Les chrétiens pakistanais demandent l'abolition des lois anti-blasphème
L’horreur au Pakistan dans le village de Gojra, dans l'État du Punjab : huit chrétiens,
dont un bébé et quatre femmes ont été brûlés vifs samedi par des fondamentalistes
musulmans. C’est bien en tant que chrétiens que les membres de cette communauté ont
été attaqués. Un drame condamné par les autorités du pays. Les écoles et universités
chrétiennes ont fermé leurs portes, en signe de deuil, pour trois jours, en mémoire
des victimes de ces attaques au Pendjab. L’évêque de Karachi a annoncé que les chrétiens
allaient exprimer pacifiquement leur colère et leur inquiétude. Islamabad a annoncé
la mise en place d’une commission d’enquête spéciale. L’Italie a demandé l’intervention
de l’Union européenne. Retour sur ces événements avec Emmanuel Derville.
Le Pape a
évoqué ce drame dans son intention missionnaire du mois d’août. Il invite à prier
pour les chrétiens qui sont discriminés et persécutés à cause du nom du Christ, afin
que leur soit reconnus droits de l’homme, égalité et liberté religieuse. À la suite
de ces émeutes le cardinal-secrétaire d’État Tarcisio Bertone a également fait parvenir
lundi 3 août au nom de Benoît XVI, le télégramme de condoléances suivant à l’évêque
du diocèse de Faisalabad :
À Son Excellence Joseph Coutts Évêque
de Faisalabad
Le Saint-Père a été profondément attristé d’apprendre
la nouvelle de l’attaque privée de sens contre la communauté chrétienne de Gojra qui
a causé la mort tragique d’hommes, de femmes et d’enfants innocents, ainsi que de
grandes destructions. Il vous prie de transmettre ses sincères condoléances aux familles
des victimes et d’exprimer sa solidarité à tous ceux qui ont été touchés par cet acte
gratuit. Sa Sainteté vous charge par la même occasion d’ encourager vivement toute
la communauté diocésaine et tous les chrétiens du Pakistan à ne pas relâcher leurs
efforts pour la construction d’une société qui, avec une profonde confiance dans les
valeurs religieuses et humaines, soit fondée sur le respect mutuel entre tous ses
membres. Au nom de Dieu, il appelle chacun à renoncer à la violence, cause de trop
nombreuses souffrances, et à s’engager sur la voie de la paix. Aux familles et à tous
ceux qui pleurent leurs morts, dans la foi et l’espérance qui tire sa certitude de
la Résurrection, le Saint-Père donne sa Bénédiction apostolique, comme promesse de
consolation et de force dans le Seigneur.
Cardinal Tarcisio Bertone Secrétaire
d’État.
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Enfin, les chrétiens accusent les autorités locales
de négligence. Ils demandent au gouvernement pakistanais de leur garantir une meilleure
protection et de punir les auteurs de ces attaques. Profaner le Coran est passible
de la peine de mort au Pakistan, où l'islam est la religion dominante. Interrogé sur
notre antenne, le nonce apostolique au Pakistan a dénoncé les lois anti-blasphème.
Mgr Adolfo Yllana.
Au Pakistan,
« les attaques antichrétiennes sont préméditées. Mais on ne peut pas parler pour autant
de plan orchestré visant à éliminer les chrétiens ». C’est l’archevêque de Lahore
qui l’a affirmé, réagissant au nouveau pogrom antichrétien perpétré samedi dans la
petite ville de Gojra. L’Eglise catholique – a-t-il annoncé – entend réclamer l’abolition
de la loi anti-blasphème, instrumentalisée par des groupes qui veulent assujettir
la minorité chrétienne. A Genève, le Conseil œcuménique des Eglises a lancé, de son
coté, un appel au président pakistanais afin que l’Etat protège davantage les chrétiens.
Le pasteur Samuel Kobia, secrétaire général du COE, estime que les violences de
samedi auraient pu être évitées si la police et les forces de sécurité avaient pris
des mesures contre les groupes de militants islamistes qui ne cessent de menacer les
minorités chrétiennes.