2009-09-23 15:26:42

Les paysans migrants du Cameroun


Garoua a beau être une des régions les plus pauvres du Cameroun, les paysans continuent à y affluer, à la recherche de terres. Ce mouvement a commencé à la fin des années soixante-dix, quand le gouvernement a mis en place une politique de migration des zones surpeuplées vers celles moins peuplées. D’abord organisé, ce flux de migration est devenu plus spontané quand les parents restés dans les régions d’origine ont voulu rejoindre leurs proches. Conséquences : problèmes d’accès à la terre, manque de structures sociales, intégration difficile en raison de conflits avec les populations déjà installées sur place. Depuis plusieurs années, le Codas-Caritas, Comité diocésain de développement des activités sociales-Caritas, accompagne l’intégration de ces paysans-migrants en leur apportant un soutien agricole avant tout, mais aussi social. Focus sur cette action que nous présente Germain Godwe, secrétaire général de la Codas-Caritas à Garoua. RealAudioMP3

Dossier préparé par Thomas Chabolle.


Transcription du dossier :

Ce n’est pas le tout de retrouver une terre pour subvenir à ses besoins. Encore faut-il avoir les moyens de la cultiver, sans l’épuiser. Sinon, il faudra repartir. Agriculture et migration : deux problématiques intrinsèquement liées, à l’origine d’un cercle vicieux pour les paysans migrants, comme l’explique Germain Godwe, secrétaire général de la Codas-Caritas à Garoua.

Le point commun c’est d’abord la sécurité alimentaire qui est un problème dans notre région. Or on ne peut pas parler de sécurité alimentaire tant que les gens n’ont pas accès aux facteurs de production. Parmi les facteurs de production, je crois que l’accès à la terre est un problème fondamental, comme l’accès aux intrants agricoles, donc il faut nécessairement que l’on facilite l’accès aux facteurs de production – les engrais, les semences de qualité etc.

Reste un problème de fond : celui de l’accès aux services sociaux, encore loin d’être acquis en milieu rural. En étant présent, à travers ses paroisses et ses structures d’accueil, au côté de ceux qui ont des difficultés, l’Église joue un rôle important en tant qu’entité neutre. Car c’est au même titre que les autres acteurs de développement de la région qu’elle contribue à apporter des solutions, sans faire de distinction.

L’Église regarde d’abord la condition de l’homme tout court. L’Église ne cherche pas à savoir si on est de tel ou tel bord politique, de telle ou telle confession religieuse. Elle essaie de voir la condition existentielle de l’homme et donc d’agir en conséquence.

L’Église et ses représentants continuent pourtant à susciter de fortes attentes, pas tant en matière d’actes que d’engagements.

Ce que moi j’attends d’eux, c’est qu’ils aient une position claire par rapport aux problèmes de développement au sens large du terme, parce qu’on a l’impression que l’on fait une agrégation à vue. Il n’y a pas de projection, il n’y a pas de politique, il n’y a pas de perspective à long terme. D’autres problèmes aussi ce sont ceux de corruption, de détournement de fonds publics, qui sont récurrents dans notre pays. Donc l’Église devrait quand même interpeler les pouvoirs publics par rapport à tous ces problèmes, prendre une position assez claire, aller un peu plus loin. Parce que l’Église reste quand même le pouvoir sur lequel la population compte.

Réunis en synode pour définir de nouvelles priorités pour le développement de l’Afrique, les évêques ne devraient pas manquer d’aborder la question fondamentale d’une agriculture durable. Une agriculture qui garantisse la sécurité alimentaire des populations, respecte l’environnement et mette ainsi un terme au phénomène de la migration paysanne.
 







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