Discours de Benoît XVI aux deux Grand-Rabbins de Jérusalem
Messieurs les Grands Rabbins, Chers Amis,
Je vous suis reconnaissant de
m’avoir invité à visiter Heichal Shlomo et à vous rencontrer durant mon voyage en
Terre Sainte en tant qu’Évêque de Rome. Je remercie le Rabbin Sépharade Shlomo Amar
et le Rabbin Ashkenaze Yona Metzger pour leurs paroles chaleureuses de bienvenue et
pour le désir qu’ils ont exprimé de continuer à renforcer les liens d’amitié que l’Église
catholique et le Grand Rabbinat se sont efforcés avec assiduité de forger au cours
des dernières décennies. Vos visites au Vatican en 2004 et 2005 sont un signe de la
bonne volonté qui caractérise le développement de nos relations.
Messieurs
les Rabbins, en retour, je vous exprime mes propres sentiments de respect et d’estime,
que j’étends à vos communautés, et je vous assure de mon désir d’approfondir la compréhension
mutuelle et la coopération entre le Saint-Siège, le Grand Rabbinat d’Israël et le
peuple juif à travers le monde.
C’est une source de grande satisfaction pour
moi, depuis le début de mon pontificat, de voir les fruits produits par le dialogue
en court entre la Délégation de la Commission du Saint-Siège pour les Relations religieuses
avec les Juifs et le Grand Rabbinat de la Délégation d’Israël pour les Relations avec
l’Église catholique. Je désire remercier les membres des deux délégations pour leur
dévouement et leur dur labeur en vue de concrétiser cette initiative, si ardemment
désirée par mon vénéré prédécesseur le Pape Jean-Paul II, comme il l’avait exprimé
durant le Grand jubilé de l’An 2000.
Notre rencontre, aujourd’hui, est une
occasion des plus appropriées de remercier le Tout-Puissant pour les nombreuses bénédictions
qui ont accompagnées le dialogue conduit par la Commission bilatérale, et pour envisager
avec confiance les prochaines sessions. La bonne volonté des délégués à discuter ouvertement
et patiemment non seulement sur les points de convergence, mais aussi de désaccord,
a déjà ouvert la voie à une collaboration plus effective dans la vie publique. Juifs
et Chrétiens sont concernés de la même manière pour assurer le respect de la nature
sacrée de la vie humaine, le caractère central de la famille, une éducation solide
des jeunes, et la liberté de religion et de conscience dans une société saine. Ces
thèmes de dialogue ne sont toutefois que les phases initiales de ce qui, nous le croyons,
sera un cheminement continu et progressif vers une compréhension mutuelle plus grande.
Une
indication du potentiel de ces rencontres peut être facilement aperçue à travers notre
commune préoccupation face au relativisme moral et aux violations qu’il engendre contre
la dignité de la personne humaine. En abordant les questions éthiques les plus urgentes
de notre époque, nos deux communautés sont confrontées au défi d’engager les hommes
de bonne volonté à se placer au niveau de la raison, tandis que simultanément, elles
doivent mettre en évidence les fondements religieux qui soutiennent le mieux les valeurs
morales ultimes. Puisse le dialogue qui a commencé, continuer à susciter des idées
sur la manière dont les Chrétiens et les Juifs peuvent travailler afin que grandisse
l’estime de la société envers la contribution remarquable de nos traditions religieuses
et éthiques. Ici, en Israël, étant donné que les Chrétiens ne constituent seulement
qu’une petite portion de la population totale, ils attachent une valeur particulière
aux occasions de dialogue avec leurs voisins juifs.
La confiance est sans aucun
doute un élément essentiel du dialogue véritable. Aujourd’hui, m’est offerte la possibilité
de répéter que l’Église catholique est engagée de façon irrévocable sur le chemin
choisi par le Concile Vatican II en faveur d’une réconciliation authentique et durable
entre les Chrétiens et les Juifs. Comme Nostra Aetate le dit clairement, l’Église
continue de valoriser le patrimoine commun aux Chrétiens et aux Juifs et désire une
compréhension mutuelle et un respect toujours plus profonds à travers les études bibliques
et théologiques comme à travers les dialogues fraternels. Puissent les sept rencontres
des Commissions bilatérales qui se sont déjà tenues entre le Saint-Siège et le Grand
Rabbinat en être une preuve ! Je vous suis donc reconnaissant de l’assurance que vous
avez manifestée que les relations entre le Saint-Siège et le Grand Rabbinat continueront,
à l’avenir, à croître dans le respect et la compréhension.
Chers amis, je vous
exprime à nouveau ma profonde appréciation pour l’accueil que vous m’avez réservé
aujourd’hui. Je suis sûr que notre amitié continuera d’être un exemple de confiance
dans le dialogue entre Juifs et Chrétiens à travers le monde. En regardant les réalisations
accomplies jusqu’à présent, et en tirant notre inspiration des Saintes Écritures,
nous pouvons regarder l’avenir avec confiance concernant la coopération toujours plus
ardente entre nos communautés – ainsi qu’avec toutes les personnes de bonne volonté
– afin de dénoncer la haine et les persécutions à travers le monde. Je prie pour que
Dieu, qui cherche nos cœurs et connaît nos pensées (Ps 139, 23), continue à nous éclairer
de sa sagesse, afin que nous puissions suivre ses commandements de l’aimer de tout
notre cœur, de toute notre âme et de toutes nos forces (cf. Dt 6, 5), et d’aimer notre
prochain comme nous-mêmes (Lv 19, 18). Je vous remercie.