Allocution du Pape Benoît XVI à l’occasion de la cérémonie de bienvenue en Israël
Monsieur le Président, Monsieur le Premier Ministre, Excellences, Mesdames
et Messieurs,
Merci de votre chaleureux accueil dans l’État d’Israël, sur cette
terre qui est tenue pour sainte par des millions de croyants à travers le monde. Je
suis reconnaissant au Président, Monsieur Shimon Peres, pour ses aimables paroles,
et j’apprécie l’opportunité qui m’a été offerte de venir en pèlerinage sur une terre
consacrée par les pas des patriarches et des prophètes, une terre que les chrétiens
ont en particulière vénération puisque c’est là que se déroulèrent la vie, la mort
et la résurrection de Jésus Christ. Je prends place dans une longue file de pèlerins
chrétiens venus dans ces lieux, un cortège qui remonte aux premiers siècles de l’histoire
de l’Église et qui, j’en suis sûr, se prolongera dans le futur. Je viens, comme tant
d’autres avant moi, pour prier sur ces lieux saints, pour prier spécialement pour
la paix – la paix ici en Terre Sainte, et la paix dans le monde.
Monsieur le
Président, le Saint-Siège et l’État d’Israël partagent de nombreuses valeurs, en particulier
la préoccupation de donner à la religion sa juste place dans la société. Le juste
ordonnancement des relations sociales présuppose et requiert le respect de la liberté
et de la dignité de chaque être humain, que les Chrétiens, les Musulmans et les Juifs
croient être créé par un Dieu aimant, à son image et à sa ressemblance. Quand la dimension
religieuse de la personne est niée ou marginalisée, le fondement même de la juste
compréhension des droits humains inaliénables est mis en péril.
Le peuple juif
a tragiquement fait l’expérience des terribles conséquences d’idéologies qui nient
la dignité fondamentale de toute personne humaine. Il est juste et opportun que, pendant
mon séjour en Israël, je puisse avoir la possibilité d’honorer la mémoire des six
millions de Juifs victimes de la Shoah, et de prier pour que l’humanité ne soit plus
jamais témoin d’un crime d’une telle ampleur. Malheureusement, l’antisémitisme continue
de relever la tête en beaucoup d’endroits de notre monde. Ceci est totalement inacceptable.
Tous les efforts doivent être faits pour combattre l’antisémitisme où qu’il se manifeste,
et pour promouvoir le respect et l’estime pour les personnes de toute race, peuple,
langue et nation dans le monde entier.
Durant mon séjour à Jérusalem, j’aurai
le plaisir de rencontrer de nombreux responsables religieux éminents de ce pays. Les
trois grandes religions monothéistes ont, entre autres, en commun une vénération particulière
pour cette cité sainte. C’est mon espérance la plus chère que tous les pèlerins qui
se rendent sur les lieux saints puissent y avoir accès librement et sans restriction,
qu’ils puissent prendre part aux célébrations religieuses et qu’ils puissent soutenir
le digne entretien des lieux de culte qui se trouvent sur les sites sacrés. Puissent
les termes de la prophétie d’Isaïe s’accomplir : de nombreuses nations afflueront
vers la montagne du Temple du Seigneur, pour qu’Il puisse leur enseigner ses chemins,
pour qu’elles puissent suivre ses sentiers – des sentiers de paix et de justice, des
sentiers qui conduisent à la réconciliation et à l’harmonie (cf. Is 2, 2-5).
Bien
que le nom de Jérusalem signifie « ville de la paix », il est trop évident que, depuis
des décennies, la paix a tragiquement fait défaut aux habitants de cette Terre Sainte.
Les yeux du monde sont tournés vers les peuples de cette région alors qu’ils s’efforcent
de trouver une solution juste et durable aux conflits qui ont causé tant de souffrances.
Les espoirs d’innombrables hommes, femmes et enfants de connaître un avenir plus stable
et plus sûr dépend de l’issue des négociations pour la paix entre Israéliens et Palestiniens.
Avec les hommes de bonne volonté, où qu’ils soient, je plaide pour qu’avec tous les
responsables soient explorées toutes les possibilités afin d’aboutir à une solution
juste aux difficultés persistantes, de telle sorte que les deux peuples puissent vivre
en paix dans leur propre pays, à l’intérieur de frontières sûres et internationalement
reconnues. À cet égard, j’espère et je prie pour qu’un climat de plus grande confiance
puisse bientôt être créé qui permettra aux parties d’accomplir de réels progrès sur
la route de la paix et de la stabilité.
J’adresse un salut particulier aux
Évêques catholiques et aux fidèles ici présents. Sur cette terre, où Pierre a reçu
la mission de faire paître le troupeau du Seigneur, je viens comme le successeur de
Pierre pour exercer mon ministère parmi vous. Ce sera une joie toute spéciale pour
moi de me joindre à vous pour les célébrations finales de l’Année de la Famille, qui
se dérouleront précisément à Nazareth, foyer de la Sainte Famille de Jésus, Marie
et Joseph. Comme je l’ai dit l’an dernier dans mon Message pour la Journée mondiale
de la Paix, la famille est « la première et irremplaçable éducatrice de la paix »
(n. 3) ; elle a donc un rôle vital à jouer dans la guérison des divisions qui blessent
la société humaine à tous les niveaux. Aux communautés chrétiennes de Terre Sainte,
je dis : par votre témoignage de foi en Celui qui a prêché la réconciliation et le
pardon, par votre engagement pour défendre le caractère sacré de toute vie humaine,
vous pouvez apporter une contribution significative à la cessation des hostilités
qui ont trop longtemps affligé cette terre. Je prie pour que votre présence continue
en Israël et sur les territoires palestiniens porte beaucoup de fruits pour que grandisse
la paix et le respect mutuel entre les peuples qui vivent sur les terres de la Bible.
Monsieur
le Président, mesdames et messieurs, je renouvelle mes remerciements pour votre accueil
et je vous assure de mes sentiments de bonne volonté. Puisse Dieu donner force à son
peuple ! Puisse Dieu bénir son peuple par la paix !