« La prévention du suicide dans les différentes cultures » : c’est le thème cette
année de la Journée mondiale qui est consacrée à cet important problème de santé publique
organisée par l’Organisation mondiale de la santé. Trois mille personnes en moyenne
se suicident chaque jour dans le monde et l’on compte vingt tentatives ou plus pour
un suicide. Les jeunes son parmi les groupes les plus exposés. Comment expliquer leur
passage à l’acte ? Nous avons posé la question à Jacques Arènes, psychologue et psychanalyste
chrétien. Des Propos recueillis
par Hélène Destombes.
Transcription de l’interview :
D’abord
il y a la pathologie, il y a des jeunes qui sont dans de graves difficultés psychiques
et évidemment la tentation de suicide est plus importante. Puis je crois qu’il y a
aussi effectivement ce que Durkheim appelait l’anomie, c’est-à-dire des difficultés
à retrouver des repères, de retrouver une guidance des réponses autour de soi quand
on est en recherche de sens, peut-être que dans nos sociétés un peu ou très civilisées,
si je puis dire, très éduquées, la question du sens est peut-être plus douloureuse
aujourd’hui. Il me semble que les gens qui ont des pulsions suicidaires, beaucoup
de jeunes en ont. Cela ne veut dire pas nécessairement qu’on passe à l’acte dans ce
cas-là. Parfois dans nos sociétés, on se retrouve bien seul quand on a une pulsion
suicidaire, c’est-à-dire qu’on est beaucoup renvoyé à sa propre liberté, à sa propre
décision, au moment même de l’acte et je crois qu’il y a peut-être moins de soutenance
et moins de guidance qu’auparavant. Donc les gens ont peut-être plus de mal à contrôler
ces pulsions. La liberté est très sacro-sainte à ce niveau-là.
Comment justement
prévenir ce passage à l’acte ?
D’une part je crois que c’est important
que les adultes disent aux jeunes que la vie est belle, ce n’est pas seulement dans
une attention vis-à-vis de la souffrance des jeunes, je crois que c’est très important
d’être attentif aux signes dépressifs en particulier, aux signes d’un jeune qui est
en retrait qui montre des signes de moins investir sa vie, sa vie aussi scolaire,
etc. Donc d’être attentif aussi à des signes qu’on ne peut pas voir directement, des
signes indirects de souffrance des jeunes mais cela je crois que les parents et éducateurs
peuvent être attentifs à cela. Et puis je crois que c’est aussi important d’être soi-même
dans cette espèce de désir de montrer que la vie vaut la peine d’être vécue. Ce n’est
pas seulement la méthode Coué, c’est aussi important je crois d’avoir des adultes
entraînants autour de soi quand on ne va pas très bien.