Le synode spécial pour Le Moyen Orient, annoncé ce week-end par Benoît XVI, est déjà
en préparation. Les patriarches des Églises orientales ainsi que plusieurs cardinaux
se sont réunis à Rome ce lundi. Cette toute première assemblée synodale aura lieu
du 10 au 24 octobre 2010 à Rome et devrait voir la participation de juifs et de musulmans. Mgr
Sako, archevêque Chaldéen de Kirkouk a réagi à l’annonce de la tenue de ce synode,
pour l’évêque irakien, les Églises orientales ont avant tout besoin d’unité.
Propos recueillis
par Olivier Bonnel.
Transcription de l’interview :
Je crois la
première question à étudier profondément, c’est l’existence des chrétiens au Moyen-Orient.
Les Églises orientales doivent bouger et un peu les aider à analyser, penser, chercher
des solutions efficaces pour les défis, il y a beaucoup de défis en Orient : c’est
une question de vie ou de mort. Ou bien les chrétiens continuent à être, ou bien vraiment
ils vont partir et avec eux toute leur histoire, tout leur patrimoine chrétien, tous
leurs témoignages, c’est-à-dire que l’hémorragie de l’émigration, les réformes, la
réforme liturgique, les rapports avec l’islam, les rapports entre les Églises, l’unité
des chrétiens, les musulmans sont scandalisés de voir les chrétiens divisés. Ils doivent
s’unir et avoir un témoignage chrétien fort. Et aussi la dimension missionnaire, l’Église
est toujours envoyée et donc une Église un peu nationale enfermée sur elle-même, il
y a quelque chose qui manque.
Comment cette nouvelle de l’organisation du
synode a été reçue en Irak, là où vous êtes ?
C’est-à-dire les gens l’ont
appris hier pendant la messe dans les paroisses, la nouvelle a été un peu annoncée
et les gens pensent que ce synode va résoudre tous leurs problèmes, ils attendent
beaucoup de cela. J’espère bien... mais vous savez vraiment moi j’ai des doutes parce
que le Concile Vatican II a fait beaucoup et jusqu’à maintenant l’Orient n’a pas traduit
ce que le Concile a fait et plusieurs fois le Saint-Père a fait des appels à ces Églises-là
de revoir un peu leurs statuts, de revoir leur vie, faire des réformes liturgiques,
une réforme spirituelle, la formation, etc.... mais jusqu’à maintenant très peu a
été fait.
Une des idées aussi qui tient à cœur au Pape c’est la communion
ecclésiale, et justement entre les différentes Églises d’Orient on sait qu’elles sont
parfois divisées. Est-ce que selon vous ce synode est une occasion, un signe d’espérance
pour aller au-delà de ces divisions et parler d’une seule voix ou est-ce que la communion
ecclésiale est encore un long chemin ?
Pour ce qui concerne les Églises
apostoliques orientales, ce qui nous manque nous tous, c’est le courage, le courage,
parce qu’au niveau dogmatique, il n’y a plus de différences, de divisions. Il y a
eu des déclarations de foi donc, il n’y a plus de problèmes dogmatiques comme on pensait
auparavant, où tout était un peu formel, c’est le vocabulaire. Le problème c’est un
peu l’ecclésiologie... Les chrétiens doivent avoir le courage de s’unir, il faut sortir
du passé, s’unir c’est par exemple nous avec les assyriens, c’est la même liturgie,
la même spiritualité, la même histoire, le même peuple, mais il y a des hiérarchies,
c’est un scandale ! Pour les musulmans avec lesquels nous vivons, ils nous disent
tout le temps : « pourquoi vous êtes divisés ? Vous avez un message, le message chrétien,
c’est toujours pour l’amour, la paix, l’unité alors que vous êtes divisés. Comment
pouvez-vous nous expliquer cela ? ». Selon moi, il faut que les Églises orientales
bougent, forment des communautés dès maintenant pour bien préparer ce synode-là et
aussi trouver un moyen efficace pour traduire les décisions. Autrement les mettre
sur les rangs, les rayons, c’est fini.
Comment allez-vous préparer ce synode
en Irak, chez vous dans les mois qui viennent ?
Pour l’Irak, le mois prochain,
il y aura une réunion, on va parler pour former un comité de toutes les Églises catholiques
et aussi on va inviter les non-catholiques pour voir quels sont nos problèmes, quelle
vision et que faire pour en sortir.