Les évêques suisses s’opposent à l’interdiction des minarets
Les évêques suisses appellent leurs compatriotes à voter le 29 novembre prochain contre
l’interdiction de la construction de minarets que veut imposer la droite populiste.
Réunie de lundi à mercredi, la Conférence des évêques suisses, « dit non à l’initiative
contre la construction des minarets », a indiqué la Conférence des évêques dans un
communiqué qui relève que « les minarets, comme les clochers des églises, sont un
signe de la présence publique d’une religion ». Les évêques suisses soulignent que
« l’interdiction générale de construire des minarets fragiliserait les efforts nécessaires
pour établir une attitude d’accueil réciproque dans le dialogue et le respect mutuel ».
C’est l’Union démocratique du centre, un parti notoirement xénophobe, qui est à l’origine
de la consultation populaire. L’initiative a provoqué un tollé dans le monde politique
suisse, mais a toutefois été jugée juridiquement conforme par le Parlement. Claire
Malapert a joint le Père Walter Mulher, porte-parole des évêques suisses.
Transcription
de l’interview :
Il y a en tous cas un grand nombre de personnes qui souhaitent
voter « oui » selon nos observations parce qu’il y a certaines préoccupations, il
y a eu aussi une migration assez forte dans les dernières années, alors cela veut
dire une croissance considérable du nombre de musulmans ici en Suisse. Pour le moment
il y a pratiquement très peu de minarets qui sont déjà construits en Suisse mais évidemment
les communautés musulmanes se stabilisent, elles souhaitent avoir des installations
régulières pour exprimer leur foi.
Les évêques dans leur lettre demandent
que cette consultation populaire soit repoussée. Qu’est-ce que cela changerait. Pourquoi
?
Parce que cela serait un article d’exception qui concerne une seule religion
et les évêques sont convaincus qu’il faut éviter de mettre de tels articles dans la
Constitution de la Fédération suisse. Évidemment il y a d’abord la liberté de religion
qui est concernée parce que la liberté de religion n’est pas seulement une liberté
individuelle mais aussi une liberté qui touche les communautés et pour éviter que
la liberté de religion soit blessée, il faut vraiment éviter de mettre tels articles
dans la constitution.
Les évêques estiment que la peur est mauvaise conseillère
en la matière, vous ressentez vraiment cela que les gens ont peur de la communauté
musulmane ?
En tous cas, il ont peur des changements parce qu’il y a maintenant
une forte croissance de la population musulmane en Suisse. Actuellement on est dans
les environs de 10 % et ce changement est venu très vite et évidemment cela peut créer
des peurs. Il y a aussi beaucoup de lettres qui arrivent chez les évêques, de gens
qui protestent par exemple contre cette recommandation des évêques de dire « non »
à l’initiative. C’est difficile à réagir parce que la peur c’est un sentiment : les
arguments rationnels n’arrivent pas toujours à ces gens et, en effet, dans les paroisses,
dans le quotidien, de les rassurer, de les renforcer dans la foi catholique.