Journée mondiale des vocations: le Pape ordonnera 19 nouveaux prêtres
Ce dimanche, les catholiques du monde entier sont invités à prier pour les vocations.
C'est la 46° journée mondiale des vocations. A Rome, le Pape ordonnera 19 nouveaux
prêtres en la basilique Saint Pierre. Benoît aura à ses cotés 7 concélébrants dont
son vicaire pour Rome, le cardinal Vallini. Les futurs prêtres appartiennent tous
au diocèse de Rome mais 13 seulement sont italiens; les 6 autres proviennent de pays
lointains comme le Nigéria, Haïti, le Chili et la Corée du Sud ou plus proches comme
la Croatie et la République tchèque. Le plus jeune a 28 ans, le plus agé 51.
L'intention
de prière générale de Benoît XVI pour le mois de mai est: "Pour que les laïcs et les
communautés se fassent les promoteurs des vocations sacerdotales et religieuses
Lire
aussi ci-dessous le message du Pape pour la 46° journée mondiale des vocations
Vénérables
Frères dans l'Épiscopat et dans le Sacerdoce,
Chers frères et sœurs!
Pour
la prochaine Journée Mondiale de prière pour les vocations au sacerdoce et à la vie
consacrée, qui sera célébrée le 3 mai 2009, Quatrième Dimanche de Pâques, j'ai choisi
d'inviter tout le Peuple de Dieu à réfléchir sur le thème: la confiance en l'initiative
divine et la réponse humaine. L'exhortation de Jésus à ses disciples résonne sans
cesse dans l'Église: « Priez donc le Maître de la moisson, afin qu'il envoie des ouvriers
à sa moisson! » (Mt 9,38). Priez! L'appel pressant du Seigneur montre comment la prière
pour les vocations doit être incessante et confiante. C'est, de fait, seulement si
elle est animée par la prière que la communauté chrétienne peut effectivement « avoir
plus de foi et d'espérance en l'initiative divine » (Exhort. apost. post-synodale
Sacramentum Caritatis, n. 26).
La vocation au sacerdoce et à la vie consacrée
constitue un don divin spécial qui s'insère dans le vaste projet d'amour et de salut
que Dieu a sur chaque homme et sur l'humanité entière. Dans sa lettre aux Éphésiens,
l'apôtre Paul, dont nous faisons mémoire de façon spéciale pendant cette Année paulinienne
du bimillénaire de sa naissance, dit: « Dieu, le Père de notre Seigneur Jésus Christ,
qui nous a bénis par toutes sortes de bénédictions spirituelles, aux cieux, dans le
Christ, nous a élus en lui dès avant la création du monde pour être saints et immaculés
en sa présence, dans l'amour » (Ep 1,3-4).
Dans l'appel universel à la sainteté
se détache l'initiative spéciale de Dieu qui choisit certains afin qu'ils suivent
son Fils Jésus Christ de plus près et soient ses ministres et ses témoins privilégiés.
Le Divin Maître appela personnellement les Apôtres « pour qu'ils soient avec lui et
pour les envoyer prêcher avec le pouvoir de chasser les démons » (Mc 3,14-15); ceux-ci,
à leur tour, se sont associés d'autres disciples, fidèles collaborateurs dans le ministère
missionnaire. Et c'est ainsi que dans l'Église, au long des siècles, en répondant
à l'appel du Seigneur et en se montrant dociles à l'action de l'Esprit Saint, une
multitude de prêtres et de personnes consacrées se sont mises au service exclusif
de l'Évangile. Rendons grâce au Seigneur qui, encore aujourd'hui, continue d'embaucher
des ouvriers pour sa vigne. Il est vrai que dans telle ou telle région de la terre
on constate un manque préoccupant de prêtres et que des difficultés et des obstacles
se dressent sur le chemin de l'Église; cependant nous sommes soutenus par la ferme
certitude que le Seigneur guide l'Église avec sûreté sur les sentiers de l'histoire
vers l'accomplissement définitif du Royaume, lui qui choisit librement et invite à
sa suite des personnes de toute culture et de tout âge, selon les insondables desseins
de son amour miséricordieux.
Notre premier devoir est donc de maintenir vivante,
par une prière incessante, notre supplication pour que s'exerce cette initiative divine
dans les familles et les paroisses, dans les mouvements et les associations engagés
dans l'apostolat, dans les communautés religieuses et dans toutes les structures de
la vie diocésaine. Nous devons prier pour que le peuple chrétien tout entier grandisse
dans la confiance en Dieu, dans la certitude que le «maître de la moisson» ne cesse
pas de demander à certains de consacrer librement leur existence pour collaborer plus
étroitement avec lui à l'œuvre du salut. Et de la part de ceux qui sont appelés, il
faut une écoute attentive et un discernement prudent, une prompte et généreuse adhésion
au projet divin, un sérieux approfondissement de ce qui est le propre de la vocation
sacerdotale et religieuse afin d'y correspondre de façon responsable et convaincue.
Le Catéchisme de l'Église Catholique rappelle avec justesse que la libre initiative
de Dieu requiert la libre réponse de l'homme. Il s'agit d'une réponse positive qui
présuppose toujours l'acceptation du projet que Dieu a sur chacun et la coopération
à celui-ci; une réponse qui accueille l'initiative d'amour du Seigneur et devienne
pour qui est appelé une exigence morale qui engage, un hommage reconnaissant à Dieu
et une pleine coopération au plan qu'il poursuit dans l'histoire (cf. n. 2062).
En
contemplant le mystère eucharistique, qui exprime de la façon la plus haute le don
libre fait par le Père dans la Personne de son Fils Unique pour le salut des hommes,
et la disponibilité pleine et docile du Christ à boire jusqu'à la lie la «coupe» de
la volonté de Dieu (cf. Mt 26,39), nous comprenons mieux comment «la confiance dans
l'initiative divine» modèle et donne valeur à la «réponse humaine». Dans l'Eucharistie,
don parfait qui réalise le projet d'amour pour la rédemption du monde, Jésus s'immole
librement pour le salut de l'humanité. « L'Église - a écrit mon bien-aimé prédécesseur
Jean-Paul II - a reçu l'Eucharistie du Christ son Seigneur non comme un don, pour
précieux qu'il soit parmi bien d'autres, mais comme le don par excellence, car il
est le don de lui-même, de sa personne dans sa sainte humanité, et de son œuvre de
salut » (Encycl. Ecclesia De Eucharistia, n. 11).
Les prêtres sont destinés
à perpétuer ce mystère salvifique à travers les siècles jusqu'au retour glorieux du
Seigneur, et c'est précisément dans le Christ eucharistique qu'ils peuvent contempler
le modèle parfait d'un «dialogue vocationnel» entre la libre initiative du Père et
la réponse confiante du Christ. Dans la célébration eucharistique, c'est le Christ
qui agit en ceux qu'Il choisit comme ses ministres; il les soutient pour que leur
réponse se déploie en une attitude de confiance et de gratitude qui dissipe toute
peur, même quand devient plus forte l'expérience de la faiblesse personnelle (cf.
Rm 8,26-30) ou plus rude le contexte d'incompréhension, voire même de persécution.
La
conscience d'être sauvés par l'amour du Christ, que chaque Messe alimente chez les
croyants et spécialement chez les prêtres, ne peut pas ne pas susciter en eux un abandon
confiant dans le Christ qui a donné sa vie pour nous. Croire au Seigneur et accepter
son don conduit donc à s'abandonner à Lui avec un cœur reconnaissance, en adhérant
à son projet salvifique. Quand cela advient, volontiers l'«appelé» abandonne tout
et se met à l'école du divin Maître; un dialogue fécond s'instaure alors entre Dieu
et l'homme, une rencontre mystérieuse se réalise entre l'amour du Seigneur qui appelle
et la liberté de l'homme qui lui répond dans l'amour tandis que résonnent en lui les
paroles de Jésus: « Ce n'est pas vous qui m'avez choisi, mais moi qui vous ai choisis
et vous ai établis pour que vous alliez et portiez du fruit, et que votre fruit demeure
» (Jn 15,16).
Cet échange d'amour entre l'initiative divine et la réponse humaine
est également présent, d'une manière admirable, dans la vocation à la vie consacrée.
Le Concile Vatican II rappelle: « Les conseils évangéliques de la chasteté consacrée
à Dieu, de la pauvreté et de l'obéissance, fondés sur les paroles et les exemples
du Seigneur et recommandés par les Apôtres, les Pères, les docteurs et les pasteurs
de l'Église, sont un don divin que l'Église a reçu de son Seigneur et qu'elle conserve
toujours avec sa grâce » (Const. Lumen Gentium, n. 43). Là encore, Jésus est le modèle
exemplaire d'une pleine et confiante adhésion à la volonté du Père, que chaque personne
consacrée doit regarder. Attirés par lui, une multitude d'hommes et de femmes ont,
depuis les premiers siècles du christianisme, abandonné famille, propriétés, richesses
matérielles et tout ce qui est humainement désirable, pour suivre généreusement le
Christ et vivre sans compromis son Évangile devenu pour eux une école de sainteté
radicale. Aujourd'hui encore, beaucoup parcourent cet exigeant chemin de perfection
évangélique et réalisent leur vocation par la profession des conseils évangéliques.
Le témoignage de ces frères et de ces sœurs, dans les monastères de vie contemplative
comme dans les instituts et les congrégations de vie apostolique, rappelle au peuple
de Dieu « le mystère du Royaume de Dieu, qui agit déjà dans l'histoire, mais qui attend
de prendre sa pleine dimension dans les cieux » (Exhort. apost. post-synodale Vita
Consecrata, n. 1).
Qui peut se juger digne d'accéder au ministère sacerdotal?
Qui, en ne comptant que sur ses seules forces humaines, peut embrasser la vie consacrée?
Il est utile, une fois encore, de rappeler que la réponse de l'homme à l'appel divin
- quand on est conscient que c'est Dieu qui prend l'initiative et que c'est lui aussi
qui conduit le projet salvifique à son terme - ne ressemble jamais au calcul craintif
du serviteur paresseux qui, par peur, a enfoui dans la terre le talent qui lui a été
confié (cf. Mt 25, 14-30), mais s'exprime en une prompte adhésion à l'invitation du
Seigneur, comme le fit Pierre quand il n'hésita pas à jeter de nouveau les filets
en se fiant à sa parole, alors qu'il avait peiné toute la nuit sans rien prendre (cf.
Lc 5,5). Sans abdiquer en rien sa responsabilité personnelle, la libre réponse de
l'homme à Dieu devient ainsi «coresponsabilité», responsabilité dans et avec le Christ,
dans la puissance de l'action de son Esprit Saint; elle devient communion avec Celui
qui nous rend capables de porter beaucoup de fruit (cf. Jn 15,5).
Nous
trouvons une réponse humaine emblématique, une réponse de totale confiance en l'initiative
divine, dans l'«Amen» généreux et plénier que la Vierge de Nazareth a prononcé dans
une adhésion humble et décidée aux desseins du Très-Haut que l'envoyé céleste lui
a communiqués (cf. Lc 1,38). La promptitude de son «oui» lui permit de devenir la
Mère de Dieu, la Mère de notre Sauveur. Marie dut ensuite répéter tant d'autres fois
ce premier «fiat», jusqu'au moment culminant de la crucifixion de Jésus, alors qu'elle
«se tenait près de la croix», comme le note l'évangéliste Jean, participant à l'atroce
douleur de son Fils innocent. Et précisément sur la croix, Jésus mourant nous l'a
donnée comme Mère et nous a confiés à elle comme ses fils (cf. Jn 19,26-27), Mère
spécialement des prêtres et des personnes consacrées. Je voudrais lui confier ceux
qui entendent l'appel de Dieu à se mettre en marche sur la route du sacerdoce ministériel
ou de la vie consacrée.
Chers amis, ne vous découragez pas devant les difficultés
et les doutes; confiez-vous à Dieu et suivez fidèlement Jésus, et vous serez les témoins
de la joie qui jaillit de l'union intime avec lui. A l'imitation de la Vierge Marie,
que les génération proclament bienheureuse parce qu'elle a cru (cf. Lc 1,48), engagez-vous
avec toute votre énergie spirituelle pour réaliser le projet salvifique du Père céleste,
en cultivant comme elle, dans votre cœur, la capacité de vous émerveiller et d'adorer
Celui qui a le pouvoir de faire de «grandes choses» parce que Saint est son nom (cf.
ibid., 1,49).