Les Evêques d'Afrique centrale soutiennent les propos de Benoît XVI sur le Sida
Les Evêques de l’A.C.E.R.A.C., Association des conférences épiscopales de la région
de l'Afrique centrale, soutiennent dans un communiqué les propos du Pape Benoît XVI
et affirment que la continence sexuelle et la fidélité conjugale sont les meilleurs
antidotes face au Sida. Voici le texte intégral de leur déclaration :
Chers
Frères et Sœurs, Le Pape Benoît XVI, lors de la conférence de presse, dans l’avion
le conduisant en Afrique le 17 mars dernier, a déclaré exactement ce qui suit : « Je
pense que l’entité la plus efficace, la plus présente sur le front de la lutte contre
le sida est justement l’Eglise catholique, avec ses mouvements, avec ses réalités
diverses. Je pense à la Communauté de Sant’Egidio qui fait tellement, de manière visible
et aussi invisible, pour la lutte contre le sida, je pense aux Camilliens, à toutes
les sœurs qui sont au service des malades… Je dirais que l’on ne peut vaincre ce
problème du sida uniquement avec des slogans publicitaires. S’il n’y a pas l’âme,
si les Africains ne s’aident pas, on ne peut résoudre ce fléau en distribuant des
préservatifs : au contraire, cela risque d’augmenter le problème. On ne peut trouver
la solution que dans un double engagement : le premier, une humanisation de la sexualité,
c’est-à-dire un renouveau spirituel et humain qui implique une nouvelle façon de se
comporter l’un envers l’autre, et le second, une amitié vraie, surtout envers ceux
qui souffrent, la disponibilité à être avec des malades, au prix aussi de sacrifices
et renoncements personnels. Ce sont ces facteurs qui aident et qui portent des progrès
visibles. Autrement dit, notre double effort pour renouveler l’homme intérieurement,
donner une force spirituelle et humaine pour un comportement juste à l’égard de son
propre corps et de celui de l’autre, et notre capacité à souffrir, à rester présent
dans les situations d’épreuve avec les malades. Il me semble que c’est la réponse
juste, l’Eglise agit ainsi et offre par là même une contribution très grande et très
importante. Remercions tous ceux qui le font. ». Devant l’avalanche des critiques
excessives et réductionnistes au message papal, pourtant d’une limpidité évidente,
Nous, Evêques de l’ACERAC, venons réaffirmer l’enseignement de l’Eglise catholique
sur l’usage des préservatifs contre le Sida. Il sied de rappeler que notre Eglise,
telle que voulue par le Seigneur Jésus-Christ, dans sa mission évangélisatrice, a
pour devoir pastoral de promouvoir tout homme et tout l’homme, en tenant compte de
la contingence de la vie sur terre. L’agir de l’Eglise dans le monde est celui-là
même du Christ, le Verbe de Dieu fait chair. Cet agir, en effet, prône la solidarité,
la réconciliation, la paix et l’égalité ; il exalte le travail, le respect du bien
commun ; il éclaire les chrétiens et les hommes de bonne volonté pour un monde plus
juste. Par conséquent, le Successeur de Pierre ne peut passer pieds joints sur les
questions existentielles de l’homme, surtout quand il lui rend visite. En effet,
le Pasteur de l’Eglise universelle, en venant au Cameroun et en Angola, a visité l’homme
qui est en Afrique. Nous en sommes très fiers et nous l’en remercions de tout cœur.
C’est aussi une grâce que le Pape Benoît XVI soit venu jusqu’à nous, pour nous remettre
lui-même l’Instrumentum laboris qui sera la base de nos réflexions à la prochaine
Assemblée Spéciale du Synode des Evêques pour l’Afrique, en octobre 2009. Le message
d’espérance, à nous apporté par le Saint-Père, nous réconforte et fortifie notre foi
au Christ, dans notre continent où le taux de prévalence du Sida est très considérable.
Le monde compterait 33,2 millions de personnes infectées par le VIH SIDA et l’Afrique
Sub-Saharienne en compterait 22,5 millions, soient 70%. Les cas de décès dus au SIDA,
en 2007, seraient 2,1 millions dont 1,6 million en Afrique au Sud du Sahara , soient
75% malgré l’usage des préservatifs. C’est pourquoi les meilleurs antidotes contre
le SIDA demeurent, pour l’Eglise, la continence sexuelle et la fidélité conjugale.
Les moyens prophylactiques proposés par une certaine publicité ont tendance à banaliser
l’acte sexuel en séparant le plaisir de l’amour total de la personne. La chasteté
chrétienne vécue dans la continence ou la fidélité matrimoniale aide au contraire
les chrétiens à vivre leur amour en personnes responsables, capables de faire des
choix adultes au lieu d’être esclaves de plaisirs incontrôlés. La chasteté chrétienne
est une exigence éthique et une nécessité pour la protection et la survie de notre
peuple, particulièrement contre les maladies sexuellement transmissibles, contre le
SIDA. Toutefois, retenons que les malades du SIDA ne sont pas moins aimés de Dieu
que toutes les autres personnes non infectées par le SIDA. A ce titre, l’Eglise les
considère comme des personnes à aimer sans aucune discrimination.
A nos Frères
et Sœurs malades du SIDA, Nous, Vos Pasteurs, Vous redisons que l’Eglise catholique
ne vous rejette pas, ne vous méprise pas, ne vous abandonnera jamais. Elle est, avec
le monde scientifique et les hommes et femmes de bonne volonté, à vos côtés, pour
vous apporter l’aide à la mesure des connaissances scientifiques du moment. Que votre
maladie ne vous range pas parmi les parias de la société. Dans tous les cas, le Christ
qui a connu la Passion, sait vous être proche par ces nombreuses mains qui vous sont
tendues pour vous soulager de votre souffrance. Que l’amour du Seigneur soit sur
vous, comme notre espoir est en Lui.
JOYEUSES FÊTES PASCALES A TOUS ! Fait
à Brazzaville, le 14 avril 2009
Mgr Timothée MODIBO NZOCKENA Président de
l’ACERAC
Abbé Mesmin-Prosper MASSENGO Secrétaire Général de l’ACERAC