. Ça part de ce que nous voyons – illusion d’optique ; de ce que nous disons dans les généralisations, les préjugés, les suspicions ; de ce que nous faisons des autres ou ce qu’ils font de nous, comme les discriminations, le bouc émissaire, pour finalement arriver à nous dire : qu’est ce que je suis dans tout ça ? Qu’est ce que je peux faire ? Est-ce que je le fais ou je ne le fais pas ? Qu’est ce que j’y gagne et qu’est ce que j’y perds ? Avec des propositions d’où trouver des solutions, comme dans le droit, le respect des droits des autres, mais aussi la revendication de nos droits, dans la loi, les responsabilités que nous avons.

Comment ces enfants qui n’ont pas connu le génocide rwandais réagissent-ils ?

Cet outil n’est pas lié au génocide, parce que partout, même là où il n’y a pas eu de génocide, les thèmes sont tout à fait universels. On peut se tromper avec ses sens. On peut généraliser. On peut préjuger. On peut suspecter. On peut discriminer. Ce sont vraiment des thèmes d’actualité, partout et tout le temps, parce que c’est humain de généraliser. Mais avec les enfants, on leur apprend à analyser. Parce que tous ces conflits-là, tous ces thèmes-là, c’est vraiment la source de conflits qui peuvent dégénérer en violences, comme cela a été le cas chez nous.

Quel rôle l’Église peut-elle jouer en Afrique pour la paix et quel message souhaiteriez-vous adresser aux évêques ?

L’Église est importante parce qu’elle peut passer un message facilement à beaucoup de monde. Mais d’un autre côté, dans l’Église il y a la morale : « Aimez-vous les uns les autres ». Pour nous, la morale ne suffit pas. Il faut que les gens décident eux-mêmes, qu’ils choisissent : « voilà j’ai choisi de faire ça, je m’y engage ». Une fois, en posant la question aux enfants : « La paix, c’est quoi ? », un enfant a dit : « C’est l’Évangile en action. » Et je pense que ce que nous faisons ne se limite pas à dire « Aimez-vous les uns les autres », ou à dire aux gens « C’est bien d’être comme ça ou de faire ça ». Il faut vraiment qu’ils participent et qu’ils soient acteurs, dans l’engagement donc.








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