Le témoignage du vicaire apostolique de Tripoli sur la situation de l'Église en Libye
Le 1er septembre 1969, le jeune colonel Mouhammar Khadafi prenait le pouvoir en Libye
à la tête d’un groupe d’officiers. Quarante ans plus tard, la révolution libyenne
s'est achevée. Le pays a été transformé et a regagné une respectabilité. Si Khadafi
reste sans doute l’une des personnalités politiques les plus controversées sur la
scène internationale, il a incontestablement redonné une place à son pays dans le
concert des nations.
Et qu’en est-il de l’Église locale ? Mgr Giovanni Martinelli,
né en Libye, est vicaire apostolique de Tripoli. Il nous parle d’une Église largement
minoritaire dans ce pays musulman (il estime à plus de 50 000 le nombre de fidèles),
une Église au visage afro-asiatique avec une forte présence de philippins qui travaillent
dans les grandes compagnies, et d’africains en grande partie des clandestins.
Résumé
de l’interview : Pour lui, les autorités respectent les chrétiens dans leur
identité. Le peuple lybien est tolérant La présence de l’Église a d’ailleurs joué
un rôle important pour le dialogue entre chrétiens et musulmans. Le travail
du clergé est rendu difficile car il se déroule principalement dans le désert, dans
les hôpitaux, sur les routes. La présence de tous les immigrés provenant d’Afrique
noire est, dit-il, une tragédie, pour ces hommes qui cherchent la liberté et la paix. L’Église
catholique reste très prudente et regrette ce qui se passe « avec [ses] frères d’autres
dénominations ». Elle invite fortement ses fidèles au dialogue et à la compréhension. Pour
le vicaire apostolique de Tripoli, Mouhammar Khadafi essaie de créer des relations
avec tous les pays africains, les aident à grandir dans le dialogue et l’unité. Il
pense à l’Afrique concrètement. On peut ne pas être d’accord avec certaines de ses
actions, mais le fait d’inviter ces pays, de les rencontrer, est un aspect très positif,
et en ce sens est appréciable. La Libye est un pays à part, fort de son
identité bédouine. On n’y parle que l’arabe, et la nation libyenne est principalement
liée culturellement aux pays de langue arabe.