« Bienheureux ceux qui sont persécutés pour avoir fait la volonté de Dieu : car Dieu
leur donnera son règne ». C’est le thème de la 8e édition du rassemblement
des jeunes de la Méditerranée qui vient de s’achever à Lorette, en Italie. Venus d’Afrique
du Nord, du Moyen-Orient et de l’Europe, 130 jeunes ont débattu, témoigné et prié
pendant une semaine autour de se thème. L’objectif : partager son expérience de jeune
chrétien, mieux connaitre l’autre, ses rites, sa culture pour se débarrasser de ses
préjugés, bref créer des ponts entre les divers pays du pourtour méditerranéen. Le
père Claudio Monge, Supérieur de la communauté des dominicains d’Istanbul, intervenait
lors de cette rencontre sur la notion de persécution chez saint Paul. Il nous explique
en quoi ces rencontres entre jeunes de tous horizons sont essentielles. Des propos
recueillis par Claire Malapert.
Transcription
interview :
On dit, on croit beaucoup dans les jeunes générations mais
c’est quelque chose de très théorique. Là il y a quelque chose de concret. Je pense
qu’on donne confiance, on fait confiance à ces jeunes. On leur demande de se connaître,
de prendre le devant de la scène un petit peu. On leur vraiment demande d’ouvrir des
voies de partage, de rencontre, là où peut-être les anciennes générations ne sont
plus capables parce que crispées par des visions qui sont désormais historiques et
trop enracinées. Un des thèmes abordés, un des thèmes de travail
de cette rencontre, c’était la Méditerranée comme lieu de témoins et de martyrs. Pourquoi
spécialement la Méditerranée comme lieu de témoins et de martyrs justement ?
Depuis
toujours la Méditerranée c’est un carrefour extraordinaire de passage de grandes civilisations,
de rencontres de peuples. Aujourd’hui cette Méditerranée c’est une mer qui devient
très souvent une barrière infranchissable pour énormément de désespérés qui poussent
du Sud vers le Nord de l’Europe de plus en plus fermé. Il faut témoigner probablement
d’une façon autre de voir l’autre, de vivre aussi sa propre foi, non pas comme quelque
chose qui t’empêche de rencontrer l’autre mais comme quelque chose qui te porte à
la rencontre de l’autre.
Vous êtes intervenu sur la notion de persécution
et vous avez choisi comme figure saint Paul. Pourquoi ?
Parce que saint
Paul dans sa vie même c’est le témoin tout d’abord d’un Christ qui endure des souffrances.
Saint Paul à plusieurs reprises parle de son expérience personnelle comme d’une longue
et lente passion. Le but principal c’était de faire comprendre qu’au centre de la
vie d’un martyr c’est le témoignage et pas la mort. La mort cela peut être l'extrême
conséquence d’un témoignage.
Et qui sont les persécutés, selon vous, les
martyrs d’aujourd’hui ?
Aujourd’hui très très souvent, les martyrs sont
ceux qui, au nom, de leur foi, au nom de l’Évangile, luttent pour la justice, luttent
pour la dignité de l’homme, luttent pour des systèmes aussi de vie qui soient vraiment
au service de l’homme et pas contre l’homme. Donc c’est plutôt une manière implicite,
au nom de la foi, qu’on risque de mourir. Et là on a eu énormément de témoignages
de jeunes qui vivent aussi des situations parfois insoutenables.
Conclusion :
qu’est-ce que vous retiendrez de cette rencontre avec les jeunes ?
Une image
qui m’a plu beaucoup. Il y avait trois jeunes turcs avec des jeunes chypriotes et
des jeunes grecs qui se sont retrouvés et qui ont ensemble posé pour une photo sous
les 3 drapeaux et qui ont beaucoup partagé lors de ces journées. Il y a là quelque
chose de très symbolique, de très fort, et en souriant, ils disaient : « Peut-être
on est en train de faire l’histoire et on espère que nos pays suivront le plus tôt
possible ».