Dans deux jours Benoît XVI sera en République tchèque pour son treizième voyage apostolique,
un pays ou son prédécesseur Jean-Paul II s’était rendu à trois reprises durant son
pontificat : en 1990, 1995 et 1997. Lors de sa première visite, juste après la chute
du communisme, c’était un climat empli d’espoir de changements qui régnait dans le
pays. Le Pape avait alors lancé un appel en faveur d’un renouveau non seulement au
niveau politique et économique mais aussi spirituel. Vingt ans plus tard, on constate
que beaucoup reste à faire et en particulier en ce qui concerne le renouveau spirituel.
Quel est aujourd’hui le but de la visite de Benoît XVI dans ce pays au cœur de l’Europe.
Écoutez le cardinal Tomas Spidlik, jésuite tchèque, ancien collaborateur de la Curie
romaine. Il a enseigné à Rome la théologie spirituelle, et orientale et est l’auteur
de plusieurs ouvrages concernant la Spiritualité de l’Orient chrétien. Propos recueillis
Hélène Destombes.
Transcription de l’interview :
Jean-Paul II
est venu après la chute du communisme, c’est pourquoi il a choisi personnellement
de venir en Tchécoslovaquie parce qu’il a dit « une nouvelle Europe est naissante »
et la fin de la censure, la méthode, le contact entre l’Est et l’Ouest, c’est la chose
la plus importante pour l’Europe nouvelle. Et vingt ans après, le Pape vient à
Prague. Prague géométriquement est le centre de l’Europe mais historiquement les grands
mouvements, les guerres, tout cela a commencé et fini à Prague. Alors on se demande
maintenant comment réunir tous ces mouvements spirituellement. Comment les personnes
libres que nous sommes maintenant peuvent se réunir de manière à former une unité.
C’est le grand problème.
La République tchèque est le pays en Europe où
l’athéisme est le plus élevé. Quelle est la spiritualité aujourd’hui du peuple tchèque ?
Le
peuple tchèque est toujours un peu divisé parce que nous sommes d’origine slave et
l’éducation est toujours occidentale mais ils peuvent donner la manière comment on
peut arriver à réunir ces deux mentalités orientale et occidentale. Cyrille et Méthode
sont venus de l’Orient. Ils sont venus en Occident et ils ont compris qu’on ne doit
pas porter ni l’Orient ni les occidentaliser mais former la propre culture. Cyrille
et Méthode ont commencé à parler dans le langage du peuple, dans leur propre langage.